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Dans quelle mesure l'art de bien parler implique-t-il un rapport de force ?

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Par   •  11 Octobre 2024  •  Compte rendu  •  639 Mots (3 Pages)  •  54 Vues

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                Essai philosophique

Dans quelle mesure l’art de bien parler implique-t-il un rapport de force ?

Dans cet extrait du « Gorgias » de Platon, rédigé vers 380 avant J.-C, Socrate, maître

de Platon, et Gorgias, célèbre sophiste, parlent de la rhétorique. Celui-ci la décrit comme

étant « le bien suprême », « le pouvoir de persuader par ses discours ». Il défend l’idée que

l’orateur peut faire de son auditeur son « esclave ». L’art de bien parler implique en effet

un rapport de force entre celui qui parle et celui qui écoute dès l’instant où une forme de

supériorité se met en place de la part de l’orateur vis-à-vis de son auditoire. Cette

supériorité n’est pas forcément établie dans un but négatif. Dans le cadre d’un

enseignement, celui qui donne le savoir est nécessairement supérieur à celui qui le reçoit.

Par exemple, Cicéron dans ses « Catilinaires » avait pour but de faire prendre conscience

au peuple et aux sénateurs du danger que représentait Catilina pour eux. Il se positionnait

alors comme celui qui sait. Afin de rendre son discours plus percutant, plus captivant, en

somme, afin d’en faire le « plus magnifique » des « spectacles », comme il le dit dans son

« De oratore »,il maniait la rhétorique. La rhétorique, apparue dès l’Antiquité, est l’art de

manier la parole et les discours de la façon la plus habile possible. Mais si cette maîtrise

des mots et des émotions du public force l’admiration, elle est aussi inquiétante. En effet, si

l’orateur parvient à atteindre un pouvoir de persuasion tel qu’il peut convaincre « juges »,

« sénateurs » et « citoyens », cela signifie également qu’il peut persuader n’importe qui de

n’importe quoi, y compris d’idées totalement fausses, de mensonges, ou de théories

erronées. Un avocat possédant cette maîtrise de la rhétorique serait alors en mesure de faire

passer pour innocent un dangereux criminel. Sans atteindre de telles extrémités, et en

jetant un œil du côté de la littérature, on ne peut que penser aux « Liaisons dangereuses » de

Choderlos de Laclos, dans lesquelles le vicomte de Valmont ainsi que la marquise de

Merteuil, passés maîtres en l’art de manipuler, sous couvert de séduction, par la paroles,

détruisent les vies ou les réputations de ceux qui les entourent, causant même la mort de la

pieuse Mme de Tourvel. La parole parvient alors à venir à bout des idéologies religieuses

les plus fortes. Ce rapport de force dont nous parlons peut aussi devenir un moyen d’assouvir

sa volonté de pouvoir. Dès lors, le discours n’est plus rédigé dans le but d’instruire ou de

s’adresser à un auditoire, mais dans celui de dominer, d’asseoir son influence sur son public.

Cependant, ce rapporte de force n’est pas toujours nécessaire. En effet, un orateur peut

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