Supplément De Voyage De Bougainville Commentaire

Supplément au Voyage de Bougainville　(1772) de Diderot, est une œuvre de fiction rédigée au siècle des Lumières par l’un des pères de l’Encyclopédie. Il commence comme un dialogue philosophique entre deux personnages anonymes, A et B, dont l’un prétend qu’il a eu accès à une partie inédite de l’œuvre du navigateur Bougainville, Le Voyage autour du Monde, publié en 1771. Ce dernier ayant été présenté de façon positive dans le premier chapitre, le lecteur est surpris de le voir tant critiqué　: c’est que, malgré ce que lui reproche Diderot, il ne veut pas le caricaturer et prend en compte les qualités du navigateur. Ce dernier a d’ailleurs été enchanté par la découverte du mode de vie tahitien, et a participé à l’idéalisation de la vie « sauvage », mais il a été choqué par les sacrifices humains et a mis en évidence la hiérarchie sociale que Diderot gomme volontairement dans son Supplément.

Dans cette longue tirade, un vieillard indigène, symbole de sagesse, interpelle Bougainville avec véhémence après s’être adressé aux siens. Il s’insurge contre les méfaits de la venue du navigateur sur son île Tahiti et en tire le bilan au moment du départ de l’expédition. Porte-parole de l’auteur, il fait le procès en règle du « colonialisme » et du prétendu esprit de civilisation dont Bougainville serait porteur. Comment Diderot s'y prend-il pour faire prendre conscience de la barbarie des Européens colonisateurs ? Si le ton polémique d’un réquisitoire ou d’une diatribe est continuellement présent, c’est aussi pour mettre en valeur, comme un plaidoyer, la civilisation tahitienne comme contrepoint aux comportements néfastes des envahisseurs.

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