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Commentaire: Gargantua de Rabelais.

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Par   •  14 Janvier 2017  •  Commentaire de texte  •  2 397 Mots (10 Pages)  •  3 650 Vues

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Gargantua de Rabelais

Au début du 16ème siècle, un nouveau mouvement littéraire et culturel apparait en France : l’humanisme. François Rabelais, écrivain français né en 1483 et mort en 1553 est l’un des chefs de file du mouvement. Il est l’auteur d’une série de cinq livres publiés de 1532 à 1564, dans lesquels on y retrouve Gargantua. Grandgousier, Gargantua, Pantagruel sont des rois et des géants qui règnent en Utopie, près de Chinon, en Touraine. Tel est le lieu de la scène. Quant à l’action Rabelais introduit ses personnages dans la vie, raconte leur enfance, fait le procès à l’éducation qu’on donnait de son temps ; puis il sème au gré de sa fantaisie les épisodes les plus divers, les digressions et les plus burlesques. L’extrait étudié est le Prologue de Gargantua, ici Rabelais pose les bases de l’humanisme qui seront étudiés à travers différents aspect dans le roman par la suite. Ce prologue s’inscrit donc dans le courant humaniste. Dans un premier temps nous verrons que ce prologue est comique, puis sa visée didactique et enfin que ce texte est humaniste.

La première partie sera donc consacrée au côté comique de ce prologue.

    En effet dès le début l’auteur apostrophe les lecteurs « Buveurs très illustres et vous, Vérolés très précieux, (car c’est à vous, et à personne d’autre que sont dédiés mes écrits) » (l.1.2), le registre comique est de suite présent, comparant ces lecteurs à des gens peu considérés. De plus on retrouve le champ lexical du rire « inciter le monde à rire » (l.11), « toujours prêt à rire » (l.22), « se moquant » (l.23), « moqueries, folâtreries et mensonges joyeux » (l.37.38), « forme de dérision et de plaisanterie » (l.40). Il s’agit bien de chercher le rire du lecteur. Ce prologue relève aussi du burlesque car certains arguments s’enchaînent sans lien logique « il fait l’éloge de son précepteur Socrate, sans conteste le prince des philosophes, entre autres paroles, le dit semblable aux Silènes. » (l.4.5.6). La description de Socrate, un grand philosophe, est en tout et pour tout burlesque, il est animalisé « nez pointu » (l.19), « le regard d’un taureau » (l.19). Son esprit noble est bafoué par la description que l’on fait de lui « laid » (l.18), « fou » (l.19), « rustique » (l.20) et « malheureux » (l.21). Ce prologue comique se distingue donc des autres, car le prologue doit susciter une envie de lire le livre chez le lecteur, cependant l’apostrophe du début rompt la rhétorique habituelle.                                                    Dans ce prologue on retrouve également une écriture dîtes « dionysiaque », en effet l’apostrophe « buveurs très illustres » (l.1), s’y inscrit parfaitement, l’auteur invite les lecteurs à lire Gargantua dans une ivresse joyeuse. De plus Rabelais fait référence à Silène (l.6), qui est le père adoptif de Dionysos (Dieu de l’ivresse et de la démesure) dans la mythologie grecque. L’ivresse de son écriture se retrouve à la ligne 9 « harpies, satyres, oisons bridés, lièvres cornus, canes batées, boucs volants, cerfs attelés, et autres peintures imaginées de façon fantaisiste pour inciter le monde à rire » cette énumération délirante semble sans fin. Lorsque Rabelais énumère ses propres œuvres « Gargantua, Pantagruel » (l.34), il y mêle également des titres fantaisistes « Fessepinte, La Dignité des braguettes, Des pois au lard accompagnés d’un commentaire » (l.34.35), qui souligne la gaieté et la joie du livre.

Ce prologue comique à l’écriture dionysiaque a une visée didactique que nous allons voir maintenant.

    Effectivement, le rire cache un point de vue philosophique que l’on découvre peu à peu avec son champ lexical « le prince des philosophes » (l.5), « céleste » (l.25), « une intelligence » (l.26), « vertu » (l.26), « sobriété » (l.27), « interprétée » (l.39), « la bête la plus philosophe » (l.61), ce vocabulaire étoffé s’oppose à celui fantaisiste et souligne donc le côté philosophique du livre. La multitude de connecteurs logiques « car » (l.1), « mais » (l.12), « Ainsi » (l.14), « Or » (l.24), montre que Rabelais organise et structure ses idées. L’ivresse de son écriture est donc moins claire et on y voit là un auteur voulant valoriser la raison et la logique, le rire n’est que la couverture de l’œuvre le message profond est quant à lui philosophique.                 Rabelais a fait des études de médecine et s’est intéressé au grand médecin grec Galien qu’il cite d’ailleurs dans son texte. On retrouve ainsi le champ lexical de la médecine « vérolés » (l.1), « apothicaires » (l.8), « ambre gris » (l.13), « baume » (l.13), « moelle » (l.69). La lecture de son livre pourrait donc être assimilé à une purification ou une guérison par exemple. Ce prologue est donc ouverture nostalgique vers son passé de médecin au service de l’homme. L’homme était donc sa principale préoccupation ce qui amène donc ce prologue vers un côté humaniste.

Ce qui nous amène donc vers notre dernière partie, le côté humaniste de ce prologue.

    Rabelais met en relief ce que l’homme a de plus noble, sa dimension spirituelle. A travers une énumération « les êtres humains tant veillent, courent, travaillent, naviguent et bataillent » (l.29.30), Rabelais caricature l’homme qui est entraîné dans ses affaires et qui agit sans penser. L’auteur appelle ici à réagir, ne pas agir sans raison mais plutôt mener une réflexion. Pour cela il évoque la connaissance dans un registre épique « une intelligence plus qu’humaine, une vertu merveilleuse, un courage invincible, une sobriété sans égale … » (l.25.26.27). La qualité mise en avant est donc la sagesse d’esprit et non quelconque qualité physique. Les notions de courage et de vertu sont plusieurs fois mentionnés dans le texte, comme pour mettre en avant l’esprit par rapport à l’apparence. L’interpellation faîtes par Rabelais ligne 31 et 32 montre bien qu’il conduit le lecteur à la réflexion et non à la passivité, il cherche à ce qu’il passe par-delà les apparences « A votre avis, à quoi ce prologue, ce coup d’envoi veut-il aboutir ? ». Rabelais cherche à mettre en évidence la grandeur de l’homme, sa capacité à utiliser son esprit pour comprendre le monde.                                                      C’est ici le but des humanistes, comprendre le monde qui nous autour. C’est pourquoi Rabelais fait référence dans son prologue aux croyances populaires « l’habit ne fait pas le moine » (l.42.43) et utilise le langage quotidien pour parler de l’homme. Il instaure aussi un dialogue avec lecteur « Car c’est à vous, et à personne d’autre que sont dédiés mes écrits » (l.1.2), « C’est que vous mes bons disciples » (l.32), il abolit donc la séparation écrit et oral. Ce sont aussi les nombreuses références aux philosophes antiques qui renforce le côté humaniste du texte « Socrate » (l.15), « Platon » (l.3), « Albiciade » (l.3). Ainsi la dimension poétique du prologue souligne la volonté de l’auteur a ce que le monde reste unifié. C’est là peut-être le cœur du projet humaniste.

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