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Commentaire Composé Tartuffe cas

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Par   •  13 Juin 2016  •  Commentaire de texte  •  1 472 Mots (6 Pages)  •  2 149 Vues

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Commentaire composé de Tartuffe (acte I, scène 4, vers 231-249)

           La plupart des comédies de Molière visent à faire rire mais aussi à faire réfléchir le spectateur : alliant bouffonnerie et finesse, elles sont un miroir grossissant des ridicules humains et des travers de la société. C'est le cas de la pièce Tartuffe, qui montre les dangers de l'imposture et de l'aveuglement. Le  personnage éponyme est un intrus : sous le masque d'une religion austère, il s'est installé dans une famille et y a semé le désordre. Il manipule le maître de maison, Orgon, qui est son plus fervent admirateur.

Dans le texte proposé, extrait de la scène 4 de l'acte I (vers 231 à 249), Orgon est face à sa servante Dorine. Après une absence de deux jours, il s'enquiert de ce qui s'est passé dans sa demeure. Mais s'agit-il d'un véritable dialogue?  Le maître de maison en effet semble sourd à ce que lui dit sa servante, obsédé qu'il est par Tartuffe et son bien-être.

          Nous montrerons que Dorine évoque en parallèle l'état de santé de sa maîtresse et de l'imposteur, dans un contrasre saisissant puis que cet extrait est à la fois comique et tragique.

           Dorine renseigne Orgon sur  ce qui s'est passé dans sa  demeure pendant son absence : elle fait un compte-rendu particulièrement alarmiste de l'état de santé d'Elmire, ce qui ne suscite aucune réaction de la part d'Orgon, obsédé par Tartuffe dont il demande des nouvelles de façon pressante et répétée. La servante est dès lors forcée de le renseigner et en profite pour faire un portrait satirique du faux dévôt.

          L'état de Madame paraît inquiétant. Avec précision, Dorine décline les différents symptômes qui l'ont empêchée de manger et de dormir : fièvre, mal de tête, bouffées de chaleur. Ce qui frappe d'emblée, c'est l'acuité de ce mal, son intensité (la douleur est “cruelle”vers 7, le dégoût est “grand” vers 5, le mal de tête ”étrange à concevoir” vers 2) et sa persistance (la fièvre dure “jusqu'au soir” vers 1). C'est d'autant plus préoccupant qu'aucun diagnostic n'a été établi. On peut donc craindre le pire. D'ailleurs, elle est si mal en point, qu'il faut la “veiller” toute la nuit. Ce que l'on est en droit de se demander, c'est si le compte-rendu de Dorine est objectif. On peut penser en effet qu'elle grossit le trait, exagère pour inquièter Orgon qui, captivé par Tartuffe, ne prête plus attention à sa famille. Sans doute cherche-t-elle à le faire réagir.

           Mais c'est peine perdue. Orgon ne demande aucune précision alors même que Dorine s'obstine à lui donner des détails. A trois reprises, il demande des nouvelles de Tartuffe, posant strictement la même question : “Et Tartuffe?”. Cette obsession ne peut que choquer : par un reversement de valeurs plutôt atypique, il s'intéresse davantage à un quasi inconnu qu'à sa propre femme. On ne peut pas véritablement parler d'échange ou de dialogue entre les deux personnages : Orgon ne semble pas entendre ce que lui dit Dorine, en tout cas pas ce qui concerne Elmire.

          Dorine est donc bien obligée de donner à son maître la seule chose qu'il réclame : des nouvelles de son protégé. Elle est y contrainte et le fait d'un ton qu'on imagine volontiers mordant. Car derrière l'objectivité apparente du bulletin de santé, l'intention polémique est évidente. Dorine n'a pas la langue dans sa poche et entend faire comprendre à son maître qu'elle désapprouve le comportement du prêtre. Ce qui est évident, c'est que Tartuffe est en parfaite santé alors que sa maitresse est à l'article de la mort.  Elle établit de façon consciente des parallèles frappants. Elmire ne peut rien avaler alors que Tartuffe se gave (“deux perdrix”, “une moitié de gigot en hâchis” qui contrastent avec le “rien du tout” du vers 6). L'ironie est patente avec le complément circonstanciel de manière “fort dévotement” . Un prêtre en effet est censé vivre de façon simple, frugale. De plus, Dorine précise qu'il soupe seul (“lui tout seul” insiste-t-elle) en présence de la malade dont il n'a pas l'air de se préoccuper : l'égoïsme et la goinfrerie ont pris le pas sur la charité chrétienne! Même constat pour ce qui concerne le sommeil : la maladie de la maîtresse de maison ne l'empêche pas de dormir! Au contraire, il s'endort avec facilité,  immédiatement après souper (“tout soudain”), “sans trouble”. Alors qu'une autre souffre, Tartuffe est chez Orgon comme chez lui. Il a le gîte et le couvert, mangeant plus que nécessaire et dormant dans un lit “bien chaud”.

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