Le sport menace-t-il la beauté de la femme ?
Dissertation : Le sport menace-t-il la beauté de la femme ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar hafed94 • 13 Février 2013 • Dissertation • 477 Mots (2 Pages) • 1 163 Vues
Le sport menace-t-il leur beauté ? », question récurrente se conjuguant exclusivement au féminin : « Il n'y a rien de plus beau au monde qu'une Mary Decker qui court. Ses adorables jambes, qui eurent à juste titre les honneurs d'un grand magazine américain, engendrent une foulée qui demeure sans cesse élégante et racée, même au plus profond de l'effort1.» La sportive est tenue de faire la démonstration (sinon la preuve) de son identité en usant des artifices propres aux femmes : cheveux mis en forme, bijoux, maquillage ou ongles vernis (comme ce fut demandé à toutes les participantes de la Grande Boucle - le Tour de France féminin - en 1999). Par ces signes, de surface, mais donnés comme constitutifs de la féminité, les sportives peuvent espérer être perçues pour ce qu'elles sont et aussi pour ce qu'elles font. Manqueraient-ils2, que se déchaînent volontiers la suspicion, l'inquiétude et une violence verbale à peine contenue.
A bien regarder les marginalités tolérées et celles qui ne le sont pas, deux terrains d'expression de la virilité se dégagent : l'un fait de connaissances et de savoir-faire, l'autre, plus « personnel », fait d'usages et d'images du corps - l'un et l'autre caractérisant l'homme dans son rapport aux autres, aux objets, au monde extérieur. Les femmes peuvent, sans trop déroger, s'approprier certaines préroqgtives3 du premier (voir la reconnaissance de Florence Arthaud, Michèle Mouton, Catherine Destivetle4), mais elles violent un tabou quand elles s'arrogent certains aspects du second (boxeuses, lutteuses, joueuses de rugby demeurent invisibles dans les médias). Elles subissent alors un procès de virilisation, qui demeure d'actualité dans le sport quand ailleurs il est tombé en désuétude5. Comme les écrivaines et artistes d'autrefois, dès que des femmes sortent des espaces et des rôles qui leur sont strictement assignés, elles sont désignées comme masculines, « viriles », voire asexuées. Rompant avec le rôle imparti aux femmes, elles ne peuvent que se masculiniser. [...] Le sport réclame de « vraies » femmes et de « vrais » hommes au sens le plus classique.
Or la pratique sportive amène la question de la ressemblance voire de la confusion entre hommes et femmes. Ici, le corps n'est jamais évacué. Il est le vecteur premier où s'inscrit l'identité de chacun. Le corps du sportif est agissant, donné à voir, vu et perçu. A travers cette représentation des corps, le sport devient le lieu où se joue l'imaginaire de l'Autre. Une masculinité et une féminité dessinées par leurs différences les plus accusées s'y expriment et s'y mettent en scène. Le sport veut et forge des femmes idéales, belles pour (le) séduire, de même que des hommes idéalement virils, c'est-à-dire forts ou courageux pour (la) conquérir. Les pratiques, les images et les discours du sport ont ce point commun : c'est l'image qu'elle donne à voir d'elle-même qui fait la femme, comme c'est l'action qui fait l'homme.
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