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Dissertation : Le romancier doit-il nécessairement faire de ses personnages des êtres extraordinaires ?

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Par   •  16 Octobre 2022  •  Dissertation  •  2 117 Mots (9 Pages)  •  520 Vues

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Sujet de dissertation : Le romancier doit-il nécessairement faire de ses personnages des êtres extraordinaires ?

Le roman trouve son origine dans le genre de l’épopée apparu en Grèce Antique. Il hérite en effet, dans un premier temps, des codes de ce dernier : un héros aux pouvoirs extraordinaires, c’est-à-dire hors du commun, se lance dans une quête au cours de laquelle il accomplit des exploits. Le roman de chevalerie, au Moyen-Âge, s’inspire de cette trame et fait aussi de ses personnages des êtres qui se distinguent du commun des mortels par leurs qualités physiques et morales. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, en plein épanouissement de la doctrine classique, alors que le roman est décrié au nom de la vraisemblance, Madame de Lafayette publie une nouvelle historique, La Princesse de Clèves, aujourd’hui considérée comme le premier roman psychologique. Prenant ses distances avec le roman baroque et ses intrigues invraisemblables, elle participe à anoblir le genre romanesque en imaginant un récit plausible ancré dans un réel proche de la société de son temps : celui de la cour d’Henri II. Néanmoins, en dépit de cette recherche de vraisemblance, elle ne sacrifie pas pour autant le caractère extraordinaire de ses personnages qui apparaissent eux aussi comme les dignes héritiers de l’épopée et du roman de chevalerie tant physiquement que moralement. Or cette fidélité à la tradition invite à questionner les caractéristiques du personnage romanesque. Les personnages « extraordinaires », c’est-à-dire « hors du commun », sont-il indispensables au roman ? Existe-t-il un modèle type de personnage romanesque qui, comme le sujet semble l’affirmer, serait nécessairement exceptionnels ?

Certes, un personnage extraordinaire présente de réels atouts que certains romanciers se sont plus particulièrement plus à exploiter aux XVIIe et XVIIIe siècle. Néanmoins, peindre des personnages ordinaires offre également un intérêt et l’histoire du roman a peu à peu pris le contrepied du héros épique. Quoiqu’il en soit, cette évolution montre avant tout qu’enfermer le romancier dans une alternative ne rend pas compte de la complexité du roman et de ses personnages.

I.

1.

Les atouts d’un personnage extraordinaire.

Etre un divertissement pour le lecteur

-
Exemple 1: Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves
- La beauté de la Princesse et du Duc de Nemours, leur rencontre inattendue, leur coup de foudre mais la scène dans

laquelle, de nuit, le Duc surmonte les obstacles pour pouvoir voir la Princesse, scène qui le rapproche des chevaliers des romans médiévaux sont autant d’éléments qui permettent au lecteur de rêver de part la dimension extraordinaire que les personnages leur confèrent.

2. Mettre en lumière les défauts de l’humanité et de la société qui l’entoure

- Un personnage extraordinaire permet de mieux faire ressortir les défauts d’une société que l’on voudrait critiquer. Exemple 1: Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves
- Le goût de la vertu de la Princesse accentue l’image péjorative qui est donnée de la cour représentée comme un

monde d’apparence et de galanterie.
Exemple 2 : Victor Hugo, Les Misérables, le personnage de Jean Valjean est un être exceptionnel qui évolue positivement au fil du roman parvenant à s’émanciper de sa condition de misérable grâce à ses qualités hors du commun (même physiquement, il est présenté au début de l’oeuvre comme un surhomme). Son portrait élogieux permet à Victor Hugo de mettre en lumière le déterminisme social à l’oeuvre dans la société qui est à la sienne. Son personnage contraste avec celui de Javert, par exemple, et tend à montrer comme, dans cette même société, il est presque impossible d’échapper à sa condition même si on le mérite.

3. Etre édifiant pour le lecteur.

- Un personnage extraordinaire est propice à l’admiration
Exemple 1 : La fin de La Princesse de Clèves. En renonçant à sa passion pour le Duc de Nemours, l’héroïne touche au sublime. Cette dimension sublime est encline à susciter l’admiration du lecteur.
- Ou anti-modèle
Exemple 2 : Un personnage de roman peut aussi être « extraordinairement » mauvais. C’est la cas des opposants dans les contes par exemple, sous-genre du roman. Des personnages tels que la sorcière dans la Belle au bois dormant de Charles Perrault invite le lecteur à rejeter les défauts de ces deux personnages, le narcissisme et la jalousie. Ils sont alors des anti-modèles.

Un personnage extraordinaire permet au lecteur d’échapper à la réalité, à sa réalité, et de rêver.

II. Un personnage ordinaire présente lui-aussi un intérêt.

1. Un personnage-miroir

— Il représente l’humanité moyenne et sert de miroir : le lecteur peut s’identifier facilement à lui ou voir en lui des comportements qu’il est amener à observer dans son propre entourage ou dans la société qu’il fréquente.
Exemple 1 : Les auteurs réalistes qui privilégient des « anti-héros ».
Maupassant,
Bel-Ami : le parfait arriviste, personnage type et intemporel, que l’on peut croiser fréquemment.

Exemple 2 : John Fante, Bandini, L’attrape-coeur de Salinger ou encore Bonjour Tristesse de Françoise Sagan... Ces trois romans sont des romans qui peuvent servir ici d’exemple. En effet, ils mettent en scène des adolescents, s’attachant à représenter cette période difficile, de transition, entre l’enfance et l’âge adulte. Les auteurs de ces romans mettent en lumière leurs qualités mais aussi leurs défauts et leurs fragilités. Certains traits de leur caractère sont universels et permettent au lecteur adolescent comme adulte de se retrouver dans ces personnages ((le lecteur adulte pourra se remémorer sa propre adolescence).

1. Un personnage ordinaire peut peut-être davantage toucher le lecteur.

- Parce qu’il peut davantage s’identifier à un personnage ordinaire ou reconnaître en lui des comportements qu’il connaît, le lecteur se sent également plus proche de ce dernier. Le romancier peut ainsi davantage le toucher puisqu’il va reconnaître dans le personnage une part de lui ou de son entourage. Le personnage ordinaire détient en effet une part d’universalité propice à susciter des émotions et plus particulièrement de l’empathie chez le lecteur.

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