A une passante, Baudelaire
Dissertation : A une passante, Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar chacha77170 • 3 Juin 2018 • Dissertation • 1 380 Mots (6 Pages) • 4 441 Vues
Lecture analytique 6 : « A une passante » de Baudelaire
- Problématiques possibles : Comment se poème permet-il à Baudelaire de tirer l’éternel du transitoire ?
Que représente la passante pour Baudelaire ?
En quoi la forme poétique sert-elle le but de l’auteur ?
Dans quelle mesure ce poème rend-t-il compte de l’opposition baudelairienne entre spleen et idéal ?
Eléments introduction :
- Auteur : Charles Baudelaire. Grand poète du 19ème siècle, très cultivé, regorgeant de vocabulaire, aux multiples talents, en opposition avec les codes moraux de son époque et poète de la modernité (aborde de nouveaux thèmes). Mouvement littéraire= aucun. Nourrit par le romantisme et, rejette le naturalisme et le réalisme. Inspire le Symbolisme. Baudelaire a aussi écrit : le Spleen de Paris et Les Fleurs du mal dont est extrait ce poème.
- Texte : Baudelaire fait le récit d’un coup de foudre avec une passante (titre) à la manière d’un roman. (La poésie accorde souvent à la femme le statut de muse. Objet de l’amour ou de l’admiration du poète, elle est source d’inspiration : de sa vue ou de sa pensée, naît le poème.)
- Le récit d’une rencontre bouleversante
- Le discours narratif
Pas simple expression des sentiments pour raconter la fameuse rencontre avec cette femme, il emploie un discours particulier→ le discours narratif (sert à raconter des événements).
- Emploie des temps du passé comme l’imparfait + passé simple.
- Présence d’un narrateur, Baudelaire pronoms « moi » v.1 et 6 + « je » v.6.
- 2 parties : les 2 quatrains= apparition, description de la femme et coup de foudre. Les 2 tercets= regret et désespoir.
- Apparition de la femme v.3→ seul et unique personnage protagoniste de ce poème.
- Cadre spatial= Ville moderne et bruyante (on devine que c’est Paris car on est dans « Tableaux parisiens »). Rue= lieu hostile + agressif→ personnification « rue qui hurlait » v.1 + renforcé par l’adj « assourdissante » = 1/3 de l’Alexandrin + allitération en [s] désagréables. Cadre du sonnet= hostile. A l’opposé, l’apparition d’une passante→ efface tout le bruit environnant.
- « La rue » = synecdoque (= variété de métonymie qui consiste à élargir ou restreindre le contenu sémantique d’un mot.) de la foule v.1 (ou simplement métonymie).
- L’adverbe « autour » + verbe « hurlait » v.1 entourent le pronom « moi » = Baudelaire opprimé, encerclé.
- Le point de vue et la narration interne permettent de mieux voir la scène à travers le regard de Baudelaire.
- L’apparition de la passante
Une passante apparaît, majestueuse, laissant un sentiment de perfection au poète. Seule source de douceur dans ce brouhaha.
- La description de la passante suit le regard de Baudelaire. D’abord silhouette (« Longue, mince, en grand deuil » v.2, puis geste de la main « d’une main fastueuse » v.3 qui rime avec « majestueuse », puis la métonymie « le feston et l’ourlet » v.4 désigne la robe et qui est renforcé par les 2 participes présents « soulevant, balançant » = en mouvement + geste ample et balancés + l’allitération en « s » et l’assonance en « an » font entendre le bruissement des tissus (« soulevant, balançant le feston et l’ourlet). Enfin, sa jambe « sa jambe de statue » v.5 renvoie à une œuvre d’art→ description méliorative de la femme + perfection physique.
- Apparition femme v.3, retardé par énumération d’adjectifs v.2 suspend ainsi le lecteur au regard du poète qui voit la femme s’approcher.
- Adj « majestueuse, fastueuse » = longs= place importante de la femme au sein du vers.
- Associée au champ lexical de la douceur, de la souplesse : majestueuse/fastueuse/soulevant/balançant/agile.
- Le deuil la rend belle. Oxymore « douleur/majestueuse » v.2. Noir= élégant→ sublimée par sa douleur.
- On peut noter que la femme est d’une beauté moderne « longue et mince ». Contraire des tableaux→ femmes rondes.
- « Jambe de statut » et « agile » : deux qualités presque opposées, qui évoquent une beauté parfaite.
- C’est une femme fatale.
- L’éloge de la femme
- Un poète subjugué
Baudelaire est fasciné par l’apparition de la passante qui incarne son idéal de beauté.
