Diderot, supplément au Voyage de Bougainville, Chapitre II, " Les adieux du vieillard"
Commentaire de texte : Diderot, supplément au Voyage de Bougainville, Chapitre II, " Les adieux du vieillard". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Trania • 21 Février 2020 • Commentaire de texte • 1 701 Mots (7 Pages) • 1 701 Vues
Commentaire de texte : Diderot, supplément au Voyage de Bougainville, Chapitre II, « Les adieux du vieillard ».
Annia DUNEUF-JARDIN 1 ère 08
Supplément de voyage de Bougainville, de Denis Diderot, fait référence au voyage de l’explorateur Bougainville en Océanie. En effet, ce texte se nommant les adieux du vieillard du XIIIe siècle s’appuie notamment sur le mouvent littéraire du siècle des lumières ce qui propose au lecteur de dépasser l’obscurantisme et de promouvoir les connaissances. Ce texte introduit les problèmes de colonisation au temps de ses exploration et compare également l’ingénuité des hommes sauvages à la civilisation des européens.
Dans cet extrait, Diderot met en scène un vieillard qui se présente comme étant indifférent au départ des colons. Lors de ce départ, celui-ci proclame un discours violent divisé en deux parties : une première où il s’adresse principalement aux Tahitiens puis dans la seconde, directement à Bougainville. A travers ce texte, Diderot énonce l’opposition entre deux nations, les qualités des Tahitiens devant les défauts de la culture européenne avec notamment le registre didactique informant son lecteur des manières e vivre des différents protagonistes mais également il fait l’usage du registre polémique afin d’attaquer directement et ouvertement les européens face à la colonisation. Diderot fait donc preuves de deux rhétorique, le judiciaire avec présence du passé qui consiste à accuser et défendre les différents sujets tout au long du texte vis-à-vis de son point. Ici avec l’accusation des européens vis-à-vis de la colonisation. Il use également de la rhétorique épidictique qui consiste à blâmer ou faire l’éloge d’un sujet ce qui y inclus la présence du présent.
Nous nous demanderons quels sont les enjeux du discours du vieux tahitien.
Afin de répondre à cela, nous verrons dans un premier temps une critique violente de la civilisation européenne. Puis dans un second temps, grâce au contraste donné par le point précédent, une vision utopique de la sauvage. Enfin, nous verrons également quelle est la stratégie argumentative mise en place par Diderot.
A travers ce texte, l’auteur fait l’étude de la critique de la civilisation européenne.L’auteur use donc du registre polémique afin d’exprimer une prise de position indignée qui attaque ouvertement les européens lors des périodes coloniales.
En effet, tout au long du texte, de manière explicite et parfois implicite l’auteur blâme les européens face à leurs actions comme la colonisation. En effet, le vieux tahitien critique vivement la colonisation de Tahiti. Il dénonce tout d’abord ce qu’est réellement la colonisation ; un vol établit par un rapport de force. On observe donc l’usage du champ lexical du pillage avec les termes « égorger »(l.4), « vils »(l.5), également par la métaphore « chefs des brigands »(l.9) mais aussi « le vol de toute une contrée »(l.25). De plus, l’omniprésence de déterminants et des pronoms possessifs démontre également le désir de possession des colonisateurs : « ce pays est à nous »(l.19), « du tien et du mien »(l.12-13), « nos filles et nos femmes »(l.13), « votre sang »(l.16), « dans notre terre le titre de notre futur esclavage »(l.17-18). Ce rapport de force ce traduit avec l’usage du champ lexical de la violence et de cruauté : « féroces »(l.15), « fureurs »(l.14), « méchants »(l.2), « égorgés »(l.15), « teintes de votre sang »(l.16), « vengé »(l.23), « vol »(l.25), « vils »(l.5). En effet, les colonisateurs ne cherchent qu’à réduire les tahitiens en esclavage, comme le souligne le polyptote : « esclavage »(l.16) et « esclaves »(l.17). Ainsi que le champ lexical de celui-ci : « enchaîner »(l.4), « assujettir »(l.4), « t’obéissent »(l.9). Au delà de la colonisation, c’est la civilisation européenne elle-même qui est visée par le vieux tahitien.
En dénonçant le comportement des colonisateurs, le vieillard dénonce en réalité les valeurs de la civilisation européenne : la propriété, la violence et le matérialisme. L’idée de propriété est au cœur de la civilisation européenne : « Tu nous a prêché je ne sais quelle distinction du tien et du mien » à l ligne 12. Cette idée s’applique non seulement au bien matériels et aux terres (« ce pays est à nous » l.19). Mais également aux êtres humains puisque les colonisateur s’approprient les femmes tahitiennes et réduisent les tahitiens en esclavage. Or ce rapport de possession engendre violence et jalousie : « tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues »(l.13-14), « elles sont devenues folles dans tes bras »(l.14). Elle crée également une compétition violente entre les hommes : « vous vous êtes égorgées pour elles »(l.15). Le vieillard dénonce notamment une société matérialiste mue par des « besoins superflus » on peut en déduire un oxymore puisqu’il s’agit d’un besoin qui est forcément nécessaire.
Cette vision négative de la civilisation européenne contraste avec la représentation utopique de la vie sauvage.
Nous allons maintenant voir que par contraste avec le point précédent, Diderot donne une vision utopique de la vie sauvage en usant également du registre didactique afin d’instruire son lecteur. Derrière la critique de la civilisation européenne transparaît l’éloge de la vie sauvage.
Les tahitiens sont en parfaite harmonie avec la nature, ce qui est marqué par la présence d’un champ lexical de la nature : « morceau de bois »(l.3), « rive »(l.10), « terre »(l.16), « côtes »(l.20), « pierres »(l.21), « l’écorce d’un de vos arbres »(l.21). Tout ce dont ont besoin les tahitiens, ils le trouvent dans la nature. Ainsi, de cette manière ils ne manquent de rien, ils prétendent suivre « le pur instinct de la nature »(l.11). Les tahitiens vivent selon une morale épicurienne qui consiste à borner ses ambitions ou ses désirs pour atteindre le bonheur dans une vie simple. On assiste également à un renversement de valeur puisque l’oisiveté - et non le travail - qui est présentée comme souhaitable par le vieux.
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