La distinction entre la sociologie et l'ethnologie
Analyse sectorielle : La distinction entre la sociologie et l'ethnologie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar zeze75 • 3 Janvier 2015 • Analyse sectorielle • 9 349 Mots (38 Pages) • 1 067 Vues
➢ Définition :
Ethnologie : revendiquée comme une science, la science des sociétés exotiques. Pourquoi une science ? Parce qu'on va trouver tout ce qui constitue une discipline scientifique : un objet (ici les sociétés exotiques, « traditionnelles ». Plus généralement, l'objet d'étude est l'altérité, l'autre en tant qu’appartenant à une culture et civilisation différente.
On y trouve une méthode - enquête prolongée de terrain, observation participante - et un cadre théorique c’est à dire tout un ensemble de concepts et de théories mobilisées pour comprendre cette altérité et appréhender ces sociétés. On trouve donc des outils d'analyses, des concepts, des problématiques propres (rituel, croyance, l'organisation sociale, les mythes...) à cette discipline.
Penser et comprendre l'Homme à travers la diversité des cultures est un projet ambitieux.
L’ethnologue étudie les sociétés éloignées, traditionnelles, dites « primitives », « archaïques ». Il se donne pour mission de comparer un nombre maximum de cultures. Le but de l’ethnologie est de comprendre l’unité de l’Homme au travers de l’unicité de ses cultures.
L'objet d'étude est difficile à définir : il appartient aux ethnologues de remettre en cause cette définition car la notion même de société traditionnelle est problématique. On ne trouve pas d'unités au sein de ces sociétés regroupées de manière artificielle par le « penseur occidental ».
De plus, cet objet traditionnel de l'ethnologie tend à disparaître et donc ne peut plus constituer un objet d'étude du fait de la colonisation et de l'introduction des rapports commerciaux notamment. Aussi, on a constaté que beaucoup d'ethnologues se tournent vers les sociétés modernes, urbaines, complexes, et revendiquent ces sociétés comme étant l’objet légitime de la discipline ethnologique; c’est notamment le cas de Bromberger. En allant travailler sur ces nouvelles sociétés, le propos c'est de considérer que ces groupes sont porteurs d'altérité, ils sont porteurs d'une altérité culturelle et sociale, différents de celui du chercheur, ce sont des groupes, individus avec leurs rituels, leurs façons de penser.
Pour d'autres, c'est un problème. Selon Testart par exemple, l'ethnologie doit rester l’étude des sociétés traditionnelles, des sociétés les plus éloignées des nôtres. Travailler sur les sociétés modernes menace l'objet de l'ethnologie et donc l'ethnologie elle-même, ainsi qu'une perte d'indépendance : il faut maintenir la séparation ethnologie/sociologie.
Cette position conduit donc à une définition très particulière de l'altérité : l'altérité est la caractéristique intrinsèque d'un certain type de société des sociétés traditionnelles. A partir de quand l'autre est suffisamment autre pour être objet d'étude ? On assiste ici à vision réduite de l'altérité, contrairement à Lenclude qui considère qu'on trouve une altérité chez chacun.
Augé déclare :
« Entre un village, une banlieue et une usine, le travail d’observation peut être le même, et l’on peut utiliser les mêmes outils lorsque l’on étudie la France que lorsque l’on va dans une tribus d’Amazonie ».
Et Lévi-Strauss d’ajouter :
« Toute société différente de la notre est objet, tout groupe de notre société différent du notre est également objet ».
Il est donc difficile de définir les sociétés traditionnelles, difficile de définir une altérité suffisante qui serai étudiée par l'ethnologie, et insuffisante laissée au sociologue également.
L'altérité est relative et dépend du chercheur.
Limiter l’ethnologie aux sociétés traditionnelles, c’est ainsi se fermer à l’étude de l’unité de l’Homme au travers de toutes ses cultures.
Ethnographie :Transcription des données premières sur le terrain. Première phase d'enquête, phase initiale de toute recherche ethnologique.
Anthropologie : Mise en œuvre du projet disciplinaire, comparaison de l'ensemble des cultures et sociétés, élaboration des grandes théories.
Ces trois termes pourraient finalement correspondre à 3 phases,
La collecte de données et d’informations correspond à l'ethnographie, l’analyse et l’interprétation à l'ethnologie, et la généralisation et l’élaboration des théories générales correspond à l'anthropologie.
Ce partage est néanmoins simplificateur, schématique, car en réalité, dès qu'on fait un travail d'ethnographie, on est déjà dans l'ethnologie, quand on est dans l'ethnologie, on est déjà dans l'anthropologie. Les frontières de ces trois phases de la recherche ne sont pas très claires.
Les termes d'anthropologie et d'ethnologie peuvent avoir d'autres sens en France : La science des sociétés primitives est l'ethnologie. La science de l'Homme est l'anthropologie. L'anthropologie physique est l'étude des caractères somatiques, biologiques, physiques qui se développe au XIXème siècle, au moment où la situation de race est encore valide, laissant l'étude de l'Homme dans sa culture à la sociologie et l'ethnologie. Cette anthropologie physique va détacher les différentes catégories humaines, va procéder par analyse, par comparaison. Il y a une théorisation raciologique jusqu'à ce que la notion de race soit disqualifiée par la science. Alors, on parlera de notion de culture. Cette notion de culture va être mobilisée pour comprendre la diversité des groupes, qui partagent bien évidemment tous un même patrimoine génétique commun.
Dans les pays anglo-saxons, et aux USA notamment, l’anthropologie culturelle et sociale s’impose, là où en France l’anthropologie renvoie à l’anthropologie physique. L'anthropologie au R-U correspond à l’ethnologie en France.
Sous l’influence de ces pays anglo-saxons, l’anthropologie culturelle et sociale s’impose peu à peu, notamment par les travaux de Lévi-Strauss.
Balandier recourt lui au terme d’anthropologie pour rompre avec celui d’ethnologie, renvoyant à une conception ethnocentrique et évolutionniste des sociétés traditionnelles, c’est à dire prenant en compte son propre système de valeurs et de normes.
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