Rimbaud, les cahiers de douai
Compte rendu : Rimbaud, les cahiers de douai. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar frobert30 • 23 Janvier 2024 • Compte rendu • 1 810 Mots (8 Pages) • 3 049 Vues
SUJET DISSERTATION
« Rimbaud est un barbare. Son but : détruire l’ordre classique et, sur les ruines du temple, bâtir du nouveau », écrit Sylvain Tesson dans Un été avec Rimbaud, 2021.
Dans quelle mesure cette remarque peut-elle s’appliquer aux choix thématiques et esthétiques des Cahiers de Douai ?Vous répondrez en vous appuyant sur les Cahiers de Douai, mais aussi sur des textes tirés d’autres oeuvres poétiques ainsi que sur vos lectures et votre culture personnelles.
Au XIXieme siècle, en plein coeur du symbolisme, une nouvelle forme de poésie se crée, plus provocatrice : une poésie qui s’émancipe. Arthur Rimbaud est l’un des créateurs de ce mouvement nouveau. Sylvain Tesson déclare même dans son podcast Un été avec Rimbaud en 2021: « Rimbaud est un barbare. Son but : détruire l’ordre classique et, sur les ruines du temple, bâtir du nouveau »On peut alors se demander dans quelle mesure la réflexion de Tesson a raison d’affirmer que Rimbaud cherche à créer sa propre voix au travers d’une poésie encore très codée. Il conviendra de voir d’abord que la poésie du poète relève d’une émancipation certaine quand aux mouvements classique de son époque et que Rimbaud parvient à la renouveler mais qu’il reste néanmoins rattaché à cette dernière.
Tout d’abord, le poète s’insurge contre le monde et utilise la poésie comme une arme de dénonciation, il mène un combat à ses côtés. Avec un caractère rebelle, il cherche à remettre en cause l’ordre social. Il dénonce la politique de son époque dans « Le dormeur du Val » ou encore « Rages de Césars » où il fait la caricature de Napoléon III et la critique de la guerre. La remise en question des véritables intentions d’une religion hypocrite est également abordée dans les poèmes « Le Tartuffe » ou encore « Le Mal » où est faite la dérision d’« un Dieu qui rit aux nappes damassées ». Alors, le Rimbaud révolté choque et se positionne tel un « barbare » face à la société classique en sortant des cases qu’elle lui impose et en se rebellant.
On peut notamment affirmer que Arthur Rimbaud cherche d’une manière déterminée à défier les codes de la poésie classique. Il commence donc par modifier le rythme de l’alexandrin, il pousse jusqu’à disloquer celui-ci. S’il conserve l’alexandrin, c’est pour mieux en briser le rythme. Il accumule enjambement, rejets, et contre rejets dans ses poèmes. Dans « Rages de Césars », ces procédés sont nombreux et donnent une nouvelle dimension à la musicalité des vers. Ainsi, on peut appuyer le fait que Rimbaud ne respecte que très peu les lois du genre et cherche à bousculer la tradition poétique.
De fait, il défie les règles de la poésie classique en ne respectant pas la forme habituelle des poèmes traditionnels. Il use d’une versification libre comme on peut l’observer dans le poème « Soleil et Chair » se rapprochant des poèmes en prose où il mélange, scinde et sépare les vers et les strophes comme dans son recueil Illuminations, où les poèmes sont également écrits en prose et dépassent ces règles. C’est pourquoi, on peut observer que Rimbaud met en place un décalage particulier avec la poésie de l’époque.
De plus, les mots, porteurs d’idées et d’images, sont une clé puissante pour composer une œuvre amenant à marquer les esprits. C’est ainsi que Rimbaud choque. Il use dans ses poèmes d’un langage cru parfois grossier, reflet des pensées de ce jeune homme rebelle de tout juste dix-sept ans. L’exemple type en est le poème « Venus Anadyomène » ou il peint le portrait d’une femme sortant de son bain, malade et laide, avec tatoué sur ses reins « Clara Venus ». Son dernier vers, « Belle hideusement d’un ulcère à l’anus », rimant avec « Venus » offusque rapidement la société de l’époque, heurtée. Considéré presque comme une comparaison avec la déesse, c’est un chamboulement total. Le poète jongle avec les mots et les considère comme des armes tranchantes permettant de choquer et de blesser l’opinion sociale. En utilisant ce vocabulaire déplacé, Rimbaud s’émancipe directement des lois classiques de bienséance sociale et hestétiques de son temps.
Grâce à cette émancipation vis à vis des règles de la poésie traditionnelle, le poète construit des bases solides afin de pouvoir se faire entendre.
Tout d’abord, au cœur de ses poèmes, Rimbaud ne respecte pas forcément les règles de la poésie classique, au contraire, il la défie en quelque sorte. Par le fait, « Les réparties de Nina», poème racontant une balade fictive à la campagne entre le jeune Rimbaud et une jeune fille : « Nina » connu pour sa célèbre réplique « Et mon bureau ? », ne se présente pas sous la forme habituelle d’un poème classique, bien au contraire : il est rédigé sous une forme de monologue ou seul le poète parle. Construit en strophes de quatre vers, cette nouvelle façon d’écrire est propre a Rimbaud qui commence ainsi à changer la manière de percevoir la poésie mais également la manière dont celle-ci se dessine. Comme il décrira plus tard en 1973, dans Une saison En enfer, « avec des rythmes instinctifs, je me flattai d'inventer un verbe poétique ». Cela annonce la futur poésie d’Apollinaire, influencé par Rimbaud, elle aussi nouvelle et libre, avec l’invention du Calligramme.
En outre, le poète utilise ses émois amoureux afin de remettre en question la définition de l’amour. En effet, il tourne en dérision les codes de la poésie amoureuse et les réécrits à sa manière. Il donne ainsi une nouvelle dimension à la poésie amoureuse en faisant l’éloge d’une sensualité heureuse comme on peut le voir
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