La Violence Scolaire

Introduction

Les élèves ont changé et l’école est toujours en pleine mutation. Ainsi, les enseignants doivent s’adapter à ce nouveau public devenu plus turbulent au fil du temps. La violence qui sévit dans nos sociétés a envahi les institutions scolaires malgré de nouvelles mesures pédagogiques prises afin d’appréhender au mieux cette nouvelle violence. Aujourd’hui, la violence verbale (bavardages, contestations, insultes, etc.) est plus présente que la violence physique (agitations, rackets, coups, bagarres, etc.). Mais cette dernière est bien réelle. Cette violence, qu’elle relève de l’ordre de l’incivilité, de l’indiscipline ou pis encore, inquiète le corps professoral. « L’école doit protection à ceux qui la fréquentent. » (Defrance 2003, p.7). L’école en plus d’être une institution aux savoirs est une institution à la loi. Quelles limites accorde-t-on à la violence dans les établissements scolaires ? Quelle est la place de l’enseignant dans cette inculcation de la loi ? Dans un premier temps, nous tâcherons de montrer d’où vient cette violence. Dans un deuxième temps, nous verrons que la discipline et l’autorité instaurées par les enseignants sont devenues deux des finalités de l’école. Enfin, dans un troisième et dernier temps, nous montrerons quelles solutions ont été ou peuvent être mises en place pour faire face à l’irrespect de la discipline et ces actes de violence.

I. Pourquoi cette violence ?

La violence fait partie intégrante de la nature humaine. Mais aujourd’hui, de plus en plus surmédiatisée, elle se libère aussi au sein de l’école. Notre société dite civilisée a du mal à l’admettre. « La République s’engage à protéger ceux qu’elle accueille et à honorer la confiance que les parents lui font en lui confiant leurs enfants chaque jour. » (Defrance 2003, p.7). Face à l’inquiétude des parents et des enseignants, les chercheurs en sciences humaines tentent de déterminer les causes de cet état de fait.

1.1. Une explication sociologique

La base de ces conflits est avant tout institutionnelle. Elle peut relever d’un facteur social, politique ou encore culturel. Elle ne constitue pas uniquement la cause de la violence, mais aussi ses conditions d’apparition.

Selon Bourdieu et Passeron, deux sociologues du XX° siècle, il y a un écart entre le capital culturel, familial et les demandes culturelles de l’école qui sont celles d’une classe dominante. Par ailleurs, celles-ci sont implicites et induisent une sélection sociale. Cette sélection sociale, non ouvertement reconnue, entraîne des tensions, de l’incompréhension et du mal-être pouvant conduire à certaines formes de violences scolaires.

Par ailleurs, le monde politique met un point d’honneur à ce que l’école donne à tous les mêmes chances de réussite. Or, les élèves sont issus de milieux sociaux, culturels, et intellectuels différents ; ils ne possèdent donc pas tous les mêmes ressources tant sur le plan matériel que sur le plan des acquisitions antérieures. Des difficultés se manifestent rapidement chez certains, et l’hétérogénéité se fait grandissante au cours de la scolarité. Un milieu peu favorable à la motivation de l’élève pour son travail scolaire n’est pas forcément pris en compte par l’enseignant qui évoque parfois à tort, le peu d’engouement de celui-ci. La taille de l’établissement et ses effectifs, le taux d’échec scolaire et la qualité de l’encadrement sont les trois causes majeures de l’apparition de la violence (Defrance 1998, p.98-100). Dans cette optique, la transcription des valeurs de la société sur celles de l’école favorise les inégalités à l’intérieur du même public scolaire, mettant à l’écart les enfants les

plus démunis. Cette mise à l’écart entraîne ces mêmes enfants à devenir les souffre-douleur, et/ou à se rebeller eux-mêmes.

Les sociologues évoquent aussi l’environnement et les influences externes qui favorisent l’émergence de la violence. La communauté dans laquelle vivent les élèves joue un rôle important jusqu’à l’intérieur même de l’école. En effet, la valeur attribuée à la violence peut varier d’une communauté à une autre, elle peut dans certains contextes être banalisée voire même favorisée. Dès lors, les actes violents vont s’inscrire dans une continuité, dans une reproduction de ce qui se passe à l’extérieur, sans même que les auteurs en aient conscience.

1.2. Une explication psychologique

Les principales causes de la violence se déclinent en facteurs externes et en facteurs internes. Ceux-ci interagissent et, plus les facteurs internes sont importants, plus l’élève va être vulnérable aux facteurs externes. Mais les troubles d’un enfant sont souvent le résultat d’un dysfonctionnement externe, qui en est le déclencheur.

Différents contextes participent à l’émergence de la violence : - contexte personnel : on entend par là les caractéristiques psychologiques et émotives de l’enfant ; - contexte familial : événements douloureux, carences affectives, maltraitances, maladies, décès… ; - contexte social : l’élève ne se sent pas reconnu socialement, il n’a pas le sentiment d’appartenir à un groupe. Il peut aussi porter en lui un malaise social vécu par sa famille ; - contexte sociétal : les élèves sont confrontés à de nombreux messages chargés d’agressivité, notamment via les médias. Celui subit quotidiennement par les enfants peut avoir une influence plus ou moins importante sur les élèves et leur conduite ; - contexte politique et économique : celui-ci a un impact sur l’atmosphère de l’école, sur les projets de l’élève et sur son ambition de réussite; sur l’avenir des individus au sein de la société. De ces différents contextes peuvent surgir des problèmes, des événements, des dysfonctionnements, qui peuvent être plus ou moins bien accueillis par les élèves. Les sentiments qui en découlent peuvent s’exprimer et ressurgir de différentes manières : l’agressivité, l’indiscipline détrônant l’envie de s’en sortir passivement.

1.3. Rôle de l’institution dans le déclenchement de la violence

Les élèves et l’école, son personnel, ses règles, ses usages sont en interactions permanentes. Les effets de celles-ci ont des conséquences sur l’attitude des élèves et sur les valeurs de l’établissement. Cette situation peut être plus ou moins bien vécue par les élèves.

L’adaptation de l’établissement aux attentes des élèves

...