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La Bruyère

Dissertation : La Bruyère. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  11 Juin 2022  •  Dissertation  •  2 534 Mots (11 Pages)  •  2 840 Vues

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DISSERTATION

SUJET : Dans sa préface des Caractères, La Bruyère écrit : « On ne doit parler, on ne doit écrire que pour l’instruction. ». Commentez cet extrait de la préface.

        C’est en 1688 que paraissent Les Caractères écrit par le précepteur du Duc de Bourbon, Jean de La Bruyère. Fraîchement accueillis par les modernes, l’oeuvre connaît un succès retentissant en France comme à l’étranger et permet à son auteur d’accéder à l’académie française en 1693. Divisés en plusieurs livres, eux-mêmes constitués de remarques, Les Caractères explore les mœurs et les vices à la cour du Roi de France mais aussi en ville dans tous les lieux où les aristocrates sont en représentation. Le moraliste dénonce la vanité humaine, la bêtise et surtout la primauté de la naissance sur le mérite. Nous discuterons alors de l’extrait de la préface des Caractères où La Bruyère écrit « On ne doit parler, on ne doit écrire que pour l’instruction. ». Certes, l’on doit parler et écrire afin d’enseigner et partager des connaissances mais nous verrons également que cela ne sert pas uniquement à instruire, l’écriture ou la parole peuvent également divertir et amuser un certain public.

        Tout d’abord, La Bruyère instruit son lecteur en dénonçant certaines mœurs de l’époque et en le mettant en garde sur celles-ci.

        Pour commencer, nous allons voir que l’auteur des Caractères donne un aperçu des phénomènes de l’époque qui est très enrichissant pour les lecteurs du 21e siècle. En effet, on retrouve par exemple dans le livre 6 « Des biens de fortune » une critique du début du capitalisme de l’époque. La remarque 83 illustre bien cela avec le personnage de Giton, un riche sans mérite, dont la vie n’est que loisir et paraître : La Bruyère critique en particulier le fait que posséder de l’argent à cette époque donne de la valeur aux paroles des riches et que ce mécanisme est accentué par l’admiration des aristocrates envers ces personnes. Ces éléments permettent au lecteur de notre époque de mieux comprendre la relation que la cour a avec l’argent et le paraître. De plus, dans le livre 10 « Du souverain ou de la république », La Bruyère  montre les travers de la monarchie sans pour autant les remettre en cause : la remarque 29 a pour but d’imaginer un gouvernement idéal, de mettre en garde le Roi sur certains excès de la monarchie, mais aussi de montrer que celui-ci est également esclave de certaines règles. On retrouve cela dans l’allégorie suivante : « Le troupeau est-il fait pour le berger, ou le berger pour le troupeau ? » . Cette citation permet de comprendre à la fois la complexité du gouvernement de l’époque et celle du travail du Roi. Enfin, La Bruyère critique dans le livre 7 « De la ville » la vie superficielle de la cour au 18e siècle. La remarque 12 illustre Narcisse, un honnête homme en apparence mais dont la vie n’a aucun sens ni aucun interêt : « Il fera demain ce qu’il fait aujourd’hui et ce qu’il fît hier ;(...) ». La remarque 4 parle également d’un travers de la cour qu’est les coteries : cette pratique ségrégationniste qui vise à exclure toute personne qui ne serait pas dans les critères de valeurs des membres du groupe est très répandue à la cour de Louis 14 et nous en dit beaucoup sur les mécanismes sociaux de l’époque.

        En plus de donner au lecteur de nombreuses informations sur les phénomènes de l’époque, La Bruyère instruit le lecteur en lui livrant une étude fine du caractère humain universel.

        En effet, sont représentés dans le recueil différents vices humains comme par exemple l’hypocrisie avec la remarque 50 du livre 9 « Des grands » : on y retrouve Pamphile, un faux honnête homme qui méprise les personnes ne venant pas de la même classe sociale que lui, la noblesse. Dans cet extrait, l’auteur n’évoque pas uniquement les comportements sociaux de son époque mais il met en lumière des traits de caractères universels, qui peuvent toucher tout le monde quelle que soit l’époque. A travers cela, il dénonce le sentiment de supériorité des classes sociales aisées, mais également le jeu d’hypocrisie dont certains font preuve en société mais qui est caractéristique de la nature humaine. De plus, La Bruyère dénonce la folie que peut engendrer la richesse à travers le personnage de Giton : il est représenté comme grossier, irrespectueux, égocentrique, méprisant et sans aucune bienséance, portrait bien illustré par le passage « Il parle avec confiance ; il fait répéter celui qui l’entretient, et il ne goûte que médiocrement tout ce qu’il lui dit. ». La façon dont l’argent peut changer les gens est un problème qui touche également notre société actuelle donc le lecteur est amené à réfléchir, à s’interroger grâce à ces remarques. Enfin, Arrias dans la remarque 9 du livre 5 « De la société et de la conversation » illustre parfaitement l’homme démesuré et menteur . Avec la première phrase « Arrias a tout lu, a tout vu, (...) », La Bruyère condamne ce défaut humain qui est de vouloir tout savoir, a contrario du philosophe Socrate qui dit : « tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien ».

        Finalement, La Bruyère ne se contente pas de nous apporter une réflexion sur le caractère humain, il dénonce également l’utilisation et l’influence de la parole sur les Hommes.

        Premièrement, dans la remarque8 du livre 5, l’auteur dénonce le fait que certaines personnes utilisent le savoir comme élément de domination, pour montrer qu’ils en savent plus que les autres et cacher les choses qu’ils ne savent pas. En effet, il pense que le langage à la cour devrait être un instrument de partage et non pas une façon de dominer et d’affirmer sa supériorité. On retrouve aussi cela avec le personnage de Giton dont tous les aristocrates croient ce qu’il déblatère uniquement car il a de l’argent alors qu’il n’a aucun mérite et peu de savoir. Deuxièmement, La Bruyère dénonce l’excès de l’usage de la parole : dans la remarque 26 du livre 5, il explique que les deux façons de faire mauvais usage de  cet instrument est de parler trop ou à l’inverse, de ne pas parler. On comprend également qu’il préfère les personnes qui ne parle pas plutôt que celles qui parlent trop. La remarque 18 rejoint également cette idée avec la citation « C’est une grande misère que de n’avoir pas assez d’esprit pour bien parler, ni assez de jugement pour se taire » qui montre bien l’avis de La Bruyère : il vaut mieux se taire que de dire des simplicités. Enfin, les aristocrates dans les coteries de la remarque 4 du livre 7 utilisent leur propre langage : l’auteur veut nous montrer encore une fois ce qu’est la mauvaise utilisation de la langue et comment elle peut être un élément de vanité et d’exclusion. A travers ces exemples, il amène le lecteur à réfléchir sur la parole et lui montrer qu’elle ne sert pas qu’à instruire.

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