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Anthropologie du genre

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Par   •  17 Janvier 2021  •  Dissertation  •  1 729 Mots (7 Pages)  •  548 Vues

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GACHET Nina-Lou

SED

AE00603V

Anthropologie du genre

Jérôme Courduriès et Laurent Gabail

Université Toulouse Jean Jaurès


L’anthropologie du genre n’est pas encore un champ véritablement constitué au sein de la discipline anthropologique mais de plus en plus de travaux se consacrent au genre, à sa diversité, à sa construction, notamment avec le développement de nombreux travaux féministes. On entend par genre, le sexe social ; à différencier du sexe biologique ; construit socialement par la socialisation et qui va induire certains comportements ou attitudes. Mais, si le genre est social, comment se construit-il ?

Nous allons voir ici comment peut se fabriquer le genre, et ce en prenant deux exemples de société différentes à la fois sur le plan historique et rituel. Dans un premier temps nous prendrons l’exemple des Arapesh de la région du Sepik en Nouvelle Guinée où nous verrons notamment le rituel d’initiation masculine et dans un second temps nous nous attarderons sur le cas des « vierges jurées » ou « vierges sous serment » des Balkans, plus précisément en Albanie pendant le 19ème siècle (bien que ces dernières subsistent encore aujourd’hui) et qui représente le seul exemple européen d’un statut transgenre socialement reconnu.  

Les Arapesh sont une tribu de Nouvelle Guinée vivant dans la région du Sepik. Ils sont décrits par Margaret Mead, qui les a longuement étudiés, comme de « doux montagnards » (Margaret Mead, 1935). Les Arapesh en effet, sont élevés dans la joie, loin de la crainte, dans la confiance. Ils vivent jusqu’à leurs cinq ans totalement nus, aucune distinction de sexe n’est faite entre eux à ce moment-là, ils vont pouvoir ainsi découvrir la physiologie des sexes et n’en tirer aucune honte.

C’est à l’approche de la puberté ; poussée des seins, apparition des premiers poils pubiens ; que des différences vont commencer à se faire, que les enfants vont devoir observer certains tabous. Ils ne pourront notamment pas manger certaines viandes ni boire de l’eau froide pendant presque une année entière. C’est aussi à cette période là que les enfants vont prendre conscience culturellement de la physiologie sexuelle puisque qu’ils vont être mis en garde contre la masturbation. De même va se créer une nette démarcation entre la fonction reproductrice de la femme et la fonction alimentaire de l’homme qui va notamment se concrétiser par le biais du culte du tamberan. Le tamberan est connu pour être le génie attitré des hommes et des hommes seuls. Pour cela il ne doit jamais être vu par les femmes qui ont-elles aussi leur propre tamberan qui intervient lors des rites de puberté des filles, durant les rites de teinte des jupes en fibre etc. Lors des rituels ou cultes liés au tamberan les hommes partent chasser durant une semaine aux sons des flûtes et tambours caractéristique du tamberan. Quand les hommes rentrent au village accompagné du tamberan, femmes et enfants doivent s’enfuir du village afin de ne surtout pas le voir. Les femmes et les enfants ne sont invités à rentrer au village qu’une fois que le tamberan est rentré dans sa maison, dans le village. Ici, les femmes ne se sentent pas exclues des hommes mais plutôt protégées par eux de quelque chose qui serait très mauvais pour elles. Il est intéressant de noter que, contrairement à d’autres tribus pratiquant le même rituel, on ne trouve aucun aspect haineux dans le rituel du tamberan. Par exemple, si une femme aperçoit le tamberan, elle ne sera pas tuée, comme dans de nombreux autres endroits mais elle sera tenue au secret. Cela est dû à la manière dont les Arapesh sont élevés, dans le respect et la douceur, qui ne correspond pas à une réaction de violence. De même, la distinction entre les garçons initiés et ceux non-initiés va être beaucoup moins marquée. On apprend très tôt aux filles à ne pas poser de questions sur le génie des garçons afin qu’aucun malheur ne s’abatte sur elles, cela va les conditionner à une sorte de passivité intellectuelle, renforcée par le fait qu’elles ne peuvent pas participer aux activités artistiques.

L’initiation des garçons, rituel par lequel ils vont devenir des hommes, par lequel, pour reprendre les termes du sujet, leur genre va être socialement construit, fabriqué, va durer plusieurs mois et se déroule tous les cinq à six ans. Les jeunes garçons doivent vivre trois mois isolés, des femmes notamment, dans l’enceinte de l’initiation où ils devront se soumettre à un rituel qui consiste à se faire « avaler par le tamberan » ou « avaler par le casoar ». Durant cette période d’isolement les jeunes garçons vont être incisés ; ce qui symbolise la menstruation masculine et l’expulsion de la substance féminine (Julien Bonhomme, 2010) ; ils devront se soumettre à certains interdits alimentaires, vont participer à un repas rituel où ils devront boire le sang d’hommes plus âgés mais surtout ils vont découvrir un certain nombre de mystères. On va notamment leur révéler, bien que nombre d’entres eux le savaient déjà, que le tamberan n’existe pas et que sa voix vient en réalité des flûtes. A la fin de la période d’isolement les garçons vont rejoindre leur famille dans de magnifiques habits et chaque maison doit faire un don au jeune initié, don qu’il devra un jour payer en retour.

Nous venons de voir, en nous attardant plus sur l’initiation masculine, qu’il existe dans la société Arapesh des rituels pour « fabriquer » des hommes et pour « fabriquer » des femmes mais il est important de noter, et c’est notamment ce sur quoi Margaret Mead appuyait son propos, qu’aucune distinction n’est faite entre la psychologie masculine ou la psychologie féminine. En effet les hommes, comme les femmes, adoptent un comportement que l’on pourrait qualifier en Occident de « maternel » car excluant la violence.

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