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Traumatisme parental face au handicap de l'enfant

Fiche : Traumatisme parental face au handicap de l'enfant. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  28 Février 2019  •  Fiche  •  5 576 Mots (23 Pages)  •  727 Vues

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  1. L’annonce du handicap : du traumatisme à la blessure narcissique

  1.  Le traumatisme psychique parental :

Le mot traumatisme vient du grec « blessure avec effraction »[1].

Sigmund Freud, neurologue et fondateur de la psychanalyse, définit le traumatisme psychique comme un choc violent accompagné d’effroi, susceptible de déclencher des troubles somatiques et psychiques. S. Freud appelle traumatisme tout évènement qui perturbe l’équilibre affectif d’une personne et provoque la mise en œuvre de mécanismes de défense. Il se caractérise par un afflux d’excitations excessifs relatif à la tolérance du sujet et à sa capacité de maîtriser et d’élaborer psychiquement ces excitations.

Le traumatisme psychique représente une véritable effraction à l’intérieur de l’appareil psychique du sujet. Pour S. Freud, il y a traumatisme dès lors que l’afflux d’excitations externes, trop intense, vient submerger l’organisme et rompre la barrière protectrice. Lorsqu’il y a effraction de ce pare-excitation, le Moi se trouve débordé, ses défenses sont inopérantes, il n’est plus capable de faire son travail de liaison. D’autre part, le Moi non préparé par l’angoisse, empêche la mobilisation des énergies indispensables pour créer une défense efficace.

Dans son texte « Réflexions sur le traumatisme », Sandor Férenczi, psychanalyste, définit le traumatisme comme l’ensemble des phénomènes consécutifs comme « un choc inattendu, non préparé et écrasant », qui agit comme un anesthésique. Il explique que celui-ci se produit par l’arrêt de toute espèce d’activité psychique associé à la mise en place d’un état de passivité privé de toute résistance. L’incapacité réactionnelle est totale et inclut simultanément l’arrêt de la pensée et des perceptions. Le psychisme adopte alors des stratégies telles que la sidération de la pensée et la fragmentation d’une partie du Moi. « La commotion psychique survient toujours sans préparation. Elle a dû être précédée par le sentiment d’être sûr de soi, dans lequel, par suite des évènements, on s’est senti déçu ; avant, on avait trop confiance en soi et dans le monde environnant ; après, trop peu ou pas du tout. On aura surestimé sa propre force et vécu dans la folle illusion qu’une telle chose ne pouvait pas arriver ; « pas à moi » » [2]

S. Ferenczi décrit que la première réaction face aux mécanismes d’action du traumatisme est le choc, une « psychose passagère », une rupture avec la réalité. Dans sa description, S. Ferenczi insiste sur le caractère inattendu de l'événement traumatique. Le sujet répond par un clivage psychotique, ainsi qu'une destruction du sentiment de soi, des défenses, voire de la forme propre. On observe une paralysie de toute activité psychique, de la motilité, des perceptions, de la pensée ; un état de non-résistance s'installe.

D’autre part, la psychanalyste Anna Freud, dans son ouvrage « les mécanismes de défenses », explique qu’il faut frapper deux fois pour faire un traumatisme : une fois dans le réel c’est-à-dire dans l’épreuve, la souffrance, l’humiliation, la perte et une fois dans la représentation du réel (Pourquoi moi ? Je ne m’en remettrai pas). C’est la représentation du coup qui parfois peut blesser plus que le coup en lui-même car elle entretient une deuxième forme de souffrance qui altère la mémoire. Le discours des personnes extérieures a également un impact. C’est, en effet, bien souvent dans le discours social qu’il faut chercher à comprendre l’effet dévastateur du traumatisme. Son impact dépend donc aussi de la perception, du sens que lui attribue la personne atteinte. Cette mémoire traumatique se présente presque toujours dans un même premier temps : celui du « K.O. debout ». La personne est dans l’impossibilité de traiter l’information attendue. Elle ne sait pas quoi faire. Si la mémoire se fixe, il y a un risque de rester prisonnier du passé (syndrome psycho traumatique). La mémoire n’est alors plus évolutive et ne peut plus acquérir d’autres informations qui permettraient de changer la représentation de ce traumatisme.

D’un point de vue général, dans la plupart des cultures, le handicap de l’enfant fait l’objet d’un vaste tabou  qui « nous confronte aux limites de l’humain, car il suscite des images d’anormalités proches de la bestialité ou de la monstruosité »[3]

Cette rencontre avec le handicap de l’enfant revêt tout à fait les particularités d’un évènement traumatique. L’annonce du handicap suscite des représentations insupportables chez le parent qui viennent réactualiser leur passé. Elles font écho à des évènements de leur propre histoire, tout en réactivant des fantasmes inconscients insupportables et des idées de meurtre si honteux qu’ils sont aussitôt chassés en laissant un vide profond. Elle créée un sentiment d’étrangeté ; la désillusion est brutale et provoque une catastrophe interne. Leurs facultés mentales sont comme suspendues. Ils sont sidérés. Cette sidération ne leur laisse pas le temps de construire les réponses mentales adéquates à ce qui les envahit.

Enfin, le handicap renvoie à ce que S. Freud a nommé « l’Hilflosigkeit » et qui est l’expérience de détresse absolue que chacun de nous a connu dans les premiers temps de son existence. L’« Hilflosigkeit » ou « sentiment d’impuissance » est définit par un « Etat du nourrisson qui, dépendant entièrement d’autrui pour la satisfaction de ses besoins (soif, faim) s’avère impuissant à accomplir l’action spécifique propre à mettre fin à la tension interne »[4].

La première réaction généralement observée lors de cette annonce est donc le choc ou la sidération. Certains parents sont dans la non-acceptation du diagnostic et la négation du handicap. Le parent peut ensuite se retrouver envahit par un sentiment ultime d’injustice (Pourquoi moi ?). Il peut également se sentir responsable, coupable ou honteux. Cette annonce peut provoquer un grand sentiment d’impuissance ou de la colère face à l’équipe médicale. A cela s’ajoute tout une série d’interrogations angoissées sur la réaction du de l’entourage familiale. Dans certains cas, des réactions de fuite sont observées, qu’elles soient réelles comme un parent quittant la cellule familiale ou une fuite d’ordre sociale en ne se montrant plus en public avec l’enfant handicapé. Ces réactions sont fréquentes et sont les signes de la mise en échec de la pensée. 

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