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Commentaire composé de Bel Ami de Maupassant

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Par   •  18 Septembre 2017  •  Commentaire de texte  •  1 597 Mots (7 Pages)  •  1 259 Vues

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I - PORTRAIT D’UN ARRIVISTE

Bel-Ami , un nouveau Rastignac

« il fallut, écrit Louis Forestier dans sa Préface au roman, trente ans à Jeanne pour toucher le fond de la désillusion, il n’en faut que trois à Georges pour atteindre le sommet de la réussite... » Cette différence de trajectoire et de tempo mire les intrigues et les héros des deux premiers romans de Maupassant, comme si nous étions passés du même coup d’un modèle flaubertien à-un modèle balzacien, donne la mesure du nouveau projet du romancier. Il en fera lui-même le résumé en se défendant des critiques soulevées par le « scandale » de la parution de son ouvrage « J’ai voulu simplement raconter la vie d’un aventurier pareil à tous ceux que nous coudoyons chaque jour dans Paris... »

Affamé d’argent », mais surtout de pouvoir et de réussite sociale, Georges Du roy apparaît bien comme le lointain cousin du Rastignac de La Comédie humaine, mélange d’ambition et de cynisme de séduction et d’intelligence manipulatrice, transporté au fil du récit jusqu’ à l’apothéose narcissique : « il ne voyait personne, il ne pensait qu’à lui. »

Des chiffres et des lettres...

Deux éléments concrets illustrent l’irrésistible ascension du personnage. Les chiffres d’abord : si le roman s’ouvre par une longue scène (voir lecture méthodique de Bel-Ami) OÙ Duroy rumine son infortune qui le laisse sur le pavé de Paris avec seulement « trois francs quarante » en poche; nous le quitterons avec l’évocation par Maupassant des 500 000 francs d’héritage et des 70 000 francs de gains en bourse qu’ il a accumulés pour se lancer à la conquête d’autres bonnes fortunes dans le monde de la politique.

Des lettres ensuite: celles qui matérialisent dans l’évolution de son nom la métamorphose de son statut social. L’ancien sous-officier Duroy, entre-temps surnommé « Bel-Ami », gagne sa place dans le «beau monde» sous l’appellation de «baron Georges Du Roy de Cantel », comme si la boursouflure du nom métaphorisait celle des appétits et des triomphes...

Une ombre au tableau

Toutefois, le pessimisme critique de Maupassant ne laisse pas sans ombre cette ascension fulgurante. Un personnage secondaire, le poète et artiste Norbert de Varenne, délivre à Duroy lui-même un message ravageur pour ses ambitions: «il arrive un jour, voyez-vous et il arrive de bonne heure pour beaucoup, où c’est fini de rire, comme on dit, parce que derrière tout ce qu’on regarde c’est la mort qu’on aperçoit» (chap. I, 8). En le quittant, Duroy aura l’impression d’avoir « vu un trou plein d’ossements »... Et ce trou noir au cœur du livre demeurera comme une sorte de menace planant au-dessus de la valse des illusions et des corruptions.

II- LE ROMAN DES CORRUPTIONS

Roman de mœurs au réalisme décapant, tableau critique d’une société et d’une actualité cette fois résolument contempOraine5 Bel-Ami explore les arcanes d’une nouvelle « comédie humaine » des années î 880. Parmi les cercles et milieux traversés par le héros et sur lesquels s’exerce le regard caustique du romancier, on retiendra principalement:

— l’univers corrompu des milieux politiques et du pouvoir. Maupassant n’a pas hésité à nourrir l’intrigue de son roman de l’actualité des années 1880-1885, traversée par de nombreux scandales politico-financiers nés, dans l’entourage de Jules Ferry, de l’expansion coloniale au Tonkin, en Tunisie (devenue le Maroc dans le roman) ou en Afrique noire. Ces coups et complots favorisèrent l’enrichissement et la promotion soc4le de e crapules », rendant plus que vraisemblables ceux de Duroy;

— le monde de la presse : « libre » depuis la loi de juillet 1881, elle a pourtant partie liée trop souvent avec les «affaires » du précédent milieu qu’elle initie, colporte, commente sur le mode de la rumeur ou de la désinformation. Maupassant connaît bien, pour y avoir travaillé lui-même, ces grands quotidiens qui ont noué des relations complexes avec le pouvoir et surtout ces petites feuilles diffamatoires qui se sont multipliées. La Vie française, « une de ces feuilles interlopes, sorte d’agence d’une bande de tripoteurs politiques et d’écumeurs de bourse », où son héros pénètre, s’épanouit puis triomphe, est ainsi tout au long du roman le microcosme grouillant d’un univers journalistique traversé d’affaires véreuses et de spéculations juteuses

— celui de la bourse et du profit, en effet, ne saurait être distingué des deux premiers. Les campagnes de presse font et défont les ministères, comme elles font et défont les « bonnes affaires » par lesquelles « s’engraissent » les fortunes de Walter puis de Duroy;

— plus largement enfin, celui de Paris, scène aux mille décors de la comédie mondaine que parcourt Duroy au gré de ses domiciles ou de ses « affaires » : les cafés du boulevard des Italiens, les soirées chez le glacier Tortoni, les parties de campagne au bois de Boulogne ou à Saint-Germain,

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