Analyse linéaire du poème « La mer et l’amour » de Pierre de Marbeuf
Commentaire d'oeuvre : Analyse linéaire du poème « La mer et l’amour » de Pierre de Marbeuf. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Laure Marandon • 22 Mai 2022 • Commentaire d'oeuvre • 1 688 Mots (7 Pages) • 1 827 Vues
Analyse linéaire du poème « La mer et l’amour » de Pierre de Marbeuf
Pierre de Marbeuf est un poète baroque français né en France en 1596 et décédé en 1645. Il commence à écrire assez tôt, et avec d’autres jeunes poètes il appartient au groupe de poètes qui s’est formé autour de Pierre de Marolles. Il est très marqué par les consignes poétiques et formelles du poète François de Malherbe, consignes dont il s’éloignera plus tard dans sa vie.
Il est célèbre pour avoir écrit plusieurs ouvrages de poésie notamment Recueil de vers publié en 1628. Le poème que nous allons étudier aujourd’hui est le plus fameux de ce recueil. Ses œuvres appartiennent au style baroque. Ce mouvement est marqué par une recherche de l’originalité et du beau-bizarre. Le terme baroque est emprunté à la joaillerie et désigne précisément une perle imparfaite et irrégulière. Le baroque est un mouvement pictural et littéraire. Ses grands représentants sont notamment le Bernin ou encore le Caravage en sculpture et en peinture.
Le poème qui nous intéresse à présent s’inscrit dans certains thèmes baroques aussi bien formellement que par les thèmes choisis.
Le poème a aussi une très forte influence antique car il reprend le topos de l’amour et de la mer qui un thème majeur de la poésie et notamment de l’Odyssée d’Homère.
*Lecture*
« La mer et l’amour » est un poème très musical et original qui fonctionne sur des oppositions entre l’eau et le feu et des comparaisons entre la mer et l’amour. Nous réfléchirons ainsi sur la problématique suivante : En quoi est ce que Pierre de Marbeuf dans ce poème singulier convoque des thèmes majeurs du baroque pour délivrer une analyse plutôt pessimiste du sentiment amoureux ?
Dans un premier temps nous étudierons l’analogie déployée longuement entre l’amour et la mer, dans un second temps nous verrons que cette comparaison est aussi liée au thème sombre du naufrage qui prend dans le poème des allures baroques. Enfin, dans un dernier temps nous nous interrogerons sur les références mythologiques et les oppositions en clair-obscur entre la mer et le feu.
On s’est aperçu durant la lecture du poème que l’auteur développe beaucoup d’analogies et liens entre la mer et l’amour, notamment dans le premier quatrain du poème. C’est de cette comparaison qui s’établit sur le plan formel et sur le plan des idées, dont nous allons traiter en premier partie.
Dès les premiers vers du premier quatrain, l’amour et la mer semblent liés très profondément. En effet la conjonction de coordination initiale, « Et », renforce formellement cette comparaison entre l’amour et la mer ; « Et l’amour et la mer ont l’amer pour partage ». Le deuxième vers du poème répète la même idée, cette idée est à nouveau appuyée par la conjonction de coordination « Et » qui répétée. Sa répétition donne naissance à une polysyndète qui donne du rythme au poème. En plus de répéter cette même idée, celle qui dit que l’amour et la mer partagent la même amertume, ils sont séparés par une virgule située à l’hémistiche qui insiste sur l’amertume de chacun. Formellement aussi, le poème insiste donc à travers la ponctuation pour faire ressentir ce lien étroit avec l’amertume.
On observe aussi sur tout le premier quatrain un jeu sur les sonorités. En effet il y a une assonance en m et en r qui provoque le dégoût du lecteur vis-à-vis de la mer. C’est un dégoût qui est renforcé par la connaissance qu’a le lecteur du goût très salé de l’eau marine. On observe par ailleurs du vers 1 à 4 une paronomase entre les trois mots : mer, amour et amère. Ce procédé qui emploi des mots aux sonorités semblables permet de mettre en lien ces trois mots en les associant pour faire ressentir au lecteur l’amertume de la mer et de l’amour. Cela donne aussi une sonorité très musicale au poème, qui fait sentir plus fortement encore la plainte et de la lamentation. On observe au vers 3 la comparaison suivante : « L’on s’abîme en la mer aussi bien qu’en l’amour ». Cette comparaison a pour objectif de mettre en lien encore une fois ces deux thèmes que sont la mer et l’amour en les comparant sur leur violence et leur irrégularité et en montrant qu’au fond ils ne sont pas si différents. On peut suggérer que « L’on s’abîme » est un une expression à doubles sens entre le verbe abimer qui exprime la violence et entre le mot abîme qui signifie profondeur. Cette profondeur de l’abîme installe déjà un univers ténébreux au sein du poème. En outre l’adverbe « aussi bien que » est issu du domaine de la rhétorique au même titre que la conjonction de coordination « car » vers 4. Ces outils rhétoriques font du poème une démonstration. Il s’inscrit dans le style baroque qui attachait une grande importance au langage rhétorique. On parlait par exemple de musique baroque « rhétorique ».
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