L’étude du phénomène criminel
Dissertation : L’étude du phénomène criminel. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Chrisvalois92 • 18 Octobre 2023 • Dissertation • 1 619 Mots (7 Pages) • 261 Vues
Introduction
L’étude du phénomène criminel ne cesse de fasciner. Dès le 19e siècle, avec sa théorie du processus de civilisation, Elias (1969) démontrait très bien les causes du processus de la diminution de la violence au fil des siècles ainsi que son effet exponentiel. Pourtant, bien que les crimes violents aient nettement diminué et malgré l’évolution constante de la criminologie et de notre système judiciaire, une question demeure; pourquoi la délinquance ne cesse-t-elle pas et d’où vient-elle ? Plusieurs théories du paradigme de l’étiologie du crime tentent de répondre à cette question. Dans le cadre de notre travail, nous tenterons d’expliquer un phénomène largement étudié et que nous considérons à la base de la délinquance : l’initiation à la criminalité. Pour ce faire, deux théories domineront nos réflexions ; l’anomie de Merton (1938) ainsi que la théorie des liens sociaux de Hirschi (1969).
La loterie de la naissance
Il nous paraît impossible de parler d’initiation au crime sans aborder le paradigme de la tension et du conflit et, plus précisément, l’anomie de Merton (1938). Il nous semble évident que, dès la naissance, nous n’avons pas tous les mêmes chances et opportunités. Bien que nous partageons tous le même idéal, véhiculé par notre société et intériorisé très tôt dans notre vie, nous sommes inégaux quant aux moyens légitimes qui nous sont donnés pour y parvenir. Bien que notre société valorise la richesse, il y a un écart considérable entre cet idéal et la réalité. Pour Merton, c’est cette disparité sociale qui est la source de la délinquance. Ici, la fin justifie les moyens; sans égard aux moyens légitimes dont ils disposent, tous désirent réussir. Conséquemment, il est nécessaire de s’adapter. Pour Merton, il y a cinq méthodes d’adaptation possibles. La plus fréquente, le conformisme, demande de travailler dur, tout en usant des moyens légitimes à notre disposition. Le ritualisme, quant à lui, se veut plutôt réaliste; une personne possédant peu de moyens, mais étant consciente de l’injustice sociale se contente de ce qu’elle parviendra à obtenir de façon légitime. Ces deux méthodes plus ‟sainesˮ n’entraînent pas de criminalité. Si un individu contourne la loi ou utilise des raccourcis illégaux afin de parvenir à ses fins, il utilise l’innovation. La méthode de l’évasion est assez sombre. Il est triste de constater que, face à cette incapacité de réussir, certains décideront de tout abandonner, les buts comme les moyens. La dernière méthode est plus ambiguë puisqu’elle varie et qu’il est possible de vaciller entre ce qui est légitime et ce qui ne l’est pas. Il s’agit de la rébellion. Dans cette stratégie, les buts et les moyens de la société sont rejetés. Il y a une grande hostilité envers l’autorité, qui, pour eux, est illégitime. On peut facilement imaginer que cette haine envers le système puisse être à l’origine de certains actes illégaux. Cette anomie est clairement ressentie dans le documentaire The Road from crime (2012), lorsqu’Allan Weaver parle de son enfance vécue dans un milieu violent et dans un contexte financier difficile en lien avec une récession. Le témoignage d’Andy est également assez éloquent de cette théorie.
La loterie de la naissance (suite)
Maintenant sans domicile fixe par choix personnel, il mentionne « Il me semblait plus facile de faire de l’argent en cambriolant qu’en menant une vie normale » et « Avec mes problèmes d’alcool, je finirais de toute façon par décevoir tout le monde ». Deux éléments nous ont frappés en écoutant le témoignage d’Andy. Le premier étant que pour lui, les moyens légitimes semblaient inatteignables et que, pour atteindre ses buts, il a suivi la voie de la criminalité (stratégie de l’innovation). La seconde étant qu’il finit par perdre tout espoir d’atteindre ses buts, mais qu’il a également abandonné les moyens permettant de les atteindre (stratégie d’évasion). Cette théorie, basée sur la réaction individuelle à la frustration et au sentiment d’injustice liés à la disparité sociale n’apporte, selon nous, qu’un segment de réponse; si la richesse est effectivement un but fortement convoité, nous croyons que la quête d’un statut social est également très recherchée. C’est d’ailleurs ce que Cohen (1955) apporte avec sa théorie des Sous-cultures. Ici, les individus recherchent un statut social, mais certains ne possédant pas de moyens légitimes suffisants abandonneront les standards impossibles à atteindre et viseront plutôt à obtenir un statut social et une reconnaissance dans leur propre milieu. Certains iront plus loin et renverseront totalement le système de valeurs de notre société afin d’adopter le leur, basé sur la violence. C’est d’ailleurs ce qui est évoqué par Allan Weaver qui parle d’un évévement de son adolescence au cours duquel lui est ses amis ont pourchassé un jeune homme afin de le tabasser. Allan parle de sentiments mitigés de honte et de « sentiment d’avoir fait ce qu’on attendait de moi ». Cette affirmation concorde tout à fait avec la stratégie d’adaptation « delinquant boy ». Il dira d’ailleurs également qu’il recherchait le statut par la peur et qu’il voulait être craint et respecté par ses pairs pour cela.
L’école du crime
En dépit de l’injustice liée à la disparité sociale présente dans notre société, nous ne pouvons expliquer par elle seule la criminalité. Évidemment, bien que certains individus connaissent une enfance difficile pour de multiples raisons (pauvreté, violence familiale, etc.), tous ne deviendront pas des criminels. Alors, quels autres facteurs pourraient jouer un rôle dans l’initiation au crime ? Si l’obtention d’un statut social est importante pour plusieurs, c’est, entre autres, parce que l’être humain a besoin d’aimer et d’être aimé. En outre, d’après la théorie des liens sociaux de Hirschi (1969), la force de ces liens et la nature de ceux-ci peuvent influencer positivement ou négativement un individu. Une personne ayant des liens forts avec un entourage investi dans des activités non criminelles ne voudra pas décevoir ou causer du tort aux êtres aimés en commettant des crimes allant à l’encontre de leurs valeurs. Le contraire est également vrai; des liens sociaux insuffisants ou des liens sociaux forts envers un entourage criminogène encourageront davantage à commettre des délits.
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