Candide, le nègre de Surinam, Voltaire
Commentaire de texte : Candide, le nègre de Surinam, Voltaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lucie Creac'h • 15 Mars 2017 • Commentaire de texte • 2 442 Mots (10 Pages) • 2 067 Vues
Voltaire, Candide, le nègre de Surinam
L'apologue est un genre très ancien qui recherche par le biais de l'argumentation indirecte à observer et critiquer le monde. C'est en effet un récit assez fantaisiste, plaisant, avec des personnages symboliques, qui permet de traiter de grand sujet de manière en apparence légère.
La période des lumières est un mouvement littéraire, artistique, philosophique du 18eme siècle qui vise par l'usage de la raison et de l'intelligence à observer l'ensemble des réalités de la société de l’époque pour en critiquer les vices et amener l'homme à être plus éclairée, plus intellectuel et donc plus libre. Les philosophes des lumières s'engagent par leurs écrits, pour dénoncer les grands fléaux du temps.
Ce conte philosophique est un récit de voyage au cours duquel Candide est confronté à toute une série de personnages variés, et à des situations qui permettent à Voltaire d'observer le fonctionnement du monde pour critiquer la société au nom des valeurs humanistes.
Voltaire avec Candide, et particulièrement dans ce chapitre 19, reflète parfaitement cet engagement philosophique. En effet dans ce passage, son héros est confronté à un esclave, occasion pour l'auteur à travers le récit de dénoncer l'horreur du commerce triangulaire qui fait, à l’époque, la fortune de l'Europe colonisatrice.
Comment de manière efficace le philosophe parvient-il donc, à travers cette courte scène à montrer que l'esclavage est une horreur qu'il faut condamner et éradiquer ?
Quels sont les enjeux que le philosophe met en avant dans ce passage
Nous allons voir dans un premier temps comment l'Homme noir est le représentant d'une population décrite comme asservie et déshumanisée,puis de quelle manière la dénonciation de cette société pervertie prend des dimensions polémiques et enfin comment l'art du conte est utilisé dans ce récit dénonciateur.
Tout d'abord,dans les premières lignes du texte, Candide décrit la nouvelle épreuve qu'il est en train de vivre. « En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre » l1.
Il découvre avec son ami Cacambo, un homme, esclave, dans une position surprenante. Une description basé sur l'apparence est faite,ou l'on semble constaté que ce qui saute aux yeux. Les éléments remarqués en premier sont ceux du corps avec les mots « jambe,main,doigt » et aussi ceux des vêtements avec « caleçon de toile ». Le seul détails fourni reste la couleur du caleçon «d'un caleçon de toile bleue » l2. Le narrateur juxtapose les descriptions vestimentaires et celles des mutilations en mettant ces deux faits sur le même plan et sans aucune hiérarchisation ce qui fait ressortir l'horreur de la situation.
Les deux hommes sont pris d’étonnement et ne comprennent pas. Ils découvrent un tableau sommaire, pathétique et touchant qui décrit physiquement le nègre. La présence de négation « n'ayant plus que » l1 renforce encore plus l’idée de pathétique comme c'est aussi le cas pour cette phrase, « Ils manquaient à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite » l4.
Candide constate la violence et la cruauté des esclavagistes.
Le nègre de Surinam comme les autres esclaves sont des hommes privées de liberté.
En effet, il n'a le droit qu'a « un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année » l7. Ceci illustre bien les conditions de vie difficiles des esclaves.
Il n'est pas non plus libre de faire ce qu'il souhaite, il est dégradé sur le plan social du fait qu'il appartient à un autre homme, nettement supérieur à lui dans la société. Pour parler de son maître, il dit « M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre ». Ici l'adjectif qualificatif fameux est à double sens, il signifie célèbre mais aussi de manière implicite, le plus cruel. L'humour et l'ironie sont présent dans le passage. Le nom du personnage n'est pas choisit par hazard, premièrement le préfixe Van est très répandu chez les hollandais, deuxièmement il a une sonorité dur, en effet le son D décrit le personnage, puis il y a également un jeux de mots avec l'homme à la dent dur qui le définit de vendeur cruel et antipathique.
Il est décadré physiquement, quand il tente de lutter contre ces obligations il est soumis à des châtiments. La présence d'un parallélisme synaptique renforce bien l’idée d’être asservie à son supérieur. « Quand nous …, on nous coupe la ….... Quand nous …., on nous coupe … l32à35. Il est aussi dégradé sur le plan moral ou on lui impose une culture différente de son identité culturelle suite au commerce triangulaire ou les esclaves viennent d'Afrique et sont emmenés en Amérique ou ils cultivent des produits qui seront ensuite emmenés en Europe, mais aussi une langue imposé qui est ici le hollandais « lui dit en hollandais » l3 mais aussi avec l'obligation une religion ici catholique « m'ont converti tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam »
On remarque très bien que ici le négre n'est pas un cas particulier. L’émotion du voyageur sert de fil conducteur au texte : elle amorce et achève le texte. La fonction des questions posées est de permettre un exposé de la situation des noirs : anonyme, le nègre de Surinam fait office de porte-parole pour l’ensemble des esclaves.
Il est dans une démarche de conviction ou il emploie des exemples concret dans un discours savant et rigoureux construits de connecteurs logiques « Cependant,mais si,si,or ». Il emploie des phrases courtes pour allez à l'essentiel et ne pas virer à l’éloquence. Le registre est entièrement didactique, il ne cherche qu'a expliquer à candide avec beaucoup de neutralité l'histoire des esclaves en racontant sa propre histoire personnelle. Il va du général au particulier en commençant par énoncer des choses concernant tout le monde avec l'utilisation du nous « on nous donne, on nous coupe, nous voulons,nous travaillons » puis dans un second temps passe au « je » pour illustrer son expérience en utilisant des arguments appuyés par des exemples.
L'arrivé du dialogue provoque une interjection, le terme « mon ami » utilisé par Candide montre l’égalité qu'il existe entre eux et la compassion très présente, de plus les exclamations ainsi que les interrogations montrent la stupéfaction de candide. « Eh mon dieu ! » l3 et « que fais-tu là ? » l4
A la question pleine d’émotion et de colère de Candide, l'homme noir répond tranquillement de façon purement informative et affirme qu'il attend son maître, un signe de soumission. Deux personnages stéréotypés sont identifiables avec d'un coté le bourreau cruel et la victime impuissante. Petit à petit une dimension polémique s'installe.
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