Dossier des pratiques professionnelles

Introduction

Le dossier des pratiques professionnelles (DPP) s'inscrit dans le domaine de compétence n°1 intitulé "Accompagnement social et éducatif spécialisé". Le DPP est un dossier qui traduit le cœur du métier de l'éducateur spécialisé avec les objectifs suivants : instaurer une relation, favoriser la construction de l'identité et le développement des capacités, assurer une fonction de repère et d'étayage dans une démarche éthique, organiser une intervention socio-éducative individuelle ou collective, animer la vie quotidienne.

J'ai donc choisi de présenter deux situations qui se déroulent respectivement dans un Espace Dynamique d'Insertion, accueillant des adolescents en rupture scolaire/professionnelle et sociale, et dans un foyer d'hébergement (FH) accueillant des adultes en situation de handicap mental (déficience légère à moyenne) avec ou sans troubles associés.

Mon écrit s'appuie donc sur  deux stages d'une durée respective d'environ un an et cinq mois. Durant mes stages, j’ai pu découvrir les différentes formes d’accompagnement individuel. Mon statut de stagiaire m’a permis d’en observer tous les intérêts, et d’en mettre en place auprès des usagers que j’ai rencontrés durant mon parcours. J’ai remarqué les répercutions de l'accompagnement individualisé sur la personne accompagnée. En effet, ces accompagnements vont faciliter aux usagers l’atteinte des objectifs fixés par leurs projets individuels. Par exemple, une personne ayant besoin d'avoir confiance en elle, atteindra plus facilement cet objectif en étant en individuel qu'en groupe. Ce qui m'amène à me poser la question suivante : "Comment l’accompagnement individualisé mis en place par l’éducateur permet-il à la personne handicapée, ou au jeune en situation de rupture scolaire/professionnelle et sociale, d’atteindre les objectifs de son projet individuel ?"

Je commencerai par une partie théorique afin de définir l'accompagnement individualisé. Je poursuivrai par la présentation des deux institutions où se déroulent les situations que j'ai choisies pour illustrer mon mode d’intervention dans le cadre de l’accompagnement individualisé. Je terminerai avec une réflexion sur la transversalité de la pratique éducative qu'est l'accompagnement individualisé.

1. La notion d’accompagnement

•  Tentative de définition de l’accompagnement

« Accompagner, de compagnon (com-pane), c’est partager le pain, c’est en quelque sorte revenir au contrat idéal, celui où la seule ressource rare, la nourriture nécessaire, est divisée équitablement entre les compagnons. Image archétypale de l’Evangile, le partage du pain suppose une communauté de destin. La dimension étymologique de l’accompagnement est présente au moins comme symbole si ce n’est comme éthique dans l’action sociale (une sorte de désir transcendant les conditions effectives des acteurs. Au quotidien, l’accompagnement se traduit, plus souvent que ne l’envisage les manuels techniques ou les consignes officielles, par des actions microsociales qui s’apparentent au partage du pain. L’acte ou le processus interactif de comprendre ou de faire comprendre exige des relations de proximité où l’échange s’effectue dans une sphère affective, « un moment vécu en commun », un partage fictif mais intense et vécu comme « vrai » par les protagonistes. »^[1]

En prenant appui sur la définition précédente, donnée par Le Dictionnaire Critique d’Action Sociale, on comprend qu’il s’agit d’aller quelque part avec quelqu’un, de faire en sorte qu’une décision (politique ou économique) soit suivie et soutenue, ou d’aider un mourant à surmonter ses maux et ses peurs.

On peut également en déduire que les notions de cheminement, de suivi, de soutien et de partage sont des composantes essentielles de l’accompagnement. Elles introduisent de fait dans la dimension de travail différentes positions professionnelles qui permettent d’être à côté de, de faire et vivre avec, entre autres dans le but d’apaiser l’inquiétude des « usagers, éduqués », qui ne sont que nos semblables en situation difficile.

L’accompagnement fait donc partie des missions de l’éducateur spécialisé, et comme les autres missions qu’il a à accomplir, l’accompagnement s’appuie sur une relation qui, en plus, se doit d’être éducative.

Maela Paul, docteur en Sciences de l'éducation, écrit qu’accompagner, c’est se « joindre à quelqu’un pour aller où il va en même temps que lui »^[2]. L’accompagnement a pour objectif, la socialisation et le développement d’une personne autonome. Il s’agit d’actions accomplies avec l’autre, de prises de décisions ensemble, partagées.

Par le biais de l’accompagnement, l’éducateur vise la relation. En effet, le professionnel va permettre à la personne accompagnée de s’exercer avec lui. Il va énoncer son problème, identifier ses ressources, celles qu’elle doit acquérir et chercher ensemble les solutions qui lui permettront de pouvoir agir. C’est grâce à l’accompagnement que nous pouvons évaluer les difficultés des usagers.

Si un usager se sent suffisamment épaulé grâce à un accompagnent de proximité, il sera plus facile de travailler par la suite, les différents objectifs de son projet personnalisé. Dans cette démarche, son adhésion est essentielle, car l’objectif de l’éducateur est de le rendre au quotidien acteur dans cette dynamique d’accompagnement. « Accompagner » un usager, c’est en quelque sorte lui « apprendre à apprendre ». C’est-à-dire, lui donner les moyens d’apprendre à se connaître, de pouvoir repérer ses ressources et ses potentiels. Si la capacité à apprendre est innée chez l’homme, le "savoir apprendre" lui, est une compétence complexe qui nécessite d'acquérir une méthodologie d'apprentissage, et d'accepter de modifier ses représentations sur l'apprentissage, et parfois même ses représentations de soi. Cette compétence est néanmoins essentielle car elle favorise la réussite et mène à une véritable autonomie.

1. Situation n°1

1. Contexte d’intervention

• Le foyer d’hébergement

Le foyer d’hébergement dans lequel j'ai effectué mon stage est géré par une association loi 1901 à but non lucratif.  Elle se compose de trois structures, un foyer de vie, un foyer d'hébergement, et un établissement ou service d'aide par le travail, tous trois sous la coupe d'une même direction.

J'ai travaillé au sein du foyer d'hébergement, structure régie par la loi du 11 Février 2005 pour l'égalité des droits et des chances des personnes en situation de handicap. Cette structure accueille 30 personnes en situation de handicap mental, ayant une déficience mentale légère à moyenne avec ou sans troubles associés à partir de l'âge de 18 ans. Ces adultes ont une orientation pour travailler en établissement ou service d’aide par le travail (ESAT) et être accueillis dans une structure d'hébergement.

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