Les analyses de sociologues Marx et Weber sont-elles encore pertinentes pour rendre compte de la structure sociale française du XXIème siècle ?
Dissertation : Les analyses de sociologues Marx et Weber sont-elles encore pertinentes pour rendre compte de la structure sociale française du XXIème siècle ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar 130484 • 3 Octobre 2021 • Dissertation • 2 141 Mots (9 Pages) • 609 Vues
DISSERTATION
Au milieu du XIXème siècle, les premières théories sur la structure de la société font leur apparition. La structure sociale représente l’ensemble des relations entre les individus qui sont ensuite classés en groupe sociaux. Ceux-ci représentent une certaine homogénéité et hiérarchisent la société. Karl Marx, sociologue allemand et théoricien de l’analyse de la structure sociale, a une vision réaliste et polarisée de la société car il la considère divisée en deux grands groupes qui luttent l’un contre l’autre. D’un côté les bourgeois, également dit les capitalistes car ils détiennent les capitaux, et de l’autre les prolétaires qui usent de leur force de travail contre un salaire. Pour Marx, cette société est basée sur un rapport de domination des bourgeois sur les prolétaires. Max Weber, quant à lui, a une vision nominaliste et pluridimensionnelle car il pense que la société est divisée selon plusieurs critères : l’ordre politique, économique et social. Les classes ne luttent pas forcément l’une contre l’autre mais peuvent se superposer, se compléter. Cependant, depuis les Trente Glorieuses, on assiste à un phénomène de moyennisation de la société, comme l’explique Henri Mendras et certains sociologues remettent alors en cause l’analyse des classes sociales de Marx et Weber, se demandant alors si les classes existent toujours.
Les analyses des sociologues Marx et Weber sont-elles encore pertinentes pour rendre compte de la structure sociale française du XXIème siècle ?
Après avoir vu que ces analyses semblent désormais inadaptées pour rendre compte de la structure sociale française, nous nous demanderons si elles ne peuvent tout de même pas rester un moyen d’analyse efficace de certains comportements sociétaires.
La période des Trente Glorieuses s’est caractérisée par une forte augmentation du niveau de vie en France et à la réduction des inégalités socio-économiques qui remettent alors en cause la théorie de la société bipolarisée de Karl Marx. On assiste à une homogénéisation de la consommation et des modes de vie car même les classes les plus défavorisées peuvent désormais accéder à la consommation de masse qui était auparavant réservée aux classes les plus riches. Henri Mendras parle alors d’une moyennisation de la société car cette homogénéisation laisse penser à la fin de réelles classes sociales. En effet, les inégalités sont moins conséquentes ce qui fait apparaitre une vaste classe moyenne qui regroupe la majorité de la société comme Mendras le résume dans sa modélisation graphique en forme de toupie. Depuis les années 1970, soit depuis la fin des Trente Glorieuses, les inégalités du niveau de vie qui séparent les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres sont en baisse. En effet, en 1970, le rapport inter décile était de 4.6 tandis qu’il est de 3.4 en 2015. Cela montre un réel affaiblissement des écarts socio-économiques entre la classe favorisée et la classe défavorisée ce qui laisse penser que les classes ne sont plus autant différenciées qu’au XIXème siècle. De plus, on observe que plus de monde pense faire partie de la classe moyenne : 13% pensaient y appartenir en 1966 contre 38% en 2015. Ces chiffres expliquent la théorie de la moyennisation puisque la classe moyenne semble être de plus en plus vaste.
Cette moyennisation de la société peut entraîner une perte de conscience de classe chez la classe populaire.
Depuis plusieurs décennies, la classe populaire semble avoir perdue sa conscience de classe. Autrefois, les prolétaires savaient que c’était leur force de travail qu’ils leur permettaient d’obtenir un salaire. Ils étaient conscients qu’ils ne détenaient aucun moyen de production et de capital puisque ceux-ci étaient détenus par la bourgeoise. Avec l’arrivée de nouvelles théories, le terme de classe populaire a fait son apparition. Aujourd’hui, la classe populaire représente tout ceux qui ne peuvent ni n’être classés dans la classe moyenne ni dans la classe bourgeoise et élite. On considère dedans la classe ouvrière, les travailleurs et salariés, les commerçants et artisans, les paysans, agriculteurs ainsi que les pauvres. Ces derniers ne voient plus d’intérêts communs à défendre et se mobiliser, au contraire du XIXème siècle où Marx pensait que les prolétaires devaient renverser la bourgeoisie. On observe au contraire une montée de l’individualisation suite la fin du communisme. Les mutations économiques et du management entraîne plus de compétition et une difficulté pour les syndicats à représenter un collectif. En effet ces derniers, avec l’arrivée des horaires individuels et des négociations, ne pensent plus au bien collectif de leur classe mais à leur avantage individuel, ce qui fait reculer la classe pour soi. La conscience de classe chez la classe ouvrière a nettement baissé de 1966 à 2015. En effet, 23% avait le sentiment d’appartenir à cette classe en 1966 contre plus que 6% en 2015 ce qui montre un recul de la classe pour soi.
La conscience de classe recule avec l’arrivée de nouveaux critères de différenciation des classes sociales.
L’analyse de la structure sociale française du XXIème siècle s’appuie sur de nouveaux critères de différenciation qui s’éloignent de ceux de Marx et Weber. De nos jours, les classes sociales ne sont plus simplement différenciées par le revenu, les situations politiques et sociales. De nouveaux facteurs sont progressivement entrés en compte pour structurer la société française. En effet, on considère désormais que le diplôme nous offre la qualification ce qui va aussi déterminer notre place au sein de l’espace social. La composition du ménage et notre position dans le cycle de vie sont également des nouveaux facteurs de hiérarchisation ainsi que notre lieu de résidence et notre genre. Ces critères font reculer les analyses des sociologues du XIXème siècle. Par exemple, les femmes qui autrefois ne travaillaient pas le font désormais suite à la féminisation. On prend donc maintenant que le genre est une source d’inégalité car les femmes subissent ce qu’on appelle une double journée de travail, c’est-à-dire qu’en plus de leur journée de travail, elles doivent s’occuper des tâches domestiques qui sont inégalement réparties avec les hommes. Cela ne leur laisse pas la possibilité de faire des heures supplémentaires qui sont pourtant mieux payées. Il est donc plus difficile pour elle d’évoluer au sein de la société. De plus, on sait maintenant que notre lieu de résidence va jouer sur nos conditions de vie. En effet, par exemple, les banlieues parisiennes n’ont pas le même accès aux services publiques que la ville de Paris ce qui influence la capacité des individus à gravir des échelons. Ces nouveaux critères de différenciations s'éloignent des analyses fournies par Marx et Weber car ces derniers ont émis des théories de la structure sociale s’adaptant à leur siècle, soit le XIXème, et non au le XXI siècle.
...