Le Pouvoir du Corps
Fiche : Le Pouvoir du Corps. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lezza • 30 Mai 2019 • Fiche • 361 Mots (2 Pages) • 603 Vues
LE POUVOIR DU CORPS
Lisbeth GRUWEZ
It's going to get worse and worse and worse, my friend
du 18 novembre au 20 novembre au Pôle sud
Lisbeth Gruwez, artiste belge d’abord reconnue comme l’interprète du fameux solo de Jan Fabre Quando l'uomo principale è una donna, devient par la suite une chorégraphe développant son propre langage dansé avec le compositeur Maarten Van Cauwenberghe. Dans le cadre de l’intérêt récent de la danse pour les discours politiques, la pièce de Lisbeth Gruwez relève le défi de les concrétiser dans un vocabulaire corporel afin de montrer la véritable vigueur, non seulement des paroles des orateurs comme Hitler ou Mussolini, mais aussi de leur corps, de leurs gestes.
Le silence ouvre la danse, invitant la souplesse du maintien et la mollesse du bras à le suivre. La scène appartient à l’orateur aux gestes sobres, incarné par Lisbeth. Un mot suivi d’un autre, son éloquence et son ton séduisent l’auditoire en usant de gestes de persuasion et de violence. Le haut du corps reste davantage mobile que les jambes, car il mime le dynamisme oratoire. Comme affolée par la voix et les discours incessants, la danseuse semble être submergée par l’énergie étrangère et par la passion forcenée qui se dégagent. Les mots vifs percent la danse, éveillant une précision gestuelle attribuée au ballet classique.
Enfin, le discours s’interrompt, quasi en apesanteur, la danseuse laisse place aux réactions de l’auditoire happé et envahi par le pouvoir de la prose. L’adoration du prédicateur, qui s’exprime dans le silence, saisit le public et le conduit à un état de ravissement et d’extase. L’orateur ne réalise cependant pas qu’il cède aussi au pouvoir de ses propres paroles, de rage, son corps échappe à son contrôle. Il se met dans un état tremblant de transe hypnotique.
A travers l’interprétation corporelle, Lisbeth Gruwez révèle le pouvoir percutant des paroles qui non seulement envoûtent le public, mais s’attaquent aussi au corps de l’orateur même. Étant une interprète, elle devient à la fois spectatrice et actrice de sa création. It's going to get worse and worse and worse, my friend… suggère le tragique de la condition humaine, celui d’être un prisonnier dans son propre corps.
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