- V.6→ apparition brusque du poète avec le « Moi » isolé en début de vers.
- « Extravagant » = marginal, à l’écart.
- Rythme haché du v.6 et 7→ traduit émotion forte intérieur + troublé.
- L’adjectif « crispé » au milieu du vers + allitérations en « cr », « tr » insistent sur sa paralysie + « autour de moi » v.1→Baudelaire est paralysé, stupéfait face à cette femme.
- Antithèse v.8 « la douceur qui fascine/ et le plaisir qui tue » = sentiments destructeurs, attiré mais il a peur. Antithèse « ciel livide » et « ouragan » montre l’ambigüité de la femme qui le fascine.
- Fascination v.6,7,8 = être absorbé tout entier, perte de capacité de réflexion→ péjoratif + allitération en « s » v.7 et 8 qui souligne douceur et fascination.
- La passante le fait « renaître » v.10 par son regard (décrit v.7).
- L’expression « fugitive beauté » confirme cette image d’une femme incarnant pour Baudelaire l’Idéal féminin.
- Le coup de foudre
Le coup de foudre éveille des sentiments destructeurs puissants chez Baudelaire et créer une perturbation, un déséquilibre.
- Eclair= métaphore du coup de foudre de Baudelaire.
- L’hémistiche du v.9= rupture dans le poème→ c’est le coup de foudre. On passe du discours narratif au discours indirect libre.
- « Tue » de la fin 2ème quatrains et « renaître » fin du tercet suivant= contradictoire.
- V.7 métaphore « œil » et « ciel livide ».
- V.8 antithèse + paradoxe non ? douceur= plaisir mais = « qui tue » ??
- « Un éclair… puis la nuit » = moment du coup de foudre, analogie avec « éclair ». Les pts de suspension « … » = ébahi, sous le choc, troublé + ellipse. L’éclair= l’illumination de Baudelaire par l’apparition de cette incarnation de la beauté tandis que la nuit= solitude et détresse du poète + antithèse « éclair » et « nuit ».
- Ponctuation expressive= poète perturbé + accumulation v.12
- Allitérations en « t » v.12-13-14 accrochent, attirent l’œil sur la femme et qui contraste avec assonances douces en « ou » « en », « eu » du 1er quatrain.
- Le poète entre Spleen et Idéal
- Le bonheur impossible
- Espoir fou v.11 avec « ? »→ modalisation, l’auteur porte un jugement sur ce qu’il est en train de dire. Marque un espoir infini, puis, désespoir total v.11 jusqu’à fin.
- « Jamais » en italique= insiste + connote l’idée de fatalité.
- Ponctuation expressive.
- « Renaître » rime avec « peut-être » suivis par l’explication « car… ».
- Chiasme v.13= insister sur le fait qu’ils ne vont pas se revoir. « Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais ». La position des 2 pronoms opposée, séparés par la construction→ montre que leur chemin se séparent.
- « Passante » cf titre = pas destinée à rester.
- Lui= crispé, immobile, privé de sa mobilité→ n’agis pas. Elle= en mouvement « une femme passa », « balançant le feston et l’ourlet », c’est une passante.
- Champ lexical de la fugacité : ouragan/tue/éclair/fugitive/soudainement/jamais.
- Opposition entre « furtive » v.9, et « éternité » v.11→ soudaineté de la disparition de la passante + recherche de celle-ci dans le futur.
- Champ lexical du lieu imprécis (dernier tercet) : ailleurs/loin d’ici/où tu fuis/où je vais=bonheur impossible.
- Le regret et le désespoir
Mais l’espoir qui était né, de retrouver cet idéal de beauté, s’amoindrit rapidement et le dernier tercet laisse entrevoir une certaine forme de désespoir.
- V.14 « j’eusse aimé » = subj. imparfait→ mode de l’incertain, irréel du passé, ici regret.
- Poème se termine par « Ô toi qui le savais »→ il l’accuse de l’ignorer + interjection « Ô »X2.
- Dernier tercet marque le désespoir du poète.
- Polysémie du verbe « passer ». 1er sens = mouvement volontaire, verbes d’action. 2ème sens= métaphore du temps qui passe. Ici désespoir.
- Baudelaire laisse libre recours à son lyrisme en s’adressant à une passante disparue fin du sonnet.
Conclusion : Dans ce sonnet, Baudelaire raconte une histoire vouée à l’échec avant même d’avoir pu se construire. Opposition entre Spleen et idéal. Le poème représente l’image d’une femme à la fois séductrice et destructrice et Baudelaire, désespérer tente désespérément de retrouver cette incarnation de la beauté.
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