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La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France, Blaise Cendrars

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Par   •  12 Juin 2016  •  Commentaire de texte  •  2 038 Mots (9 Pages)  •  6 209 Vues

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La prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France, Blaise Cendrars

LA n°1 « En ce temps-là j’étais… »

Intro : XXème siècle => développement des moyens de transports / Transsibérien fini en 1916 – Plus de 9000 kms – une semaine pour faire tout l’itinéraire de Moscou à Vladivostok

Nouveaux horizons = nouvelles sources d’inspiration pour les poètes

La Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France : poème écrit en 1913 par Blaise Cendrars (pseudonyme tiré de braise et cendre, allusion au Phoenix / naissance en 1887- mort en 1961) et illustré par Sonia Delaunay (1885-1979). S. Delaunay décida de créer une œuvre répondant au poème => accordéon de 2 m de haut.   « Premier livre simultané » : 446 vers libres, sorte de voie ferrée colorée, voyage par l’évocation du voyage réel, par l’écriture et la peinture.

Cendrars est un poète du début du 20ème siècle. Un poète moderne, un poète voyageur qui a vécu avec une grande intensité et dont les textes reflètent toute l’énergie.

La Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France est un long poème écrit en vers libre qui date de 1913. Il y évoque un voyage en Transsibérien et des souvenirs de son adolescence au cours de laquelle il fut envoyé comme apprenti à Saint-Pétersbourg.

idée directrice

Citation et procédé

interprétation

Lyrisme et évocation de souvenirs réels ; l’auteur parle de ses sentiments, son poème évoque un voyage qu’il a réellement fait au cours de son adolescence

  • noms propres v4 « Moscou », « Kremlin »…+ indications chiffrées « 16.000… »
  • v. 34 → allusion à la révolu° russe = histoire réelle

  • référence à son passé : v2 « mon enfance », v.3 « j’avais à peine 16 ans »… + nombreux déterminants possessifs v8 « mes yeux », « mes mains » v18 + mise en valeur de la première personne du singulier, notamment dans les premiers vers, avec la reprise de « j’étais » (v. 1, 3-4) et « j’avais » (v. 2 et 5) + « je » se trouve en début de vers trois fois de suite, des vers 2 à 4
  • imparfait « j’avais », « j’étais »…
  • évocation de ses sentiments à l’adolescence : v7 « mon cœur brûlait », v.26 conditionnel passé « j’aurais voulu »
  • v19 « réminiscences » + anaphore/polysyndète « et »
  • métaphore filée (1) du feu : « mon adolescence était si ardente et si folle » (v. 6), « mon cœur (…) brûlait » (v. 7).
  • v.10 et 11 : « Et j’étais déjà si mauvais poète / Que je ne savais pas aller jusqu’au bout. »
  • « Un vieux moine me lisait la légende de Novgorode / J’avais soif / Et je déchiffrais des caractères cunéiformes » (v. 16-18)

Allusions réalistes = évocation de lieux réels et détails précis

La description de faits réels donne une impression de lire une autobiographie, ce qui nous permet de figer le souvenir dans une époque rendue lointaine par la formule initiale « En ce temps-là ».

Sentiments propres au poète, donne encore un effet autobiographique au texte

accumulat° et multitude de souvenirs, qui produisent l’effet d’un personnage qui a réellement vécu la scène

Cendrars fait son autoportrait : celui d’un poète précoce qui se présente sous un jour passionné

Cendrars semble modeste

Il se valorise à nouveau quand il met en avant son avidité de connaissances et sa culture

L’écriture cunéiforme étant réputée pour sa difficulté, l’auteur semble intellectuellement brillant, curieux.

Mais une réalité magnifiée par le souvenir. Evocation et métamorphose du réel : l’auteur transfigure la réalité et lui donne un autre aspect

  • « en ce temps-là »
  • Hyperbole et jeu sur les homonymes « lieues » et « lieu ». « à 16 000 lieues du lieu de ma naissance » (vers 3).
  • v.12 à 15 : comparaison surprenante du Kremlin (qui était la résidence des tsars)
  • expression V17 « pigeons du S-E » → « pigeons » = détail très réaliste, prosaïque, lié à une évocation du spirituel[pic 1]
  • images poétiques embellissent l’auteur : comparaisons de son cœur : « comme le Temple d’Ephèse ou comme la Place Rouge de Moscou ».
  • Comparaison yeux à des phares : « Et mes yeux éclairaient des voies anciennes » (v. 9).
  • métaphore filée pâtissière = description du Kremlin : « immense gâteau tartare », « grandes amandes », « or mielleux », et même un néologisme : « croustillé d’or ».
  • Comparaison mains/oiseaux : « Et mes mains s’envolaient aussi avec des bruissements d’albatros » (v. 20)

[pic 2]

Impression d’un temps mythique, non précisément déterminé. (C’est presque le « il était une fois » des contes)

Un lieu très éloigné dans l’espace = voyage qui le fait passer dans un autre espace-temps

Le poète voit la vie comme un jeu, regard d’enfant

image inhabituelle

Caractère monumental amplifient son exaltation personnelle

Cette image renvoie implicitement au thème du train évoqué dans le titre du poème, Blaise Cendrars personnifiant en quelque sorte la locomotive.

