D'après votre propre expérience du théâtre et d'après ce que vous en avez étudié, estimez-vous que l'on apprécie davantage une pièce en la lisant ou en assistant à sa mise en scène au théâtre ?
Dissertation : D'après votre propre expérience du théâtre et d'après ce que vous en avez étudié, estimez-vous que l'on apprécie davantage une pièce en la lisant ou en assistant à sa mise en scène au théâtre ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Evax Tpx • 23 Mai 2018 • Dissertation • 1 191 Mots (5 Pages) • 781 Vues
Exemple de dissertation rédigée
Sujet : D'après votre propre expérience du théâtre et d'après ce que vous en avez étudié, estimez-vous que l'on apprécie davantage une pièce en la lisant ou en assistant à sa mise en scène au théâtre ?
Issu d'un rite religieux lié au culte de Dionysos, le théâtre a quitté la sphère sacrée à la chute des civilisations antiques. Mais il a toujours gardé une dimension rituelle pour les spectateurs qui se trouvent dans la salle face au spectacle qui leur est proposé. Au XIXe siècle, pourtant, Alfred de Musset décide de contourner les contraintes techniques et morales de la mise en scène en écrivant Spectacle dans un fauteuil, des pièces de théâtre consistant à être seulement lues et non représentées sur une scène. Cela nous amène à nous demander si on apprécie plus une pièce en la lisant ou en assistant à sa représentation. Nous verrons dans un premier temps que le face-à-face avec le texte permet de tisser avec l'œuvre un rapport intime et révélateur. Cependant, force est de constater que le sens d'une pièce peut être enrichi par le jeu des comédiens ou l'interprétation d'un metteur en scène, ce que nous développerons dans un deuxième temps.
Tout d’abord, accéder à une œuvre théâtrale par la lecture de son texte nous garantit de façon évidente la jouissance intime de son contenu et la liberté de son interprétation. En effet, le théâtre est avant tout un texte, une œuvre. Cette oeuvre écrite, qui nous est donnée à lire, peut avoir une dimension poétique, comme chez Racine, ou une dimension polémique, avec Bertolt Brecht ou Bernard-Marie Koltès. La lecture permet de s'approprier le texte. Livre en main, on peut en prendre possession par des relectures, des retours en arrière, des notes personnelles. Par exemple, dans la pièce de Bernard-Marie Koltès intitulée Dans la solitude des champs de coton, on trouve de longs monologues dépourvus de ponctuation. Ces passages peuvent paraître plus abordable à la lecture, mais surtout ils nous offrent une marge de liberté plus grande. On peut comprendre le texte différemment selon la manière dont on le lit, ce qui n’est pas le cas à partir du moment où un comédien interprète le texte et fait des choix.
La lecture permet aussi d'imaginer les personnages, les espaces dans lesquels ils évoluent, ainsi que l'intensité de leurs actions et réactions. Là encore, on peut concevoir ces éléments à partir de sa propre expérience, de ses propres désirs, donc de manière plus libre que face à un spectacle qui nous impose certains décors, costumes, comédiens… La lecture crée un espace imaginaire plus intéressant. Dans Roméo et Juliette de Shakespeare, on imagine les deux personnages à partir de nos propres désirs, sans leur attribuer forcément un visage précis, ni une voix précise.
Mais surtout, lire une pièce de théâtre, c'est avoir accès aux didascalies, dont on connaît l'importance dans le théâtre à partir du XIXe siècle. En effet, toutes ces indications scéniques nourrissent la lecture, apportent une dimension au texte dont le spectateur n’a pas toujours conscience lorsqu’il est face à la représentation. Dans les pièces de Samuel Beckett, notamment Fin de partie, on se rend compte à la lecture du texte que la didascalie « Silence » est extrêmement fréquent entre les répliques des personnages, voire au sein d’une même réplique. Même si la représentation tente de respecter ces silences, c’est lors de la lecture qu’ils sont les plus visibles, car ils sont littéralement écrits, sous nos yeux, et viennent sans cesse interrompre l’enchaînement des répliques. Mais ces incursions de l'auteur dans notre appréhension du texte se substituent-elles pleinement à la réalisation scénique de l'œuvre dramatique ? Dans ce cas, pourquoi Beckett lui-même a-t-il tenu à faire représenter ses textes sur une scène de théâtre ?
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