DEAES Note de réflexion: Le toucher dans la relation d'aide

Sophie Biron

Note de réflexion : Le toucher

        Le toucher participe à la relation d'aide au quotidien dans l'aide à la toilette, ou les soins. Par le  toucher, on peut apaiser, encourager, contenir. Mais le toucher implique aussi l'intimité de la personne, et par des gestes maladroits et une posture non adaptée, il peut être mal vécu et source de maltraitance. Je propose de voir différentes approches du toucher et comment il est perçu au sein d'un foyer d'accueil et d'hébergement où résident des adultes avec un handicap mental léger à moyen. Dans quelles mesures le rapport au toucher peut-il conduire à des débordements ? Finalement, quelle est la posture adaptée pour un professionnel par rapport au toucher ?

        Le Foyer d'accueil et d'hébergement (FAH) est situé près d'un parc et du centre ville. Il occupe un bâtiment de 3 étages qu'il partage avec un foyer de vie (FV : 11 personnes) et un accueil de jour (AJ : 7 personnes). La plupart des 24 personnes qui résident au sein du FAH ont tous la reconnaissance de travailleurs handicapés et sont salariés dans un ESAT (Etablissement ou service d'aide par le travail) à plein temps. Trois personnes sont à mi-temps.  L'accompagnement se fait en dehors des temps de travail et les weekends.

        Le FAH est géré par APEI ouest 44 qui est une association Loi 1901 adhérant à l'UNAPEI (Association de Parents d'enfants inadaptés ainsi que leurs amis). APEI ouest 44 est implanté dans l'ouest de la France avec la gestion de plus de 500 établissement médico-sociaux. Le FAH soutient les valeurs de l'association qui est de promouvoir la dignité des personnes handicapées, le respect de leur expression propre et leur citoyenneté. Depuis la Loi du 2 janvier 2002, le FAH comme tous les acteurs médico-sociaux a signé à sa création une convention d'objectifs et de moyens avec le Conseil régional et l'Agence régionale de Santé (ARS). Il est financé par le Conseil régional.

        Les 24 personnes résidant au Foyer d'accueil et d'hébergement présentent des déficiences mentales qui pour la moitié sont liés au syndrome de Down qui est anomalie chromosomique qui survient pendant la période congénitale. Elle provoque principalement un retard intellectuel due à un déficit du développement cognitif qui peut varier selon les personnes. Celles-ci vont souvent avoir une désorientation temporo-spatiale. La plupart souffre aussi d' une hypotonie musculaire qui est un manque de tonus de la langue, des muscles du visage et de ceux de la mâchoire d'où la difficulté à articuler et donc à se faire comprendre. Elles peuvent aussi souffrir d'anomalie musculo-squelettiques. L'autre moitié des résidents du foyer a des troubles psychiatriques dont certains sont liés au syndrome de l'autisme ou à des troubles proches de la bi-polarité. Les personnes présentes ont toutes besoin d'être accompagnées pour le suivi de leurs soins de santé, l'organisation de leur vie sociale et administrative ainsi que pour la gestion de leurs finances.

        Les ressources des personnes accompagnées proviennent de leur salaire et du versement de l'AAH (allocation Adulte handicapé). Il peuvent aussi bénéficier de l'aide sociale selon leurs ressources. Ils sont pour la plupart sous tutelle ou MASP.

        Au sein du FAH, deux équipes de 3 personnes composées d'un Moniteur éducateur et de deux Aide médico psychologique se partagent la semaine en deux roulements. Le FV et le AJ ont respectivement deux professionnels pour chaque roulement. Des professionnels extérieurs tels que médecin traitants, psychiatres, infirmières, kinésithérapeutes, pédicure participent à l'accompagnement médical des personnes accompagnées. La direction composée d'une cadre et d'un directeur, deux cuisinières, une secrétaire, une surveillante de nuit, une équipe d'intervenants extérieurs pour le ménage et l'entretien des locaux constituent l'ensemble de l'équipe pluridisciplinaire qui intervient dans la structure. L'équipe du professionnels du FAH est soumis à un code déontologique de règles et d'obligations rassemblées dans le code de l'action sociale et des familles.

        Les mains sont un outil primordial dans la relation et le prendre soin notamment dans l'aide à la toilette. Au FAH, les professionnels accompagnent les personnes qui ont un handicap en les incitant à réaliser leurs soins d'hygiène. Ici le toucher s'exerce de façon très limité car les personnes  sont capables de faire leur toilette eux-même. Il se fait toujours dans le respect de l'intimité de la personne. Cependant, quelques personnes un peu moins autonomes vont avoir une douche accompagnée une fois par semaine où les professionnels vont surveiller en montrant. Le toucher se fait aussi pour les soins au corps que les professionnels doivent administrer aux résidents du foyer. Par exemple, accompagner une résidente pour son traitement dermatologique en appliquant une crème médicamenteuse au niveau des zones sèches du corps. Le schéma corporel est souvent chamboulé ou différent du nôtre chez les personnes avec un handicap mental. Au FAH, le toucher passe par l'éducation aux soins d'hygiène corporelle et dentaire. Même très limité, ce toucher qui passe surtout par la parole peut aider à construire ce schéma corporel chez la personne et favoriser le lien et la confiance.

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