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Analyse linéaire Les Caractères de La Bruyère

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Par   •  14 Avril 2022  •  Fiche  •  1 227 Mots (5 Pages)  •  2 025 Vues

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ORAL DE FRANÇAIS

Œuvre intégrale / Parcours associé : Les Caractères de La Bruyère

Objet d’étude n° :

Séquence n° : 1

Texte n° : 1

L’ouverture du livre VIII, Les Caractères, La Bruyère, remarque 1 à 5

Etape de l’exposé

Eléments à retenir

Introduction

« Un homme qui sait la Cour est maitre de son geste et de son visage ».

Nous étudierons les dix remarques, soit les dix premiers phrases qui ouvrent le livre VIII des Caractères. Ce livre s’intitule « de la Cour » et c’est naturellement que La Bruyère propose au seuil de cette section une définition de son objet. Or ce travail liminaire le conduit à railler dès les premières lignes les vices de la Cour et à user d’ironie pour orienter la lecture de la centaine de remarques qui suivent. A la sortie du livre VII, « de la Ville », dont l’objet était lui-même cible de moqueries et de caricatures, on pouvait s’attendre à un rééquilibrage des vertus. C’est l’illusion que crie d’abord l’auteur pour très vite déconstruire l’attente et signifier la parenté de fourberie entre la ville et la Cour.  

Lecture expressive

Difficultés à noter

Ø

Projet de lecture / Problématique

Quelle vision de la Cour propose La Bruyère en ouverture du livre VIII ?

Mouvements du texte

1 / Dans un premier temps nous expliquerons les procédés employés et les effets visés dans les trois premières remarque. (l’enjeu de ce premier mouvement est d’annoncer l’ambiguïté autour d’une définition claire de la Cour.

2 / Dans un deuxième mouvement constitué des remarques 4 et 8 il s’agit de focaliser l’attention du lecteur au bon rapports sociaux qui se jouent au sein de la Cour et discernent les grands des petits.

3 /  Dans un troisième mouvement nous étudierons un premier effet de chute du livre avec les remarques 9 et 10 qui démystifient la Cour pour celui qui y pénètre pour la première fois en honnête homme.

Etude linéaire

Idées majeures

Mouvement 1 :

  • Cette première remarque s’ouvre sur un reproche honorable : ne pas connaitre la Cour. On peut se demander si ce reproche est ironique et si c’est une provocation de moraliste qui justifie son entreprise d’étude des mœurs courtisanes ? Cette remarque s’ouvre donc sur une ambiguïté.
  • L’ambiguïté se poursuit  à la ligne 2 avec le terme « vertu ». Le terme « Cour » induirait toutes les vertus. Il semble donc que l’on poursuive l’ironie du début de la phrase. Le pronom personnel « on » confirme cette interprétation : le référent est flou, il peut s’agir d’un courtisan, d’un parisien… de n’importe qui.
  • La 1ère remarque soulève l’enjeu : le terme « Cour » en lui-même constitue une énigme.
  • Celui qui « sait » la Cour est digne d’intérêt. On a un quasi portrait du courtisan.
  • On note que la période (longue phrase) est ponctuée non pas selon les unités des sens mais selon les unités de souffle. C’est courant au XVIIIe siècle, La Bruyère mène ici un travail écrit qui prend des accents d’oralité, ce qui rend cette ouverture une démonstration d’éloquence. Le point-virgule qui coupe le sujet du prédicat (groupe verbal) c’est un effet d’attente : observer le sujet « un homme qui sait la Cour » c’est prendre le temps et c’est retarder un peu tout ce que l’on peut dire de lui (effet d’attente = technique dilatoire).
  • La suite de la phrase annonce un portrait élogieux avec des adjectifs qualificatifs mélioratifs (« profond », « maitre », « impénétrable ») mais et par l’emploi des verbes au présent de l’indicatif à valeur de caractérisation et de vérité générale : « dissimule », « contraint », « déguise », « dément », « agit contre ».
  • Il y a dans cette remarque la négative exceptive ou restrictive dans la phrase du courtisan.
  • Le mot « vice » opposé au mot « vertu » détrône l’homme de Cour. Le raffinement d’apparence n’est que fausseté et vices et vertus sont confondus.
  • Le lecteur entre alors dans la complexité du système de la Cour.
  • C’est la troisième remarque qui tire la conséquence de cette première approche : la définition de la Cour es impossible car le monde de la Cour es flou, changeant, insaisissable.
  • La question rhétorique suggère l’embarras de tout moraliste : personne ne sait la Cour au sens de l’érudition car ceux qui savent la Cour au sens de la fréquentation brouillent toute définition.

Mouvement 2 : Dans le deuxième mouvement, le moraliste cherche à orienter son regard et à distinguer la vérité derrière le voile.

  • La remarque 4 montre la permanence d’un objet : la Cour qui ne tient qu’à la fidélité de ses sujets (les courtisans). S’éloigner de la Cour c’est perdre ses statuts et toute reconnaissance.
  • Cette remarque 5 prolonge l’idée que tout courtisans est un tout petit homme. Ce qui est immense c’est la Cour. La Cour est une entité abstraite : ni tout à fait un lieu ni tout à fait une communauté (elle es constitué d’hommes vaniteux, troubles, changement, faux…).
  • En distinguant les petits et les grands, La Bruyère projette le propos vers le livre IX, « des Petits et des Grands ». Toute idée de grandeur courtisane es pure vanité.
  • Dans la remarque 6, La Bruyère fissure son objet pour mieux le comprendre. La « chose admirable » vue de loin perd tout son charme quand on s’en approche.
  • La Bruyère ouvre une métaphore de l’exploration, mais qui ne peut que nous décevoir.
  • Les remarques 7 et 8 présentent les conséquences d’un constat amer : la Cour se fait inaccessible, par vice pour empêcher le bonheur des noms-courtisans.

Mouvement 3 : Ce dernier mouvement file cette métaphore de l’exploration. L’honnête homme est invité à entrer dans le monde de la Cour comme on entre dans un nouveaux monde avec ses règles et ces dangers.

  • Dans ce paragraphe on retrouve le terme « vice », mais au lieu de lui opposer celui de vertu, La Bruyère lui oppose celui de « politesse ».
  • L’honnête homme est invité à visiter l’édifice de marbre : la métaphore architecturale prolonge la notion d’instabilité possible en remarque 3.
  • Les hommes « durs » et « polis » qui forment l’édifice de la Cour vont être les sujets des portraits et caricatures.
  • Le mot « utile » de la remarque 9 vient s’opposer à son antonyme de la remarque 2 « inutile », suggèrent que le courtisan ne s’embarrasse pas à distinguer vice et vertu puisque le mot Cour rassemble toutes les sortes de vertus. Il peut donc être amoral, alors que l’honnête homme agit en homme moral, tout lui est utile.

Conclusion

 En ouvrant le livre VIII le lecteur est confronté à un antagonisme moral, dont l’exposé de La Bruyère vise à préserver l’honnête homme de toute surprise et de toute duperie. Entrer dans le monde de la Cour c’est percer à jour les effets spectaculaires et rendre compte d’une matérialité brute. L’auteur oriente notre regard sur les fissures d’un monde qui cherche à être admiré et dévoile dans un édifice artificiel, léger et instable. En progressant des livres V à VIII on s’accoutume donc à des désenchantements et on ne pourra espérer retrouver un ordre moral qu’avec les Grands ou avec le Souverain.

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