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Beauté et laideur

Dissertation : Beauté et laideur. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  2 Janvier 2022  •  Dissertation  •  1 871 Mots (8 Pages)  •  931 Vues

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Pour créer et imaginer l’homme s’est toujours inspiré de ce qu’il voyait : que cela soit pour le peintre ou le poète l’inspiration vient toujours de quelque part. La laideur concerne le laid, le repoussant tandis que la beauté représente le beau, l’attirant. De par leur synonymes et leur définitions ces deux notions sont antonymes. Pour ce qui est de la poésie qui vient du grec « poiein » qui signifie créer tout ou presque est en rapport avec ces deux variables, variables et pas constantes puisque ce qui est laid et ce qui est beau ne le restent pas toujours indéfiniment. Si le poète a le pouvoir de transformer la boue en or comme les alchimistes du Moyens Age et s’en inspire souvent on peut tout de même se poser la question suivante : la laideur peut-elle être une source d’inspiration au même titre que la beauté ? Nous verrons tout d’abord que la laideur est tout aussi présente que la beauté chez le poète puis nous remarquerons que celle-ci peut au contraire être une source d’inspiration tout à fait inédite avant de nous intéresser à ce que la poésie offre et veut montrer de manière plus générale.

Tout d’abord, il est utile de rappeler que depuis toujours le poète s’inspire de ce qu’il voit et de ce que cette vision lui fait ressentir. Si beaucoup de poètes écrivent sur la beauté, celle d’une femme par exemple avec le blason d’Aragon « Cantique à Elsa » où celui-ci parle de ses mains d’autres choisissent d’écrire sur un élément de la nature comme un astre par exemple et en l’occurence la lune comme Jules Laforgue qui a choisit dans « Complainte de la lune en province » de s’adresser à la lune en lui faisant un véritable éloge via de nombreux adjectifs mélioratifs comme « Calme Lune » ou « Lune heureuse ! ». De plus les poètes choisissent des sujets nobles pour écrire comme les femmes comme dans «  A celle qui est trop gaie » de Baudelaire où celui-ci voue un véritable éloge à une femme à l’aide de nombreuses comparaisons élogieuses avec par exemple « Ta tête, ton geste, ton air sont beaux comme un paysage » ou lorsque le poète compare la femme à des matériaux nobles comme en la comparant à des bijoux dans « Les bijoux » de Baudelaire dans lequel il compare sa voix à des « bijoux sonores ». L’amour est la beauté à l’état pur et aussi le synonyme d’un rêve pour Verlaine dans « `mon rêve familier » où celui-ci « fais souvent ce rêve étrange et pénétrant d’une femme inconnue » qu’il aime et qu’elle aime. La beauté chez le poète s’exprime aussi par l’esthétique qu’il choisit d’utiliser dans ses oeuvres et parfois alexandrins et quatrains cohabitent dans un même poème pour faire entrevoir quelque chose au lecteur que l’écrivain n’aurait peut être pas réussi à exprimer à travers les mots. Dans le « Serpent qui danse » issu du recueil des Fleurs du Mal les vers ondulent tout le long du texte voulant sûrement donner l’image d’une femme qui ondule tel un serpent comme l’indique de manière équivoque le titre. Cependant il serait réducteur de n’associer à la poésie que la beauté.

En effet, d’autres poètes choisissent d’écrire ou de rimer sur des éléments moins attrayants ou séduisants comme sur des cadavre par exemple avec Charles Baudelaire qui choisit dans son recueil des Fleurs du Mal de vouer un poème entier à « Une Charogne », cette charogne à l’origine est quelque chose de bas, répugnant et en putréfaction mais à travers le jeu habile des mots et des métaphores Baudelaire parvient à la sublimer et mettre en relation le laid et le joli. Par exemple, cette charogne est comparée à une fleur qui s’épanouit ou encore à une femme qualifiée de « brulante » ou de « lubrique ». A défaut de s’inspirer de cadavres en décomposition d’autres poètes romantiques comme son chef de file Victor Hugo ont choisi d’écrire sur les insectes et plus particulièrement les araignées. C’est le cas dans le poème qui ne porte pas de nom que nous pouvons nommer par « L’araignée et l’Ortie » où le poète voue un éloge sans précédent à ces deux éléments disgrâcieux de la nature et parvient même à les rendre défendables comme lorsqu’il les qualifie de victime via l’oxymore « morne souhait » qui met en avant leur faible espérance. Dans ce domaine Charles Baudelaire s’illustre très bien, dans « La mort des pauvres » il parvient à faire passer la mort comme une délivrance et en particulier pour les gens pauvres. Le fait d’employer le « nous » rends ce poème plus vivant et humain et parvient à rendre la chose moins effrayante. Lorsqu’il écrit dans « Ebauche pour un épilogue » « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fais de l’or » il réalise le travail d’un alchimiste du moyen Age : utiliser et sublimer le laid pour en faire un égal du beau. Il est aussi utile de rappeler que pour Baudelaire « le beau est toujours bizarre » ce qui revient à mettre sur un pied d’égalité ces deux notions qui, à l’origine sont antonymes.

De fait, la laideur tout comme la beauté, est une source d’inspiration qui peut se révéler tout à fait inédite et il est tout aussi légitime de parler celle-ci que de la beauté car les deux font partis du monde qui nous entoure. L’envie de se consacrer à celle-ci et de graviter autour d’elle peut relever d’un mode de pensée ou d’une envie d’aller au contre courant du style de l’époque. Le procès qu’on subit les Fleurs du Mal en 1857 est la preuve que la laideur et les sujets triviaux n’ont pas fait l’unanimité et que certains de ses poèmes comme « Les bijoux » ou « L’horloge » ont été condamnés.

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