Définition du terme accompagnement
Analyse sectorielle : Définition du terme accompagnement. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mursau • 6 Avril 2015 • Analyse sectorielle • 2 424 Mots (10 Pages) • 785 Vues
1) Définition du terme accompagnement
Ce mot est d’utilisation récente en Travail Social. Sa racine latine est : ad - mouvement cum panis - avec pain, c’est-à-dire, « celui qui mange le pain avec ».
Ce vocable renvoie également aux termes de compagnon et copain, qui sont utilisés pour signifier les liens de proximité entre des personnes. En espagnol, dérive aussi de cette racine le mot « compartir » qui veut dire partager. Accompagnant et accompagné partagent le pain, font côte à côte, ensemble, un bout de chemin...
2) Historique et évolution du terme
Le service social a utilisé différents « mots forts » au cours de son histoire pour désigner son « faire professionnel ». Les mots ne sont pas anodins ni neutres, ils reflètent bien les options et courants de pensée d’une époque donnée. Après, ils se chargent de connotations différentes de leur signification originelle, tombent plus ou moins en désuétude ou côtoient d’autres mots en se superposant.
Sans vouloir faire une étude exhaustive rappelons rapidement quelques évolutions des termes utilisés par le travail social :
Fin du 19e et début du 20e siècles le terme utilisé était assistance (l’assistance publique). On signifiait ainsi la volonté de la société d’assister, soutenir, un de ses membres lorsqu’il en avait besoin. Le terme assistance se différenciait alors de la charité et de la bienfaisance. Entre 1904 - 1930 apparaissent les termes aide et protection en rapport surtout avec l’enfance. C’est l’aide sociale à l’enfance, la protection des mineurs. Entre 1930 - 1945 le mot protection s’affirme, notamment avec en 1945 la protection maternelle et infantile. L’apparition du mot « suivi » date aussi de cette époque.
Le terme suivi veut dire « faire suite », suivre, marcher derrière. Il signifie aussi contrôler dans le temps de manière régulière et sans interruption. Il fait référence à la compréhension logique et à l’intérêt soutenu porté à une personne. A cette époque, le courant hygiéniste du service social est encore fort, et nécessaire. Ce terme de « suivi » a été directement emprunté du langage médical.
C’est après la deuxième guerre mondiale, entre 1946 et 1970 qu’apparaissent d’autres termes. Ils ne se substituent pas aux précédents, mais cohabitent. Apparaît ainsi l’expression « prise en charge » qui s’associe à la notion de poids, de fardeau, de difficulté. On parle aussi de « cas lourds », pour désigner souvent des familles à problèmes multiples. Dans la période de 1970 à 1985 deux nouveautés importantes : « approche globale » et « intervention ». Sous l’influence de l’analyse systémique, d’autres modes de définir le faire professionnel se font jour. L’approche globale désigne la manière de resituer l’acte professionnel dans un contexte social et institutionnel, et aussi une approche de la personne sous tous ses aspects psychologiques et sociaux. L’expression « intervention en travail social » a été attestée par son utilisation en 1980 dans le nouveau programme d’études préparatoires au DEAS de l’époque, on y parle de « Théorie et pratique de l’intervention en service social ». Une année après, la publication de mon livre « Méthodologie de l’intervention en travail social » confirme ce terme qui deviendra alors prédominant pour définir le faire professionnel. Le terme « accompagnement » apparaît entre 1985 et 1995, il n’a pas cessé de faire son chemin dans le vocabulaire des travailleurs sociaux.
Comme beaucoup d’autres termes, l’accompagnement a été initialement introduit par le milieu médical pour désigner l’aide aux mourants...Il rappelait la nécessité d’être à côté de...accompagner jusqu’au bout du chemin. Nous l’avons donc emprunté à la terminologie sanitaire.
Ce terme est utilisé aussi depuis une vingtaine d’années dans le domaine des sciences de l’éducation : on parle d’accompagnement pédagogique. D’autres termes sont utilisés aussi tels que tutorat, soutien, renfort, aide.
Tous ces termes se superposent, sont utilisés parfois de façon indifférenciée même si leurs nuances en disent long sur leur signification. Leur moment d’apparition traduit des courants essentiels de la société et les problématiques de certaines époques.
3) Avènement et conséquences
La notion d’accompagnement surgit vers le milieu des années 80 dans le travail social. Elle se développe à partir de différentes politiques sociales .
Son émergence peut être située dans le rapport WRESINSKI sur la grande pauvreté en 1987. L’accompagnement a aussi été utilisé dès les années 1980 par le secteur handicap (certains Centres d’Aide par le Travail se dotent de « services d’accompagnement et de suivi ») . Il sera pérennisé dans les dispositifs d’insertion (RMI 1989), de lutte contre le surendettement (loi NEIERTZ 1989), de logement (Loi BESSON 1990).
Mais pourquoi ce terme apparaît-il alors dans les différents textes de politique sociale ? L’accompagnement est porté très fort par le milieu associatif, luttant contre l’exclusion, pour signifier l’action des bénévoles auprès de personnes en grande difficulté.
Les politiques transversales ont inscrit dans la loi la notion d’accompagnement social nécessaire, mais elles ne spécifient pas à qui il est confié, ni quelles compétences doivent avoir les « accompagnateurs » du public. Un certain flou s’installe. Ainsi, le Dictionnaire Critique d’Action sociale spécifie que l’accompagnement sera confié « à ceux qui réalisent l’insertion sociale, professionnelle ou le maintien dans le logement, et peut être assuré par des TS mais aussi par des associations, des bailleurs sociaux, des CCAS ou d’autres organismes choisis par le maître d’oeuvre du dispositif... L’accompagnateur logement se dissocie, dans sa tâche et son rapport à l’habitant, des travailleurs sociaux locaux, censés rendre au quotidien d’autres services sociaux que cet accompagnement spécifique. »
Deux conséquences s’en suivent : Un saucissonnage des personnes : un problème = un accompagnement spécifique prévu dans chaque dispositif. C’est l’arrêt de mort de l’approche globale, centrée sur la personne, qui se trouve ainsi remplacée par des hypothétiques « référents » et une multiplicité d’intervenants chacun dans son domaine. Un sentiment de déqualification des professionnels qui se voient concurrencés sur leur territoire par des non professionnels et des bénévoles aux compétences et formations diverses. On a beaucoup parlé à l’époque des nouveaux
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