Comparer Meursault et Sisyphe

Comparer Meursault et Sisyphe

Meursault et Sisyphe, sont deux personnages qui appartiennent aux romans d’Albert Camus inscrits dans la lignée de l’absurde. En quoi ces deux personnages pourraient donc faire l’objet d’une comparaison fructueuse ?

Tout d’abord, on pourrait comparer les caractères contraires des deux protagonistes. En effet, Sisyphe est rusé et chacune de ses actions est pensée d’avance ; par exemple il demande à son épouse de ne pas lui rendre les honneurs funèbres à sa mort, avec en tête l’objectif de revenir sur terre. En prétextant que sa femme méritait d’être punie, il n’hésite pas à mentir dans son dos et salir sa réputation sans qu’elle le sache, et tout cela dans son intérêt personnel. Meursault lui n’agit jamais par la ruse et prend des décisions à la dernière minute ; on aurait pu croire que le meurtre qu’il a commis était un accident, tellement l’action était rapide et imprévisible. Meursault n’avait jamais mentionné vouloir tuer l’arabe, il a agi par impulsion et sans prendre le temps de soigner sa mise en scène. On ne sait s’il a conscience de l’ampleur de ses actes, par rapport à Sisyphe, qui nous donne l’image de quelqu’un clairvoyant, tout à fait lucide, alerte et à l’écoute. Meursault nous semble par comparaison, un peu perdu dans la vie et sans objectifs, ce qui se traduit dans son quotidien par une expression faciale froide et stoïque, et l’usage rare de la parole.

Puis, on pourrait essayer de trouver des éléments de rapprochement de deux personnages. Pour Meursault comme pour Sisyphe, la vie n’a pas de sens réel : Sisyphe est centré sur lui-même, seule sa propre personne et ses propres intérêts l’importent, pas même ses proches (il a une femme qu’il trompe et manipule), ni les dieux dont il doit le respect. Quant à Meursault, sa propre personne semble la dernière des choses qui l’importe et ne tient vraiment à personne, il est rattrapé par ses faibles « sentiments » pour Marie, ou par le vide du décès maternel, ou encore par son amitié pour Raymond. En outre, les deux personnages mettent en lumière l’absurdité de leur existence, et même s’ils ont des caractères opposés, ils dégagent la même impression d’absurdité.

De la même façon Meursault et Sisyphe ne se rendent pas compte de la conséquence de leurs actes. Sisyphe n’a peur de rien et ne reculerait devant ni le dieu de l’enfer, ni la Mort, ni personne pour parvenir à ses fins. Cela a la plupart du temps de terribles conséquences : foudroiement, condamnation à vivre au fond des Enfers, et finalement la peine maximale, pousser un rocher sur une pente inclinée indéfiniment. Meursault, n’a pas réfléchit à la conséquence du meurtre dont il était l’auteur et finit en prison. Il n’a également pas réfléchit à la manière dont Marie le percevait et pourquoi elle l’aimait encore après une réponse douteuse à sa demande en mariage.

Enfin, les deux hommes sont clairement en marge de la société. Meursault touche l’extrême imperturbabilité et Sisyphe. La société se questionne quant à leurs actions et leur façon d’être, et cherche à comprendre toute leur complexité.

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