En quoi la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne illustre la lutte de De Gouge pour l’égalité des droits.
Dissertation : En quoi la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne illustre la lutte de De Gouge pour l’égalité des droits.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Costa Helena • 1 Juin 2022 • Dissertation • 1 847 Mots (8 Pages) • 6 107 Vues
En quoi la DDFC illustre-t-elle bien la lutte de De Gouge pour l’égalité des droits?
En 1791, les Lumières voient naitre de la main d’Olympe de Gouge, une auteur engagée qui milite pour l’égalité des sexes, la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne. Cette déclaration constitue un des premiers textes énonçant les principes d’égalité entre les hommes et les femmes et fait d’Olympe de Gouge une des figures précurseurs du féminisme. Dans l’article de l’Encyclopédie Universalis, les débuts littéraires de De Gouge sont associés au début de la Révolution. Selon cet article, De Gouge “se lance dans une lutte pour l’égalité des droits, où s’exprime pour la premiere fois sous sa plume, un magnifique talent de visionnaire”.
On pourrait donc se demander en quoi la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne illustre la lutte de De Gouge pour l’égalité des droits.
On abordera tout d’abord la lutte pour l’égalité des sexes à travers un pastiche de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, puis nous montrerons en quoi La Déclaration constitue un plaidoyer pour l’égalité des sexes s’adressant directement à la société et enfin nous verrons la défenses des droits de tous par des stratégies argumentaires variées.
I- Lutte pour l’égalité des sexes en pastichant et complétant la DDHC
1- La réécriture et féminisation de la DDHC
- La DDFC est remarquable pour son originalité de par l’effet produit par sa forme. Texte qui se veut fondamental, car prétend fixer, comme DDHC, des droits naturels, cad des droits que possèdent l’être humain du fait de sa simple appartenance à l’humanité. Reprend meme structure syntaxique que DDFC, préambule, 17 articles et postambule.
- La réécriture de la DDHC = argument d’autorité —> se réfère à un texte deja existant, reconnu et officiel.
- Olympe de Gouges ajoute une perspective de genre au texte révolutionnaire en utilisant 2 procédés :
- La feminisation, c'est-à-dire que la Déclaration des droits de la femme reprend son modèle et remplace “Homme” ou “Citoyen” par les termes “les femmes” ou “Citoyenne” afin de pointer du doigt une exclusion estimée comme injustifiée. Ex: “ La garantie des droits de la femme et de la Citoyenne” - Article 12
- Par ajout, Ex: “ Nul ne peut être puni qu’en vertu d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit et légalement appliquée aux femmes” - Article 8 ou Dans le préambule, là où le texte d’origine réclame « la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme », avec la majuscule qui généralise à « l’être humain », elle précise expressément « de la femme et de l’homme ».
- Les références à l'oppression politique sont détournées afin de dénoncer l'oppression masculine sur les femmes. Ex: Dans le préambule, au lieu des « Représentants du Peuple Français », l’énumération qui ouvre le « Préambule », détaillant « Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la Nation », traduit sa volonté de rappeler aux hommes la place si proche occupée par les femmes dans leur vie, donc les sentiments qu’ils devraient avoir envers elles
- ⚠ Pas que féminisation/réécriture au féminin. De Gouge fait d’autres changements afin de dénoncer l’inégalité des sexes et justifier ses revendications. Ex: “ Les loi de la nature et de la raison” remplace “La Loi” dans l’article 5. L’égalité homme/femme est inscrite dans la nature donc elle est inaliénable selon de Gouge, elle fonde ses revendication sur la raison et la nature où les sexes sont “confondus (…) (et) coopèrent avec un ensemble harmonieux à ce chef d'oeuvre immortel”.
- Olympe de Gouges montre par cette réécriture de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen que ce texte est incomplet relativement à l'égalité des droits entre les sexes.
- Réécriture = une révolution dans la révolution pour l'égalité entre les hommes et les femmes.
2- Droits spécifiques aux femmes / singularité de ce texte par rapport à la femme
- Les femmes sont, selon la distinction établie par Emmanuel-Joseph Sieyès des citoyennes « passives », qui ne disposent pas du droit de vote. De Gouge réaffirme dans cette déclaration l'égalité de droits entre les hommes et les femmes et précise les droits spécifiques aux femmes.
- Dans article 2, de Gouge précise qu’elle sont les droits naturels des femmes: “la liberté, la propriété, la sûreté et surtout la résistance à l’oppression”
- Droit a la propriété, liberté d’expression, droit de monter à la tribune…
Ex: “ Les propriété sont à tous les sexes, réunis ou séparés” -Article 17 Ici, en plus de la défense du droits à la propriété, elle introduit , non seulement le droit au divorce, encore interdit, mais même l’idée que celui-ci ne doit pas se faire au détriment financier de la femme.
“La libre communication des pensées (…) est un des droits les plus précieux de la femme” -Article 11
“La femme à le droit de monter à l’échafaud; elle doit avoir également celui de monter à la tribune” -Article 10
Réclame droits politiques, Ex: Dans l’article 16, qui formule l’importance de la constitution dans la DDHC, Olympe de Gouges répond par un rejet, très catégorique : « La constitution est nulle si la majorité des individus qui composent la Nation n’a pas coopéré à sa rédaction. » C'est son ultime réclamation en faveur de droits politiques.
