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Commentaire de l'incipit de Bel Ami

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Par   •  17 Avril 2016  •  Commentaire de texte  •  956 Mots (4 Pages)  •  2 923 Vues

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commentaire de l’incipit de Bel-Ami

Quand Guy de Maupassant publie Bel-Ami en 1885, la société française est en pleine mutation : la population a rejoint les villes avec l’essor de l’industrie et les idéaux du premier XIXème siècle ont laissé place au constat amer d’une nouvelle réalité. Le mouvement réaliste, qui se développe à cette époque, met en scène la confrontation entre les rêves de l’ancien monde et les exigences du nouveau. Nous verrons en quoi l’incipit de Bel-Ami annonce déjà un roman réaliste en analysant d’abord la figure du héros avant de mettre au jour une société fondée sur les apparences.

L’incipit a pour fonction de présenter à la fois les données spatio-temporelles du roman et les différents protagonistes. L’extrait que nous étudions se concentre sur Georges Duroy, le héros et personnage éponyme de Bel-Ami. Il est en effet l’unique personnage – à l’exception de l’apparition tardive du valet à la fin de l’extrait – du passage : le lecteur suit sa montée des marches qui le séparent de l’appartement des Forestier (« Il montait » l. 1, « il se mit à monter », l.14…). Le narrateur choisit, de plus, une focalisation interne, c’est-à-dire qu’il permet au lecteur de suivre les pensées du protagoniste : « il demeura stupéfait » (l.3), « un élan de joie » (l.4), « il eut peur d’être surpris » (l.14), etc. Cela a pour effet non seulement de mieux connaître le personnage, mais aussi de créer un attachement dès les premières pages du roman à celui dont le lecteur va suivre l’évolution. Il le présente comme un jeune homme parti de rien : « n’ayant chez lui que son petit miroir à barbe » (l.6) indique un intérieur très modeste, « Il s’était pris pour un autre, pour un homme du monde » (l.8-9) prouve qu’il n’en est pas un. Mais c’est ce dénuement premier qui pousse le lecteur à attendre sa réussite : un monde de possibilités s’offre à lui, et parallèlement un horizon d’attente du lecteur. Cet attachement du lecteur est renforcé une naïveté touchante de Georges Duroy, auquel il peut s’identifier : il a le « cœur battant » (l.1), a peur du « ridicule » (l.1), répète, comme un enfant les gestes des adultes, les attitudes des hommes du monde (« pour se montrer galant », l.13). Le narrateur livre enfin un portrait flatteur du héros qui se décrit lui-même « fort bien, fort chic » (l.9). « Sa tournure » lui paraît « vraiment élégante » (l.16-17).

Cependant, une lecture plus approfondie de l’extrait livre déjà un portrait plus ambigu. Georges Duroy semble en proie à un caractère excessif qui le fait passer d’un extrême à l’autre : il est d’abord « harcelé par la crainte » (l.1) avant de passer à une « confiance immodérée » (l.17). La gradation de la ligne 18 montre cette confiance en lui excessive qui le fait « courir », « sauter », pour atteindre son but. Celle-ci révèle une tendance à la vanité puisque le protagoniste, sitôt rassuré sur son apparence, se met à s’admirer (« Certes il réussirait avec cette figure-là » l.17). Il s’agit pourtant d’un déguisement, d’un personnage entièrement inventé pour la circonstance puisque lui-même ne se reconnaît pas en se croisant dans le miroir (« il se jugea mieux qu’il n’aurait cru » l.4-5). L’homme qu’il admire

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