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Les classes sociales permettent-elles de rendre compte de la structure sociale actuelle en France ?

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Par   •  5 Novembre 2023  •  Dissertation  •  2 290 Mots (10 Pages)  •  333 Vues

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Après la Révolution d'Octobre de 1917 en Russie, les bolcheviks, dirigés par Vladimir Lénine, ont pris le pouvoir et établi un régime communiste basé sur les principes marxistes. Mais quels sont ces principes qui ont fait tant bouger le monde contemporain ?

Karl Marx, philosophe, économiste et sociologue allemand du 19e siècle, a théorisé le concept de “classes sociales”, au cœur de sa pensée et de son analyse de la société et qui sera donc la base de sa critique du capitalisme. Selon Marx, les classes sociales sont un élément essentiel de la structure sociale, et il a principalement identifié deux classes : la bourgeoisie et le prolétariat. La première étant la classe possédante dans une société capitaliste. Il s'agit des propriétaires des moyens de production, tels que les usines, les entreprises, les terres et les capitaux, d’où ils tirent leurs revenus, en exploitant la classe ouvrière, le prolétariat. Celui-ci ne possède pas les moyens de production et est contraint de vendre sa force de travail aux capitalistes en échange d'un salaire. La théorie de Marx sur les classes sociales a suscité de nombreux débats et critiques au fil des décennies, et elle a été développée et nuancée par d'autres penseurs marxistes, comme Lénine, que nous avons déjà cité. De plus, la réalité sociale et économique a évolué depuis l'époque de Marx, ce qui a conduit à des adaptations et des interprétations diverses de sa théorie des classes sociales. De ce fait, nous pouvons nous demander si les classes sociales de Marx sont, toujours à notre époque, un bon outil pour analyser la société ? Nous y répondrons tout d’abord par un regard de remise en cause des analyses en termes de classes sociales, puis nous nous pencherons sur l’aspect pertinent que conservent ces analyses.

I- remise en cause des analyses en termes de classes sociales

moyennisation et affaiblissement des distances inter-classes fait reculer “la classe en soi”

L’apparition de la classe moyenne, qui deviendra vite prédominante, liée notamment à l’industrialisation de nos sociétés, qui petit à petit à fait disparaître la classe ouvrière, parvient à réduire les disparités socio-économiques. C’est à dire qu’au fur et à mesure que la société évolue économiquement et technologiquement, de plus en plus de personnes ont accès à l'éducation, à l'emploi, et à des opportunités économiques. L’arrivée de cette nouvelle classe moyenne majoritaire est un phénomène que le sociologue Henri Mendras nommera "moyennisation" et qu’il représente sous la forme d’une toupie. L’affaiblissement des distances inter-classes fait alors reculer “la classe en soi” dont parle Marx : c'est-à-dire la conscience de faire partie d’une même classe sociale. Le paysage socio-économique n’étant plus binaire, le prolétariat et la bourgeoisie, on peut donc penser qu’il est dorénavant inutile de prendre en compte les classes sociales de Marx pour analyser la société. On peut constater le phénomène de moyennisation notamment par le fait que ce nouveau niveau de vie, qui se situe entre la pauvreté et la richesse, permet pour beaucoup plus de monde l’accès à l’équipement des ménages en biens durables. Ainsi, selon l’INSEE, en 2017, sur 100 cadres et professions intellectuelles supérieures ayant 16 ans ou plus, en France métropolitaine, 98 possèdent un téléphone. C’est seulement une personne de plus qui possède un téléphone que si l’on prend la même étude mais pour 100 ouvriers. Cet écart extrêmement faible est la conséquence de la moyennisation de la société. Parmi les 4 PCS faisant partie de la population active représentée dans ce graphique, toutes possèdent à plus de 97% un téléphone. Seuls les retraités possèdent moins de téléphones portables, avec un taux de 93% environ, mais cela s’explique par le fait qu’ils n’en aient pas besoin professionnellement et qu’ils aient vécu une grande partie de leur vie sans. Selon cette même étude, sur 100 cadres ou profession intellectuelle supérieure, 92 possèdent un congélateur tandis que dans l’ensemble de la société, ce chiffre s'élève à 91 personnes. Cet écart encore ici très faible explique la réduction des inégalités dû à la moyennisation de la société.

un processus d’individualisation qui fait reculer la “classe pour soi”

La moyennisation de la société a permis aussi de nombreuses politiques publiques visant à redistribuer la richesse, à améliorer l'accès à l'éducation et à la santé, et à réduire les disparités de revenus. Toutes les classes sociales ont désormais accès à des opportunités qui étaient autrefois réservées à une élite. Cela apporte une individualisation de la société : les individus dépendent de moins en moins de logiques collectives et favorisent une carrière personnelle, distances intra classes parfois plus fortes que les distances inter classes. Les transfuges de classes sont de même plus nombreux. Les classes sociales perdent de leur cohérence et de leur homogénéité dues aux inégalités internes. Cela a pour conséquence un baisse du sentiment d’appartenance à une classe sociale, la “classe pour soi” dont s’ensuit la lutte des classes. Or le but de Marx était que cette lutte des classes liés à la conscience d’appartenir à une classe sociale et de vouloir y préserver ses intérêts amènent à un changement radical vers un système plus équitable et socialiste. Or là ça ne peut plus être le cas à cause de cette dite individualisation. L’analyse par classes sociales n’est donc pas appropriée pour les sociologues d’aujourd’hui puisqu’elle a été vue sous une idéologie politique qui n’est plus pertinente à notre époque à cause de l’individualisation progressive de nos sociétés.

On peut constater ce phénomène notamment à travers une enquête du Céreq de 2017, qui montre le diplôme obtenu par l’enfant en fonction de la position sociale des parents. Ainsi on peut constater que des enfants nés dans un milieu d’ouvriers sont plus nombreux à n'être que diplômés du secondaire (52%) pourtant sur 100 enfants d’ouvriers, 33 font des études supérieures, au minimum bac+2, tandis que 15 ne seront pas diplômés. Cette répartition prouve qu’aujourd’hui la classe d’où l’on vient ne constitue pas forcément notre futur. Cela est dû notamment à la moyennisation de la société qui a permis à beaucoup d’accéder à des ressources qu’ils n’avaient pas auparavant, notamment grâce à des politiques publiques visant à réduire les inégalités, telle

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