- Simone de Beauvoir (Le deuxième sexe) & Gisele Halimi
II- Un plaidoyer pour l’égalité des sexes s’adressant directement à la société
1- Apostrophe les détenteurs du pouvoir
- Lettre dédicatoire à Marie-Antoinette: Dédicace étonnante car Marie Antoinette, a peu de pouvoir en France. Cette lettre, qui sollicite le soutien de Marie-Antoinette, occupe la place de la traditionnelle épître dédicatoire. Elle n'est pas le signe d'une grande admiration de la part d'Olympe de Gouges, au lieu de présenter ses respects à la dédicataire, l’auteur développe un argument politique à son intention. De Gouge lui demande d'employer ses talents à oeuvrer pour permettre au femmes d'avoir les mêmes droits que les hommes. Elle souhaite que la reine se range aux côtés des femmes en lutte : “Il n’appartient qu’à celle que le hasard a élevée à une place éminente, de donner du poids à l’essor des Droits de la Femme, et d’en accélérer les succès.” De Gouge lui demande de soutenir une “si belle cause” et de défendre “ce sexe malheureux” qu’est le sexe féminin.
- Législateurs français: Comme Victore Hugo dans son plaidoyer contre la peine de mort en 1848 devant l’Assemblé legislative, Olympe de Gouge s’adresse directement au détenteur du pouvoir : “Les mères, les filles, les soeurs, représentantes de la Nation, demandent d’être constituée en Assemblée nationale” — > s’adresse directement au détenteur du pouvoir.
- En septembre 1793, Madame de Gouges, incarcérée à l’Abbaye de Saint- Germain-des-Prés, réussit à rédiger et à faire diffuser une adresse Au Tribunal révolutionnaire où elle s’adresse directement aux détenteurs du pouvoir.
2- Adresses à Homme et Femme
- Le discours de l’écrivaine est marqué par l’indignation comme le montre la forme oratoire accusée de l’avant-propos.
- Olympe de Gouges apostrophe les hommes et leur reproche les injustices faites aux femmes. Ex: “ Homme est-tu capable d’être juste ?” “ Dis moi? Qui t’as donné le souverain empire d’opprimer mon sexe ?” Tutoie et s’adresse directement aux hommes —> argumentation direct et accusation. Le registre est ici clairement polémique : l’écrivaine entre en débat, en tant que femme, avec celui qui exerce un pouvoir injuste et met en cause les fondements de ce pouvoir.
- Les questions brutales posées aux hommes conduisent à une suite d’injonctions, qui introduisent l’argument principal: la création n’offre aucun exemple de cet « empire tyrannique » qu’exercent les hommes sur les femmes : « Partout tu les trouveras confondus, partout ils coopèrent avec un ensemble harmonieux à ce chef-d’œuvre immortel. »
- Dans postambule —> discours adressé aux femmes « Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l'univers ; reconnais tes droits ». Injonctions et impératifs montre qu’elle interpelle les femmes et tente de les mobilisé au combat pour l’égalité. Les femmes doivent reconnaître leurs droits. “ O femmes, femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles?” —> apostrophe aux femmes qui relève d’une tirade tragique aux accents raciniens pour rappeler que les femmes sont victimes d’une tragédie politique. Olympe de Gouges combat l'influence de l'église sur les femmes, reconnaît la nécessité d'une éducation nationale pour les hommes et les femmes, le droit au divorce et la reconnaissance de l'union libre.
- tutoiement & temps verbaux —> dimension polémique au texte
III- Défenses des droits de tous par des stratégies argumentaires variées
1- Défense esclaves et enfants illégitimes grace au pathétique
- Persuasion —> sentiments
- Réflexions sur les Hommes nègres (1788) —> émotion de petite fille devant la violence d’un racisme à l’égard d’une "négresse" sur le marché de Montauban, sa ville natale.
- Les esclaves comme les femmes sont soumis à la tyrannie de l’homme.
- Dernier chapitre de sa Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne de 1791, qu’elle consacre à cette préoccupation centrale dans sa pensée : le sort des esclaves. L’abolition de l’esclavage est, pour elle, le premier acte de libération nécessaire, qui conditionne l’avènement de tous les autres droits à la liberté et à l’égalité entre tous les êtres humains. Y compris les Droits de la Femme qui, dans sa pensée, en sont l’une des conséquences.
- Généralise à tout les opprimés, défense universelle
- Dans article 11, De Gouge défend le droit de révéler le nom du père meme hors mariage et défend les enfants illégitimes. Ex: “ Toute Citoyenne peut donc dire librement, je suis mère d’un enfant qui vous appartient”. Elle introduit une petite saynète que l’on relève grace à l’italique, afin d’appeler à l’emotion du lecteur.
2- Plaidoyer persuasif véhément la mise en application de l’héritage révolutionnaire
- La visée de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est singulière. Pour OdG, la Révolution ne saurait être complète si les hommes continuent à opprimer les femmes. Le texte de la DDHC prétend à l’universel mais, dans les faits, cette universalité est limitée. Cette déclaration emploie d’ailleurs « homme » pour « genre humain ». Il fallait donc réaffirmer les droits de la femme par une nouvelle déclaration. Elle écrit dans son préambule adressé à la reine :
“Cette révolution ne s’opérera que quand toutes les femmes seront pénétrées de leur déplorable sort, et des droits qu’elles ont perdus dans la société.”
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