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La Bruyère

Dissertation : La Bruyère. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  23 Décembre 2021  •  Dissertation  •  2 528 Mots (11 Pages)  •  5 355 Vues

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Sujet :

« Je tiens au monde pour ce qu’il est : un théâtre où chacun doit jouer son rôle », écrivait Shakespeare dans Le Marchand de Venise en 1957. Dans quelle mesure peut-on dire que Les Caractères de La Bruyère illustrent cette conception du monde dans ses évocations de la société du XVIIème siècle ?

Problématique :

Qu’emprunte La Bruyère au genre théâtral pour décrire la société de son temps ?

I – Une société passionnée de divertissement

        1) L’omniprésence du divertissement dans la société du XVIIème siècle

         La société du XVIIème siècle observée par la Bruyère est passionnée de divertissement et de spectacle. On se rend à une « fête ou à un spectacle » (V,14), on donne des « repas » (V,34). A la ville, plus précisément à Paris, on se promène aux « Tuileries », on se rend à la « comédie », à « l’Hôtel de ville », à « l’Opéra » (VII,13). Dans la remarque 74 du livre VIII, La Bruyère décrit les mœurs à la Cour : « les repas », « les viandes », « les amours », « le vin », les « artifices » de beauté, les perruques ; qui agrémentent la vie à la Cour. Les puissants construisent de « superbes édifices », déploient de « délicieux jardins », comme le montre La Bruyère à travers l’histoire de Zénobie (VI,78). Le divertissement passe aussi à travers les jeux, dont La Bruyère critique la pratique et l’aspect immoral : « mille gens se ruinent au jeu » (VI,75). L’auteur affirme également que c’est la politique des Républiques que de « laisser le peuple s’endormir dans les fêtes, dans les spectacles, dans le luxe, dans le faste, dans les plaisirs » (X,3).

(La conversation, telle qu’elle est décrite par l’auteur, semble être un moyen de se divertir.

Le propos échangé est souvent « vain et puéril », les discours « inutiles », mais il serait pire de se condamner à un « silence perpétuel » (V,5). Certaines personnes recherchent même une esthétique très raffinée dans la conversation. Ce sont les précieux, qui jouent avec la virtuosité de la langue lors des conversations mondaines. Il était en effet courant dans le haute société de se prêter à des jeux d’esprit et de développer l’art de la conversation. La Bruyère dresse le portrait de ces « diseurs de Phoebus » à travers la caricature d’Acis (V,7).

Le divertissement passe aussi à travers les jeux, dont La Bruyère critique la pratique et l’aspect immoral : « mille gens se ruinent au jeu » (VI,75).

La Bruyère cite une série de lieux dans lesquels on se rend pour voir et être vu. A la ville, plus précisément à Paris, on se promène aux « Tuileries », on se rend à la « comédie », à « l’Hôtel de ville », à « l’Opéra » (VII,13). Ces lieux de divertissement apparaissent comme une occasion de se faire remarquer.

L’auteur compare également la vie de la Cour à un « jeu sérieux », qui « applique ».(VIII,64) On doit parvenir à ses objectifs au milieu d’un monde où règne l’hypocrisie et le paraître. Il devient alors divertissant de se prêter à ce jeu. Dans la remarque 74 du livre VIII, La Bruyère décrit les mœurs à la Cour : « les repas », « les viandes », « les amours », « le vin », les « artifices » de beauté, les perruques ; qui agrémentent ce jeu à la Cour.

V,14,23,34

VI,71,72,73,74,75 – la critique des jeux

VI,78 – l’histoire de Zénobie ; « superbe édifice », « délicieux jardins »

VI,79

VII,3,4

VIII,63,82

X,3)

        2) La place du rire dans la société décrite

        La Bruyère donne une place importante au rire dans la société qu’il décrit. Selon lui, il est « délicat » de « badiner avec grâce » car il faut des « manières », de la « politesse » et même de la « fécondité ». Railler avec finesse est une grande qualité dont l’honnête homme doit être pourvu : « c’est créer que de railler ainsi, et faire quelque chose de rien » (V,4). Théodecte (V,12) est l’archétype contraire de l’honnête homme. Son rire est caractéristique de son comportement excessif et démesuré : « il rit, il crie, il éclate, on bouche ses oreilles, c’est un tonnerre ». Pour ce personnage, le rire est un moyen de se faire remarquer, de se mettre en avant et de camoufler les « vanités » qu’il prononce. A la cour aussi, les courtisans les plus flatteurs « rient » et « éclatent » (VIII,18). La moquerie est également abordée. Selon l’auteur, seuls les « sots » peuvent rire des « gens d’esprit » (V,56). Il affirme ainsi que « la moquerie est souvent indigence d’esprit » (V,57). Chez certains courtisans, « ne connaître point le nom et le visage d’un homme, est un titre pour en rire » (VIII,38). Le rire est donc partout, aussi bien à la Ville qu’à la Cour.

(VII,4                  V,55,56,57                       VI,10

VIII,18,38                                      IX,26,27)

        3) Le roi, un élément central de cette société du spectacle et du divertissement

        Les courtisans « font la foule au lever pour être vus du prince » (VIII,71), ils « s’empressent auprès de Grands » par « ambition » et « intérêt » (VIII,72). Dans la remarque 74 du livre VIII, La Bruyère décrit le fonctionnement de la vie à la Cour à travers le dispositif du regard étranger. Il montre que le peuple célèbre le roi avant Dieu. On se rend à la messe du roi non pas pour se consacrer à la religion mais pour voir et être vu du roi : « les Grands » sont « le dos tourné directement au prêtre et aux saints mystères, et les faces élevées vers leur roi ». Toute leur dévotion est pour le roi : « tout l’esprit et tout le cœur appliqué ». Le roi apparaît alors comme un intermédiaire entre Dieu et le peuple : « ce peuple paraît adorer le Prince, et le Prince adorer Dieu ». L’auteur affirme aussi que « le visage du Prince fait toute la félicité du courtisan » (VIII,75) et même qu’il remplit « la curiosité des peuples empressés de voir le Prince ». (X,35). Nous pouvons donc dire que le roi est un élément central de cette société du spectacle et du divertissement telle qu’elle est décrite par La Bruyère.

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