Dissertation sur les Lettres persanes de Montesquieu
Dissertation : Dissertation sur les Lettres persanes de Montesquieu. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Toinou58 • 13 Janvier 2019 • Dissertation • 1 050 Mots (5 Pages) • 1 897 Vues
Dissertation de Français
En 1721, Montesquieu, alors étudiant en droit, publie anonymement les Lettres persanes. Ce roman épistolaire, à travers les personnages de Persans s’échangeant des lettres, apporte des critiques sur le fonctionnement sociologique, politique et religieux de la société de son époque. Plus tard, Montesquieu parlera de l’impact littéraire des Lettres persanes dans ses Pensées : « Mes Lettres persanes apprirent à faire des romans en lettres. ». Cette phrase semble décrire Montesquieu comme le précurseur d’un nouveau genre : le roman épistolaire. Cependant, Montesquieu joue sur les nuances du mot « apprirent », dont le sens est ici ambigu : s’agit-il d’une innovation complète du genre épistolaire ? A-t-il inventé le roman épistolaire ? Ou bien le terme « apprirent » sous-entend-il des changements apportés, qui auraient inspiré d’autres auteurs ? S’il s’agit de changements partiels d’un genre déjà existant, quels éléments renouvellent le genre ? Pour comprendre la phrase de Montesquieu, il va nous falloir plonger dans l’Histoire, et plus précisément dans l’histoire d’un genre ...
Tout d’abord, si nous prenons le mot apprendre au sens « inventer », « créer », nous pouvons nous demander si Montesquieu a inventé le genre épistolaire. La réponse à cette question est négative : en effet, on retrouve ce genre depuis l’Antiquité chez quelques auteurs latins comme Cicéron avec ses Lettres à Atticus, dans lesquelles il publie sa correspondance avec un ami, ou encore Sénèque dans Lettres à Lucilius, où sont rassemblées les lettres que ce dernier a écrites à un de ses élèves. Ovide quant à lui, dans ses Héroïdes, imagine vingt-et-une lettres élégiaques d’héroïnes mythologiques rédigées en vers. Au Moyen-Age encore, un auteur anonyme publie la correspondance des deux amants maudits Héloïse et Abélard. Ces exemples parmi d’autres montrent que Montesquieu n’a pas inventé le genre épistolaire puisque ce dernier existait déjà depuis l’Antiquité, et qu’il a été créé par les auteurs latins.
De plus, Montesquieu n’a pas même inventé le genre du roman épistolaire ; il n’a donc rien apporté sur le genre générique par la publication des Lettres persanes. Nous pouvons voir effectivement que peu avant l’œuvre de Montesquieu, sont parus d’autres ouvrages, qui font partie du genre du roman épistolaire. Par exemple, le livre de Boursault intitulé Lettres à Babet et paru en 1669 qui raconte les lettres d’une dame de qualité à son amant ; ou encore le roman en lettres de Guilleragues paru la même année, en 1669, dont le titre est Lettres de la religieuse portugaise, et qui rassemble les lettres fictives qu’une religieuse portugaise éplorée écrit à son amant qui l’a abandonnée. Ces quelques exemples nous prouvent donc bien que Montesquieu n’a pas inventé le genre du roman en lettres, et qu’il n’a rien inventé de nouveau sur le plan générique, puisque ce genre a été inventé quelques années avant la parution des Lettres persanes.
Regardons maintenant la citation de Montesquieu en accordant au mot « apprirent » le sens « innover », « apporter des changements », « inspirer d’autres auteurs ». Nous pouvons voir que la citation se révèle alors véridique ; en effet, comme nous pouvons le constater,
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