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La communication par la violence et médiation en milieu scolaire

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Par   •  15 Octobre 2014  •  6 498 Mots (26 Pages)  •  2 398 Vues

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LA COMMUNICATION PAR LA VIOLENCE

ET MEDIATION EN MILIEU SCOLAIRE

Daniel MOATTI

Article original, publié après modifications dans la revue Communication & Langages, sous le titre

La Communication par la Violence..

Depuis dix ans les plans gouvernementaux de lutte contre la

violence urbaine, en général, et contre la violence scolaire, en

particulier, sont régulièrement lancés à grands fracas médiatiques.

Bien souvent, ces lancements font suite à des faits divers

dramatiques. En 1991 et 1992, les gouvernements de Michel

ROCARD, puis d’Edith CRESSON, partaient à la reconquête des

quartiers (sous-entendu des quartiers difficiles). C’était d’ailleurs le titre

de la revue « Service public1 ». Ce numéro consacré aux quartiers

défavorisés annonçait, en six articles, la mise en oeuvre d’un

programme de sauvetage social et politique des quartiers sensibles.

En mars 1996, François BAYROU, Ministre de l’Education nationale du

gouvernement BALLADUR, dévoilait son plan, en 1998 c’était le tour

de Claude ALLEGRE, ministre de l’Education nationale du

gouvernement JOSPIN. Gouvernement de la Droite, gouvernement de

la Gauche, et pourtant dans l’un comme dans l’autre cas, les

intéressés – élèves, enseignants, parents d’élèves – ne sont ni

convaincus, ni satisfaits par les résultats obtenus. Le sentiment

d’insécurité des acteurs du système scolaire est corroboré par les

analyses sociologiques.

Une enquête menée, pour le compte de l’Institut des hautes

études de la sécurité intérieure par Eric DARBIEU, chercheur à

1 Service public, La reconquête, revue du Ministère de la fonction publique

et des réformes administratives n°6 de septembre 1992.

2

l’Université de Bordeaux-II, signalait, en 1996, que 9% des élèves ont

été victimes du racket, sur l’ensemble du territoire français2. Ce

pourcentage peut atteindre 50%, dans certains établissements

réputés, « sensibles ». En mai 1999, la Fédération indépendante et

démocratique lycéenne (F.I.D.L.), a organisé une campagne « l’école

contre la violence ». Lors de leur assemblée des 15 et 16 mai 1999,

ses délégués n’ont pas été persuadés par l’argumentation de Claude

ALLEGRE, ministre de l’Education nationale, annonçant un recul de la

violence scolaire3. Cette méfiance semble justifiée puisque les services

de la police et de la gendarmerie ont recensé 3 565 525 crimes et

délits en 1998, soit une augmentation de 2,06%. Si les délits

économiques sont en baisse, par contre les atteintes aux personnes

paraissent en nette progression4. Mais qu’est-ce que la violence

scolaire, quels en sont les symptômes et les manifestations ?

La violence, un phénomène social

prenons la définition du Dictionnaire HACHETTE Encyclopédique

1998 :

«La violence est une force brutale exercée contre quelqu’un.

En droit, elle est définie comme une contrainte illégitime,

physique ou morale. »

Soulignons l’importance et l’égalité des deux termes « physiques » et

« morales ». Pour Louise-Marie MORFAUX, la violence est une

atteinte à la personne humaine. Cette violence peut s’exercer par la

personne contre elle-même, à l’encontre d’autrui ou provenir d’une

autre personne ou d’un groupe5.

Nous devons situer ces mots dans le contexte de socialisation

de l’enfant et de l’adolescent. Sur un terrain apparemment disponible,

le jeune découvre l’autorité incarnée par le père, la mère, l’enseignant6.

Cette autorité s’appuie sur des structures sociales telles que la famille

ou l’école qui possèdent des moyens de pression sociaux,

symboliques, affectifs ou institutionnels. De la socialisation découle un

apprentissage de la contrainte. Le groupe, famille ou système scolaire

impose par divers procédés l’intériorisation de règles communes.

2 Eric DARBIEU, C’est la culture d’établissement qui fait tenir l’édifice, Le

Monde du 31 janvier 1996, p.9

3 Richard BENGUIGUI, L’initiative de la FIDL contre la violence soutenue par

M.ALLEGRE, Le Monde du 18 mai 1999, p.11

4 Eric PELLETIER, Plus de violences contre les personnes, Le Figaro des 13

et 14 février 1999, p.1 et 7

5 Louise-Marie MORFAUX – p.384 à 385, Vocabulaire de la philosophie et

des sciences humaines, Armand Colin, 1980, 399p.

6 Philippe BRAUD – p.74 à 82, La science politique

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