Caractère enfantin de l’auteur qui compare un siège politique à une pâtisserie. Les sucreries sont les douceurs de la jeunesse.

Mise en lien avec l’adolescence de Cendrars = aspect infantile, encore l’esprit d’un enfant.

Le poète crée une ambiance mystérieuse 

  • v7 « quand le soleil se couche » 

  • v10 et 23 « jusqu’au bout » : on ne sait pas jusqu’au bout de quoi ? + v19 et 20 répétition « dernier jour », « dernier voyage » : fait référence à la fin de quelque chose, de quoi exactement ?
  • v16 verbe « je déchiffrais » + « caractères cunéiformes »

 

  • évocation d’un temps et d’un espace lointains : v1 « en ce temps-là » et v3 « 16.000 lieues du lieu » + allusion à l’Antiquité v7 « temple d’Ephèse » + référence au conte « légende » v7 + « en ce temps-là » v.1

installation d’une ambiance propice au mystère => crée une ambiance énigmatique

Mystère, car questions auxquels on ne peut répondre. Attise la curiosité des lecteurs.

Ambiance de mystère

Impression d’une époque indéterminée

Adolescence = âge de la soif d’aventures, de découvertes…

  • v4 apposition « la ville des mille et trois clochers et des sept gares » → le poète en sait déjà beaucoup sur cette ville = curiosité + v16 « je déchiffrais... »  

  • v5 « je n’avais pas assez »
  • v7 « mon cœur brûlait » + métaphore v15 « j’avais soif » et v.24 « j’avais faim » : vers courts placés au milieu de vers plus longs, phrases courtes sans compléments
  • v26/30/31 répétition de conditionnel passé+v27 « et toutes »
  • v6 adjectif « ardente », « folle » + adv d’intensité « si »/ associée à l’adolescence
  • Très peu de ponctuation / Rythme effréné /liberté dans les vers/
  • Lorsqu’on lit ce poème on a l’impression que le poète prend plaisir à dire « je » à affirmer sa présence,

son identité, sa personnalité.

  • Nombreuses occurrences du pronom sujet « je » associé aux deux verbes essentiels qui disent le sentiment d’exister : être et avoir (« J’étais à Moscou », « j’avais soif », « j’avais faim »).

  • L’emploi du vers libre, l’absence de ponctuation et la longueur même du poème donnent
  • Il y a beaucoup de figures de répétitions : anaphores déjà citées, mais aussi refrains (les 4 derniers vers de notre passage reprennent les trois premiers avec quelques variations
  • Formules : « J’avais soif », « J’avais faim » (vers 17 et 26).

Curiosité intellectuelle

Il est insatiable

Soif de découvrir et ne peut pas s’arrêter d’enregistrer pour ne rien oublier

élan de découverte et de vie, rien n’est suffisant = élan, impossibilité à être rassasié

[pic 3]

pas de limites=adolescence

caractère passionné

Plaisir de l’adolescent à être autonome, libre.

Impression de paroles proférées à un rythme haletant

Musicalité mais aussi impression que le poète assène ce qu’il ressent, que ses paroles jaillissent comme une nécessité presque physique

Disent le désir très intense de Cendrars

Mises en valeur car elles constituent un vers à elles toute seule et qu’elles sont utilisées sans complément, de manière absolue (il ne dit pas de quoi il avait faim ou soif, suggérant ainsi qu’il a soif et faim de tout).

Exprime une violence intérieure

  • V26 verbes d’action évoquant la destruction + répétition de « toutes » v27/28/29  
  • V34 événements historiques évoqués
  • champs lexicaux violence « broyait »…et du feu « ardent », « brulait », « rouge »…

  • L’accumulation des images violentes du contexte politique (la révolution russe de 1905) : « c’était la guerre la faim le froid la peste et le choléra » = « Et j’aurais voulu broyer tous les os Et arracher toutes les langues ». Les vibrantes [r, l] miment cette agressivité intérieure.

Désir de tout détruire

Image concrète de la violence, à cet âge d’adolescence, l’auteur ne perçoit que ce qu’il peut voir ou subir.

Correspondance avec la violence intérieure du poète adolescent qui est aussi martelée

Une poésie moderne

  • Forme du poème = très peu de rimes et peu de ponctua°, vers libres

  • Répétition v9/22 « j’étais […] poète » ≠ « fort mauvais », « si mauvais »
  • V10/23 répétition « je ne savais pas » => définit la poésie comme quelque chose d’exigeant
  • V18 métaphore de l’albatros fait penser à Baudelaire
  • V8 « mes yeux éclairaient des voies anciennes »
  • Nombreuses répétitions (par ex. « et toutes ») donnent un rythme régulier + de temps en temps ruptures brutales (par ex. vers courts « j’avais faim » placés au milieu de vers plus longs)

Cendrars se désigne lui-même comme un poète, mais ne fait pas son propre éloge

interprétation possible : il n’arrive pas à exprimer ce qu’il a en lui ? il ne sait pas donner la forme qu’il souhaiterait à son écriture ?

Se place sous son patronage

formes traditionnelles de la poésie, qu’il cherche à renouveler par une écriture plus libres, ou cela peut signifier que le regard qu’il jette sur la réalité la transfigure

volonté de reproduire la musique de la réalité extérieure (ici la musique du train, qui peut avoir un rythme régulier ou des bruits plus brutaux)

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