Normes et socialisation

La socialisation est un processus continu de construction de l’identité personnelle et professionnelle où normes informelles croisent normes formelles. Après avoir repéré et explicité ces différentes normes et les agents/acteurs qui les produisent, analysez leur influence dans le contrôle social

Introduction.

La socialisation est un processus d’apprentissage des normes et valeurs d’une société. Il est perpétuel ; il commence dès la naissance de l’individu jusqu’à sa mort. Il existe deux types de socialisation : la socialisation primaire, pendant l’enfance, où normes et valeurs seront intériorisés de façon durable et la socialisation secondaire, tout au long de la vie adulte, qui façonnera une reconstruction de l’identité de l’individu. Différentes instances vont participer à ce processus.

Pour vivre en société, il est primordial de connaître les normes sociales qui la régissent. Celles-ci peuvent être formelles, donc écrites et validées par l’institution telles que les lois, ou informelles, c’est à dire des règles qui ne sont pas énoncées mais que tout le monde suit, comme la politesse. Leur transgression conduit à la déviance, un comportement non conforme aux normes sociales établies. Cette notion est relative car elle peut être différente selon les sociétés. Elle n’est pas non plus péjorative puisque la déviance peut conduire à une évolution, à un changement des normes sociales.  Les sanctions négatives (amendes, prisons, jugement social) ou positives (récompenses, sourire), faites par les différentes institutions, existent pour prévenir ces comportements déviants et ainsi assurer le contrôle social.

Mais les normes sociales varient d’une société à une autre ainsi que dans le temps. Prenons l’exemple du crachat, décrit par Norbert Elias (2002) comme une pratique banale au Moyen Age mais qui aujourd’hui, est perçue comme un comportement dégoutant.

Comment l’individu devient-il un être social ?

Socialisation primaire et socialisation secondaire : explications de ces notions clés.

• La socialisation primaire.

La première instance qui participe à la socialisation primaire de l’enfant est la famille. Dès sa naissance, l’enfant va apprendre à vivre en société et à se conformer aux normes sociales. La deuxième instance sera l’école, enseignants et groupes de pairs. Le langage, la politesse, les manières de se tenir en société constitueront le bagage de l’individu pour son adaptation à la vie sociale.  Le comportement social n’est pas inné : je prendrais ici l’exemple des filles louves, Amala et Kamala, tiré de l’ouvrage de Lucien Malson, Les enfants sauvages. Ces deux jeunes enfants, retrouvés en Inde en 1920, auprès de loups, sont le résultat d’une socialisation que l’on peut appeler animale : elles lapent au lieu de boire, se déplacent sur les coudes ou sur les mains et les pieds, ne dorment que 4heures et n’ont pas appris à parler. Il faudra des années à Kamala ( Amala décèdera) pour acquérir les normes sociales en vigueur, exprimer ses émotions ou tout simplement parler pour se faire comprendre. Ses goûts vont aussi évolués, elle qui ne mangeait que de la viande, acceptera un biscuit et du lait.

Selon Norbert Elias, le couple parental a, depuis le Moyen-Âge, petit à petit acquis “la tâche exclusive du premier conditionnement”(Muriel Darmon, 2016). Mais avec l’évolution de la société et celle des normes, d’autres acteurs sociaux prennent part à ce processus. En effet, les transformations sociales de ces dernières décennies ont changé la sphère familiale. Par exemple, de plus en plus de femmes travaillent, ce qui a amené de nouveaux modes de gardes des enfants. Ainsi, en complément des parents et professeurs, les nourrices et assistantes maternelles de crèches participent désormais à la socialisation de l’enfant.

Le contrôle social, moyen dont dispose la société pour éviter la transgression des normes, se fera durant cette période par les instances participant à la socialisation primaire, afin d’éviter les comportements déviants. Les sanctions pourront être négatives (regard désapprobateur d’une mère envers son enfant malpoli) ou positives (encouragements de la part d’un professeur pour bonne conduite à l’école).  

• La socialisation secondaire

Celle-ci va débuter à l’entrée de l’âge adulte de l’individu. Celui-ci connaît désormais les normes sociales auxquelles il doit se conformer et qui ont forgé sa personnalité. Mais la socialisation secondaire, qui elle dure toute la vie, va lui permettre de se “reconstruire” une identité, personnelle et professionnelle. La socialisation primaire est contrainte, puisque les adultes dictent la conduite à l’enfant mais lors de la seconde, des acteurs sociaux divers vont permettre à l’individu d’acquérir de nouvelles normes sociales, par l’entrée dans le monde professionnel, les groupes d’amis, les associations, la religion, le mariage ou la politique. La socialisation primaire est une base, la secondaire en est le prolongement temporel.

Lorsque l’individu accèdera au monde professionnel, il devra apprendre de nouvelles conduites, règles afin de s’adapter à son nouvel environnement. Normes formelles (tenue adaptée, politesse) et informelles (respect du contrat de travail) se croiseront (notions vues plus loin) conduisant alors à de nouvelles manières pour s’assurer du maintien du contrôle social. Les sanctions évolueront aussi, pouvant conduire à un licenciement par exemple pour non-respect des normes établis par l’institution du travail.

La vie en couple est également un tournant dans le processus de socialisation secondaire. Se marier, avoir des enfants, complètent l’identité personnelle de l’individu et le transforme à son tour en une institution (création d’une famille). La vie conjugale est elle aussi régie par des normes, adaptée au nouveau rôle de l’individu : celui d’époux, puis de père. [Je ne m’attarderais pas sur les différents rôles de l’individu au cours de sa vie mais la socialisation primaire prépare à ces rôles par une socialisation active, quand l’enfant joue à la maman et au papa par exemple et par une socialisation passive, lorsque l’enfant interprète le comportement de ses parents.]

Les normes formelles et informelles, le contrôle social et la déviance.

• Les différentes normes sociales.

Les normes formelles sont des règles écrites, pouvant appartenir au cadre professionnel (contrat de travail), juridique (les lois) ou scolaire (règlement intérieur). Elles sont institutionnalisées et imposées par des groupes dominants dans la société (gouvernement, conseil scientifique...)

Les normes informelles sont des normes connues de tous mais non énoncées, relevant plus d’habitudes et de mœurs. L’exemple le plus simple est le fait de se saluer.

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