Colloque "Médecine et Humanisme", 3-4 décembre 2021, Montpellier (France) 1
Cours : Colloque "Médecine et Humanisme", 3-4 décembre 2021, Montpellier (France) 1. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar rosabrv • 9 Octobre 2022 • Cours • 6 400 Mots (26 Pages) • 245 Vues
Colloque "Médecine et Humanisme", 3-4 décembre 2021, Montpellier (France) 1
3 décembre 2021
La médecine : de quoi s’agit-il ?
Olivier JONQUET
Académie des Sciences et Lettres de Montpellier
Professeur émérite (Médecine Intensive-Réanimation) de l’Université de Montpellier
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MOTS CLES
COLL2021, Hippocrate, médecin, malade, maladie, science, technique, éthique, morale, palliatif.
RESUME
L’archéologie nous l’apprend, on parle d’hominisation depuis que des êtres se sont préoccupés d’assurer une sépulture à leurs morts et de prendre soin de leurs semblables faibles et vulnérables. Hippocrate (460-377 av. J. C.) et ses successeurs ont bâti la médecine occidentale fondée sur une relation triangulaire médecin, malade, maladie, soutenue par un code moral. Une certaine rationalité est présente pour rendre compte de la survenue d’une maladie. Après deux millénaires, cette médecine a acquis une efficacité grâce au développement de l’économie, de la connaissance scientifique, des techniques et des possibilités qu’elles mettent à disposition des personnes, mais avec un risque de défis éthiques majeurs. Ce que je peux faire, dois-je le faire ? Ici, comme ailleurs, les questions fondamentales se posent, que puis-je faire, que dois-je faire et que puis-je espérer ? Une réflexion sur le sens du soin est nécessaire. La philosophie du soin palliatif (qui entoure, protège) permet une approche concrète et féconde.
KEY WORDS
COLL2021, Hippocrate, disease, patient, physician, moral code, increase of knowledge, technical possibilities, new ethical problems, palliative care.
ABSTRACT
As archaeology teaches us, hominisation started when people were concerned with burying their dead and caring for their weak and vulnerable fellow human beings. Hippocrates (460-377 BC) and his successors built Western medicine based on a triangular relationship between doctor, patient and disease, supported by a moral code. A certain rationality is present to account for the occurrence of a disease. After two millennia, this medicine has become effective thanks to the economic development, scientific knowledge, techniques and possibilities, that become available to people, but with the risk of major ethical challenges. What I can do, should I do? Here, as elsewhere, fundamental questions arise: what can I do, what should I do and what can I hope for? A reflection on the meaning of care is necessary. The philosophy of palliative care (which surrounds, protects) allows a concrete and fruitful approach.
Bull. Acad. Sc. Lett. Montp., vol. 52, suppl. 1 (2021)
2 Académie des Sciences et Lettres de Montpellier
En introduction de cet après-midi, il m’a été demandé d’exposer une vision de la médecine après le beau témoignage de ma consœur et amie le docteur Virginie Perotin. J’avoue être intimidé par les orateurs prestigieux de ce colloque. Je ne suis ni historien, ni philosophe, ni sociologue, ni scientifique. Mon témoignage ne veut être que celui d’un médecin. Ce médecin est en fin de carrière. Au cours de celle-ci, il a assumé, avec son métier de médecin, des responsabilités dans son monde universitaire, hospitalier et dans le monde associatif. Ce lien avec des personnes en situation de handicap a nourri ce champ d’expérience. Il va essayer de regarder avec vous ce parcours et les changements qu’a subis son exercice au cours des dernières décennies. Le risque est d’idéaliser une médecine pétrie d’humanisme, un passé mythique en face d’un présent où les repères classiques semblent avoir disparu. Ce présent serait livré à l’emprise de moyens techniques coupant une relation entre une personne en demande et une autre personne (ou une entité) supposée répondre à cette demande ou à ce questionnement : le médecin, la médecine ou le système de santé.
La personne en demande est le malade, le patient, le client ou l’usager selon les dénominations administratives successives. La personne supposée répondre à cette demande est le médecin. Le médecin est à la fois un individu inclus, lui aussi, dans un ensemble plus vaste, le système de santé, où la médecine a sa place mais non exclusive.
La caricature est facile. On peut idéaliser les temps anciens. En moins d’un siècle cependant, les progrès de la médecine nous ont fait gagner 25 ans d’espérance de vie, pour la plupart dans de bonnes conditions. Cela ne s’est pas fait tout seul.
La médecine, du latin mederi, soigner, guérir, nous dit le dictionnaire, est l’ensemble des techniques et de pratiques qui a pour objet la conservation et le rétablissement de la santé1. La complexité de ce qu’est la médecine m’a fait ajouter le sous-titre de quoi s’agit-il ? C’est la question que posait le maréchal Foch devant des situations complexes. Il avait aussi coutume de dire que, si un problème n’était pas difficile, ce n’en était pas un.
On pourrait décliner de multiples façons le terme générique de médecine. Il y a diverses modalités d’exercice de la médecine (allopathie, homéopathie, médecines douces, alternatives...), diverses conceptions sans compter les divers types de médecins.
Je voudrais rappeler les principes fondamentaux qui fondent la médecine hippocratique, la base de la médecine occidentale, celle que nous essayons de pratiquer. Elle a servi de fil conducteur à l’Université de médecine de Montpellier dont nous célébrons le huitième centenaire, prétexte de ce colloque.
Bien sûr, nous n’exerçons pas comme au temps d’Hippocrate mais nous essayons d’en garder l’esprit. Il y a des « invariants », des « fondamentaux ». J’essaierai de montrer que l’on peut toujours garder l’esprit d’une médecine au service de la personne et, par là aussi, au service de la société.
1. Les invariants, les fondamentaux 1.1. Les invariants
• L’origine naturelle des maladies
Le grand apport et mérite de la tradition hippocratique
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