Analyse du Silence de la mer
Fiche de lecture : Analyse du Silence de la mer. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Eragonn Dragonborn • 20 Janvier 2022 • Fiche de lecture • 1 815 Mots (8 Pages) • 3 238 Vues
Le silence de la mer[pic 1][pic 2]
Le silence de la mer a été publié clandestinement en 1942 par Vercors. Le contexte historique de son écriture est très important pour la compréhension complète du récit. En 1942, en pleine Guerre mondiale, la France est en grande partie occupée par les forces allemandes tandis que l’autre partie est dirigée par le régime de Vichy avec à sa tête le maréchal Pétain. Des soldats allemands sont omniprésents dans la partie occupée et cohabitent avec les français qui restent silencieux face à la tyrannie des nazis. Vercors s’inspire de ce silence pour sa nouvelle et incite la France à briser le silence et à se battre pour protéger leurs libertés et leur culture.
Vercors n’est que le pseudonyme que Jean Marcel Adolphe Brüller adopte pour publier anonymement ses œuvres pendant l’Occupation allemande, période où il rejoint la Résistance. Brüller naît à Paris le 26 février 1902. Il effectue ses études primaires et secondaires à l’école alsacienne à Paris. Après son bac il souhaite devenir chercheur, mais mal orienté, il échoue à l’université et se rabat sur une école formant des ingénieurs électriciens. A l’obtention de son diplôme, malgré son obtention avec la médaille de bronze, il ne souhaite pas rejoindre l’industrie. Il choisit plutôt de suivre une carrière de dessinateur humoristique et illustrateur. Il réalise son premier album (dessins et textes) en 1926 21 recettes pratiques de mort violente et se marie en 1931 avec Jeanne Barrusseaud. En 1938, Brüller est mobilisé pour la Seconde Guerre mondiale à Mours-Saint-Eusèbe près de Romans au pied du massif de Vercors et encouragé par Pierre de Lescure, avec qui il fonda les Éditions de Minuit, il prend le nom dudit massif. C’est dans la maison d’édition, les Éditions de Minuit qu’il publiera clandestinement ses œuvres dont sa plus célèbre Le silence de la mer. Grand pacifiste, Vercors renvoie en 1957 sa Légion d’honneur au président en guise de protestation contre la torture pratiquée en Algérie. En 1960, il signe, tout comme Sartre, le Manifeste des 121 écrivains et artistes qui déclarent le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie. Vercors dédie Le silence de la mer à la mémoire de Saint-Pol-Roux, poète assassiné, un vieil qui meurt de chagrin en 1940 lorsque son manoir contenant tous ses textes inédits est pillé après qu’un soldat allemand a violé sa servante et blessé sa fille. Tout comme le Le silence de la mer évoque une résistance muette au bord des cris, cet homme qui meurt brisé est chargé de symboles, et c’est pourquoi le premier volume des Éditions de minuit lui est dédié. Vercors meurt à Paris dans la nuit du 9 au 10 juin 1991.
Le Silence de la mer est une nouvelle du registre dramatique écrite par Vercors. La nouvelle met en scène un vieil homme et sa nièce vivant dans une petite maison soudainement réquisitionnée par un officier allemand Werner von Ebrennac. Ce dernier parle le français parfaitement et est passionné par la culture française. Chaque soir, en rentrant, il comble l’habituel silence dans le salon où le vieil homme lit et sa nièce coud tout deux éternellement silencieux. Il parle de ses espoirs d’unir la France et l’Allemagne, réunir leur culture, l’écriture française et la musique allemande. Mais dans les dernières pages de la nouvelle, il fait part de ce qu’il a appris de ses collègues allemands, que l’Allemagne n’a absolument aucun souhait de s’unir avec la France : « Nous ne sommes pas des fous ni des niais : nous avons l’occasion de détruire la France, elle le sera. Pas seulement sa puissance : son âme aussi. Son âme surtout. Son âme est le plus grand danger. C’est notre travail en ce moment : ne vous y trompez pas, mon cher ! Nous la pourrirons par nos sourires et nos ménagements. Nous en ferons une chienne rampante. »
Le Silence de la mer nous permet d’observer de nombreux aspects psychologiques dans lesquels sont parsemés sous-entendus pour les lecteurs français de l’époque . Le silence en est une thématique majeure de la nouvelle. Le silence est l’arme des français durant l’occupation allemande, un silence grave et pesant. Durant toute la nouvelle, le vieil homme et sa nièce garde le silence, tandis que l’officier allemand, lui, parle de ses grands idéaux pour l’union France-Allemagne. Le vieil homme à d’ailleurs à plusieurs reprises hésité à répondre à Ebrennac, mais c’est retenu pour rester fidèle à sa patrie. Ebrennac comprend bien leur silence, et dans ses convictions d’unir les cultures française et allemande, il dit : « il faudra vaincre le silence de la France ». Il est convaincu avant d’aller à Paris qu’une cohabitation amicale, pacifique est possible entre les français et les allemands. Cependant, le désillusionnement lui tombe dessus et lui fait l’effet d’une douche froide, après son passage à Paris, il comprend les réel desseins de l’Allemagne nazie pour la France : « - nous avons l’occasion de détruire la France, elle le sera. Pas seulement sa puissance : son âme aussi. Son âme surtout. Son âme est le plus grand danger. C’est notre travail en ce moment : ne vous y trompez pas, mon cher !»
Le passage à Paris représente une transformation dans l’esprit de Werner, il se rend compte qu’il se combattait pour le total opposé de ce qu’il désirait. Il décide de dire adieu à ses hôtes.
Cette dernière discussion rompt complètement avec le reste de la nouvelle. Le silence y ai brisé, le vieil homme adresse ses premiers et derniers mots lorsqu’il dit : « Entrez, Monsieur » tandis qu’Ebrennac attend derrière la porte alors qu’il avait l’habitude d’entrer sans attendre de réponse. L’officier est dévasté :
...