Analyse illustrative diable au corps
Commentaire d'oeuvre : Analyse illustrative diable au corps. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ben khaleq • 26 Juin 2019 • Commentaire d'oeuvre • 2 144 Mots (9 Pages) • 605 Vues
DISSERTATION
Ayman Khaleq 1°S2
Le théâtre est un art vivant apparu à l’Antiquité sous deux formes principales : la tragédie et la comédie dans le cadre d’enjeux politiques, culturels et religieux. De plus, la représentation des relations humaines y occupait –et y occupe toujours- une place primordiale ; et le conflit en particulier était présent que ce soit dans la comédie avec les disputes familiales, ou dans la tragédie avec les épopées des héros. Au fil du temps, le genre théâtral en lui-même a bien évidemment évolué, mais son essence est demeurée plus ou moins la même : illustrer la société humaine.
Dans quelle mesure donc le théâtre est-il efficace pour représenter les conflits et les débats ?
En effet, celui-ci dispose de maintes ressources textuelles et scéniques (adressées respectivement au lecteur voire metteur en scène, et au spectateur) pour parvenir à cet objectif, même si parfois le conflit transcende les limites de la visualisation, voire même du langage.
D’abord, même si les pièces de théâtre sont écrites pour être représentées sur scène, le texte théâtral en lui-même, accompagné de toutes les indications scéniques, est la première interface à travers laquelle est transmis le message.
En effet, les didascalies sont les premières informations véritables lues par le lecteur ; étant situées juste après les noms des personnages, elles donnent des indications au metteur en scène sur les apparences et modalités des personnages d’un côté, et aident le lecteur à imaginer la confrontation entre personnages d’un autre côté. Ceci permet ainsi une meilleure compréhension des enjeux de la situation et donc de l’intrigue, tout en se rapprochant de la conception du conflit que voulait transmettre le dramaturge. Dans le tableau 2 de l’acte II de Rhinocéros d’Ionesco, les didascalies illustrent le désaccord croissant entre Bérenger et Jean en montrant notamment la frénésie et la nervosité grandissantes du dernier, traduisant une volonté offensive apparente : « allant et venant », « entrant dans la salle de bains et sortant » « soufflant bruyamment ». Ceci permet de presque palper la tension régnante dans la scène, et de mieux la représenter durant toute mise en scène. De même, dans l’acte I de Les Justes de Camus, pages 32 à 35, les didascalies illustrent fort bien la mésentente entre Kaliayev et Stepan, montrant les positions contrastées de chacun durant leur conflit d’idée : l’évolution des sentiments de Kaliayev « se dominant », « avec un effort visible » d’un côté, et la placidité de Stepan de l’autre côté « Il le regarde », « parlant au fond », « Stepan sort ». Quant aux répliques, leur expressivité est tout aussi importante, et paraît d’ailleurs le mieux à travers des types précis...
Ainsi, la tirade et l’aparté sont retrouvés presque à chaque situation de conflit dans le théâtre, que ce soit comédie ou tragédie. La première est une longue réplique expressive qui développe et supporte la cause de l’orateur en offrant des exemples, explications et toutes sortes de stratégies argumentatives ; c’est le cas du personnage éponyme dans Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, la scène 8 de l’acte II, qui répond à Le Bret tout en critiquant l’hypocrisie et la flagornerie ou encore Lorenzo dans Lorenzaccio qui dévoile la corruption de la société qui l’a poussé à entreprendre d’assassiner le tyran. Le second, quant à lui, permet de traduire les pensées des personnages qu’ils gardent pour eux-mêmes, c’est-à-dire tout ce qu’ils ne disent pas aux autres pour une raison donnée. Par exemple, c’est le cas d’Harpagon dans L’Avare de Molière, qui répète à maintes reprises la réplique « J’enrage ! » ce qui montre sa nervosité et ses véritables ressentis, ou encore dans la même œuvre du cuisinier Maître Jacques qui est dénigré en permanence par son maître mais qui, craignant de perdre son emploi, baisse la tête et fait preuve de servilité, mais il n’accepte ceci que pour se moquer d’eux à part, après chacune de leurs répliques ; le conflit, alors implicite, est pleinement expriment grâce aux apartés. Ces deux appartenant quand même au dialogue, ne sont toutefois pas de véritables échanges, sans omettre que le monologue aussi peut jouer un rôle....
De ce fait, le dialogue est le lieu privilégié du conflit ; comme une sorte d’escarmouche oratoire, deux ou plusieurs personnages sont directement opposés (généralement dans un conflit d’intérêt), et discutent chacun avec l’intention de faire adhérer l’autre à ses propos. C’est le lieu représentant l’interaction réelle entre personnages, la scène de confrontation ; et si l’échange peut être exprimé de façon longue et argumentée par les tirades, c’est surtout par les stichomythies que la tension paraît réellement. Celles-ci permettent d’accélérer le rythme de la conversation et de le rendre dans une certaine mesure plus violent, puisque les personnages n’échangent que des répliques brèves pour être aussitôt repris par le camp adverse. C’est le cas par exemple de la scène 4 de l’acte I de L’Avare de Molière, avec Harpagon qui, soupçonnant ses fils Cléante et Elise de l’avoir entendu s’entretenir sur son argent, les interroge à maintes reprises et essaie même de détourner leur attention. L’échange, alors réduit, exprime mieux le conflit entre le père avare et ses fils, et les émotions des personnages paraissent également d’ailleurs, implicitement certes, à travers leurs répliques. Quant au monologue, il exprime encore mieux le conflit puisque le personnage est seul sur scène et n’hésite donc pas à donner son avis sur les autres personnages, et révèle par la même occasion ses secrets intimes et d’autres informations précieuses. On peut alors mieux comprendre le personnage, ses ressentis, prendre sa position et voir les choses de son point de vue ; non seulement ceci permet d’avoir une vue globale sur le conflit, mais aussi de l’intensifier à travers l’implication du personnage : c’est le cas par exemple du monologue d’Harpagon dans la scène 7 de l’acte IV de L’Avare de Molière, quand celui-ci se rend compte du vol de sa cassette de dix mille écus. Il oublie alors tous ses projets d’unions conjugales, et sombre dans le désespoir absolu, ce qui exprimé par le registre pathétique de ses paroles ; Harpagon, en quelque sorte, s’apitoie sur son sort et montre son émotion, ce qui peut expliquer et justifier ses réactions violentes plus tard dans la pièce, surtout que cet évènement venait empirer la situation déjà précaire et agitée de son foyer.
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