Comment la "culture anti-école" participe-t-elle à la reproduction de l'ordre social?
Commentaire de texte : Comment la "culture anti-école" participe-t-elle à la reproduction de l'ordre social?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar yasmo • 28 Novembre 2023 • Commentaire de texte • 658 Mots (3 Pages) • 163 Vues
Paul Willis, “L’école des ouvriers”, ARSS
Comment la "culture anti-école" participe-t-elle à la reproduction de l'ordre social?
L’auteur explique en deux temps comment la “culture anti-école” participe à la reproduction de l’ordre social : dans un premier temps, l’auteur souligne le fait que la culture ouvrière régionale étudiée, notamment la “culture d’atelier”, englobe en son sein la “culture anti-école” observée par Willis. Ensuite, l’auteur montre comment la "culture anti-école" donne des repères implicites forts et des mécanismes d'expérience qui contraignent les jeunes de la classe ouvrière à faire le choix "libre" d'entrer à l'usine, ce qui participe, in fine, à la reproduction sociale.
En premier lieu, Willis rapproche donc la "culture anti-école" de la culture ouvrière. Les “gars” issus des classes ouvrières font preuve d’une certaine résistance culturelle, qu’on retrouve dans le chauvinisme masculin, leur désobéissance à l’école, leur appétence pour les blagues ou encore leur argot, qui les poussent à se poser continuellement en contradiction avec les valeurs et les attentes de l’institution scolaire. Ainsi, de manière analogue à leurs pères ouvriers et leur “culture d’atelier”, les “gars” développent un type de langage et d’humour particulier et racontent des événements similaires à ceux rapportés à l’auteur par leurs pères qui travaillent à l’usine. De plus, le rejet des “gars” du travail scolaire rappelle l’acception commune ouvrière que la pratique vaut mieux que la théorie, également observé par l’auteur dans l’atelier, où l’un des ouvriers a placardé le slogan “un brin de zèle vaut une bibliothèque de diplômes”. Enfin, la division dans l’espace scolaire entre les “fayots” et les “gars” se transforme dans le monde du travail en une division entre qualifiés et non-qualifiés, entre “cols blancs” et “cols bleus”. À partir de ce parallélisme entre la "culture anti-école" et la “culture d’atelier”, et plus largement, la culture ouvrière, l’auteur conclut qu’il existe une continuité entre ces cultures, et donc entre l’école et l’usine, ce qui oriente alors les jeunes issus des classes ouvrières vers l’usine.
D’autre part, des processus inhérents à cette “culture anti-école” engendrent des critères implicites qui orientent les “gars” vers l’atelier, participant ainsi à la reproduction de l’ordre social. En effet, la “culture anti-école” permet aux “gars” de rompre avec l’idéologie de la différence entre la logique de l’individu et la logique du groupe qui participe à forger la croyance que les “gars” peuvent espérer une véritable mobilité sociale. C’est d’ailleurs cette culture qui permet aux membres de la classe ouvrière de prendre conscience que l’échelle scolaire comme la hiérarchie des emplois ne sont qu’un reflet de la domination que leur classe sociale subit. Dès lors, l'idée même d’une ascension sociale perd son sens. Donc si la “culture anti-école” permet à ses membres de se libérer du poids du conformisme et des réussites conventionnelles, elle influence également la représentation que se font ces derniers
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