Ronsard, Sonnets Pour hélène
Documents Gratuits : Ronsard, Sonnets Pour hélène. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ssarahr • 29 Juin 2013 • 952 Mots (4 Pages) • 1 120 Vues
Les habitants de Paris sont d'une curiosité qui va jusqu'à l'extravagance. Lorsque j'arrivai, je fus regardé comme si j'avais été envoyé du ciel: vieillards, hommes, femmes, enfants, tous voulaient me voir. Si je sortais, tout le monde se mettait aux fenêtres; si j'étais aux Tuileries, je voyais aussitôt un cercle se former autour de moi; les femmes mêmes faisaient un arc-en-ciel nuancé de mille couleurs, qui m'entourait. Si j'étais aux spectacles, je voyais aussitôt cent lorgnettes dressées contre ma figure: enfin jamais homme n'a tant été vu que moi. Je souriais quelquefois d'entendre des gens qui n'étaient presque jamais sortis de leur chambre, qui disaient entre eux: Il faut avouer qu'il a l'air bien persan. Chose admirable! Je trouvais de mes portraits partout; je me voyais multiplié dans toutes les boutiques, sur toutes les cheminées, tant on craignait de ne m'avoir pas assez vu.
Tant d'honneurs ne laissent pas d'être à la charge: je ne me croyais pas un homme si curieux et si rare; et quoique j'aie très bonne opinion de moi, je ne me serais jamais imaginé que je dusse troubler le repos d'une grande ville où je n'étais point connu. Cela me fit résoudre à quitter l'habit persan, et à en endosser un à l'européenne, pour voir s'il resterait encore dans ma physionomie quelque chose d'admirable. Cet essai me fit connaître ce que je valais réellement. Libre de tous les ornements étrangers, je me vis apprécié au plus juste. J'eus sujet de me plaindre de mon tailleur, qui m'avait fait perdre en un instant l'attention et l'estime publique; car j'entrai tout à coup dans un néant affreux. Je demeurais quelquefois une heure dans une compagnie sans qu'on m'eût regardé, et qu'on m'eût mis en occasion d'ouvrir la bouche; mais, si quelqu'un par hasard apprenait à la compagnie que j'étais Persan, j'entendais aussitôt autour de moi un bourdonnement: " Ah! ah! monsieur est Persan? C'est une chose bien extraordinaire! Comment peut-on être Persan? "
A Paris, le 6 de la lune de Chalval, 1712
Annonce des axes
Etude méthodique
I - Les marques de l'épistolaire
a. les indices d'énonciation
- locuteur et destinataire " Rica à Ibben, à Smyrne "
- pas d'entête
- lieu d'énonciation, date (dans le calendrier persan) + année
- remarque : fiction romanesque ramène fin du règne de Louis XIV
- indice " je ", le locuteur est extrêmement présent, très impliqué <-> importance de l'anecdote personnelle
b. des qualités de conteur
- récit avec un certain humour
- il fait un récit en se moquant de lui-même dont la célébrité ne le rend pas orgueilleux
- énumération, parallélisme " si j'étais… ", comparaison
c. distanciation
- narrateur à distance fait sentir par l'humour et l'ironie qu'il n'est jamais dupe
- On voit que le personnage est suffisamment lucide et sage pour faire l'expérience de changer d'habit pour voir les réactions et faire ressortir le caractère infantile des Parisiens <-> réflexion scientifique
II - Le thème du regard
Le Persan a l'art de raconter, deux aspect du regard porté sur lui, lui permettent d'arriver à une conclusion.
a. le Persan regardé
- champ lexical du regard : " vu ", " voyait " souvent employé au passif, il subit donc tous les regards, marque d'impolitesse
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