La scène d'exposition du mariage de Figaro de Beaumarchais

LA SCENE D’EXPOSITION

I/ UNE SCENE D’EXPOSITION QUI DELIVRE LES INFORMATIONS ESSENTIELLES

A/ LE LIEU : ESPACE, DECOR

-« une chambre à demi démeublée » : un lieu intime à moitié vide et en désordre=>le lieu nous place dans la sphère privée de la comédie, un cadre domestique propre au genre de la comédie , indique une action en cours (l’emménagement récent des deux serviteurs) et un lieu atypique (dépourvu de décor !) qui interpelle le spectateur

-« devant une glace » : mobilier féminin, accessoire de coquetterie d’une servante=> univers intime et personnel de la servante

-« dix neuf pieds sur vingt-six » : mesures chiffrées précises(6mx8m) correspond à un espace vaste, équivalent de la superficie de la scène => souci de réalisme

-« ce beau lit que Monseigneur nous donne » : « beau » =présent de valeur ; relative explicative = marque de la présence et de la puissance du maître désigné par un nom propre. Le lit indique qu’il s’agit d’une chambre nuptiale (jour des noces) et que le maître s’immisce dans l’intimité des futurs époux.

-« dans cette chambre ?/il nous la cède » : verbe indique un don du maître, mais confirme son ingérence  et sa possession des lieux.

•  « la chambre la plus commode du château, et qui tient le milieu des deux appartements » : un chambre confortable et agréable(superlatif « la plus commode »), placée entre le maître et la maîtresse (Figaro pense peut-être mériter cette récompense, en échange des services rendus dans le BDS)
• « en deux pas tu es chez elle » ; « crac, en trois sauts me voilà rendu » : les indices de lieu accompagnés des mouvements de Figaro décrivent et donnent à voir un lieu soumis aux désirs et volontés des maîtres : un lieu de dépendance et très proche des maîtres
• Réplique de Suzanne « Zeste, en deux pas, il est à ma porte, et crac, en trois sauts… » : Suzanne perçoit cette proximité comme un danger, et cette pièce comme un piège où le maître pourrait assouvir tous ses désirs

== » un lieu porteur de tensions et d’intérêts (autour action, mise en scène, réflexion)

-un lieu ambigu, déclencheur de dispute : don plaisant ou piège ?

-un lieu classique de comédie-un cadre domestique/ un lieu vaste et atypique (quasi vide, en cours d’installation)

- lieu intime et personnel des serviteurs/qui prive d’intimité et de liberté les serviteurs

B/ Action

-Le mariage de valets : habituellement, le mariage termine la pièce et n'est pas au centre de l'action. Ici la pièce commence sur le mariage, qui sera même le centre de l'action. De plus c'est le mariage des valets et non des maîtres comme dans les comédies classiques ;« chapeau de la mariée » ; « joli bouquet virginal » : périphrases décrivent la fonction et valeur symbolique du bouquet, destinée à une future mariée. Les serviteurs sont sur le point de se marier (indice de temps : « le matin des noces »)

-« mesure le plancher » ; « attache à sa tête » ; « que mesures-tu donc là mon fils ? » : verbes d’action=>des personnages affairés, occupés , une action déjà en cours, un début in medias res vivant. Des personnages occupés à préparer leur mariage, des serviteurs qui agissent pour eux, et non pour leurs maîtres.

La révélation d’un obstacle : le comte a des vues sur Suzanne ; « las de courtiser les beautés des environs, monsieur le comte Almaviva veut rentrer au château, mais non pas chez sa femme ; c’est sur la tienne, entends-tu, qu’il a jeté ses vues, auxquelles il espère que ce logement ne  nuira pas » : « las » : adjectif connote l’ennui et explique l’attitude et le projet du comte ; « courtiser » verbe de séduction, « les beautés des environs » pluriel , indiquent un comportement de libertin ; antithèse « chez sa femme »/  « sur la tienne » -présentatif et répétitions« c’est sur la tienne, entends-tu, qu’il a jeté ses vues » :  met en valeur l’objet des désirs et de la quête du Comte, qui devient un rival et un opposant pour Figaro (ou bien Figaro devient un rival du comte). Maîtres et valets deviennent rivaux.

-Cette quête bénéficie d’une aide : Bazile, « honnête agent de ses plaisirs ». La périphrase indique qu’il aide le comte dans ses projets avec ardeur et dévouement (« chaque jour ») C’est un entremetteur qui agit pour le comte

-« Apprends qu’il la destine à obtenir de moi, secrètement, certain quart d’heure, seul à seule, qu’un ancien droit du seigneur.. » : intrigue sentimentale se double d’une intrigue sociale. Le comte tente de monnayer auprès d’elle la dot offerte en mariage en réclamant en contrepartie la possibilité d’exercer «un droit de cuissage»

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