Genre Et éducation

Se poser la problématique du genre et de l'éducation, c'est s'interroger et s'intéresser autant aux filles qu’aux garçons, autant aux femmes qu’aux hommes.

Les études et les recherches sociologiques, ethnologiques, anthropologiques, psychologiques sur ce sujet ont fait émerger la question du « genre ».

Le « genre » ne désigne plus uniquement une classification grammaticale féminin – masculin. Il se définit comme une notion voire un concept qui « s'attache à montrer que les différences, entre les sexes » n’est pas seulement issue de la nature biologique mais surtout d'une construction sociale et culturelle. Ceci relève autant d'un enjeu politique que scientifique.

L’ethnologue, Margaret Mead est la première à conclure de ses recherches en Nouvelle-Guinée dans trois sociétés traditionnelles, que c'est « la culture qui façonne les identités » .

Colette Chiland définit l'identité de genre ou l'identité sexuelle comme étant « le sentiment intime que chacun a d'appartenir à l'un des sexes que la biologie et la culture distinguent ». Pourtant que l'on soit fille ou garçon, femme ou homme, notre identité et notre individualité se construisent à partir de postulats féminin et masculin coexistant et interagissant.

Les stéréotypes naturalistes sont niés par les études en sciences humaines et sociales et par les nouvelles études biologiques qui montrent que les différences sexuées relèvent surtout des domaines culturels et sociaux. La neurobiologiste, Catherine Vidal explique que les filles et les garçons, éduqués différemment, montre les divergences de fonctionnement cérébral qui peuvent s'atténuer et disparaître car à la naissance, la construction du cerveau est loin d'être terminée : 90 % des circuits neuronaux se forment dans les 15-20 ans qui suivent.

L'importance des variations individuelles dans le fonctionnement du cerveau dépasse dans la majorité des cas la variabilité entre les sexes, qui n'est observée que dans de rares cas. Pour des performances cognitives égales, chaque individu aura une stratégie propre et donc sa propre façon d'activité ses circuits neuronaux (Vidal et Benoît-Browaeys, 2005).

Observer, constater, chercher, analyser, etc. c’est prendre en compte, les enjeux du « genre » dans les parcours individuels, sur différents plans :

- l'éducation,

- l'enseignement,

- l'appartenance à un groupe,

- l'appartenance à une origine ethnique,

- l'appartenance à une société,

- la culture,

- le marché professionnel, incluant l'avenir et la progression professionnelle.

La grande difficulté dans ce questionnement est de ne pas tomber dans les effets de stéréotypes du genre ou plus exactement dans les stéréotypes de sexe, et d’en prendre conscience.

La mixité dans l'enseignement et l’éducation reste un processus social important pour le devenir de la société en général. Elle peut continuer, être le vecteur d'un progrès social, si une réflexion s'y amorce véritablement.

Historiquement et culturellement, la société a toujours accordé une grande différence aux sexes. Cette différence s'observe avec plus ou moins de prégnance en fonction de son appartenance à un rang social plus ou moins élevé, mais elle s'observe également dans les différentes sphères de la société : la famille, l'école, le marché du travail, le juridique, politique.

En effet, « les territoires et les activités des hommes et des femmes étaient bien séparés et les espaces sociaux marqués par la ségrégation sexuelle » .

La mixité, à ses débuts (loi Ferry), s'organise d’abord dans la présence commune des garçons et des filles à l'école et se définit dans ce cadre, comme une coéducation. On pensait alors que les relations entre les filles et les garçons à l'école s'humaniseraient et aboliraient la domination masculine.

La mixité se généralise vers les années 1960, pour des raisons de massification du système scolaire (réforme Haby, collège unique) et par des résistances politiques qui s'atténuent, après des années d'évolution marquées par des hommes et des femmes minoritaires qui se sont engagés dans les causes suivantes : le vote des femmes, leur entrée dans le monde du travail, les lois libéralisant le divorce, l'avortement et la contraception. Elle s'impose aussi par les effets de l'urbanisation et de l'immigration.

Ainsi les avancées de la mixité ne vont jamais de soit. Elles ont toujours eu une empreinte symbolique, économique, juridique, politique, qui renvoie à la façon dont la société ou le groupe traite la question de l'appartenance à un sexe.

Actuellement, elle se définit plutôt comme une coexistence de deux sexes dans un même espace, quels que soient les sphères du social. Ce qui mettrait à mal, la mixité dans l'enseignement. En effet de nombreuses recherches ont commencé à mettre en doute les avantages de la mixité pour l'égalité des sexes quant aux performances respectives des filles et des garçons et quant aux relations entre les sexes. Il semblerait que l'émancipation des filles et des femmes peut expliquer les violences et les souffrances des jeunes dans les établissements. Est-ce que l'ouverture vers l'autre sexe engendrerait un enfermement ou un repli, par peur d'une crise identitaire ?

Mais d'après, Claude Zaidman « la manière dont la mixité s'est imposée à l'école sans réflexion pédagogique préalable continue de peser sur la façon dont l'école gère les relations entre les sexes : la mixité scolaire reste une donnée qui apparaît aux auteurs comme naturelle et non comme le fruit d'une volonté émancipatrice, le moyen d'un apprentissage de la citoyenneté. Elle n'est donc pas considérée comme un objet de réflexion ou comme un instrument pédagogique ».

L’égalité à l'école passe par une transformation de l'éducation des filles mais aussi par une transformation de l'éducation des garçons. Existe-t-il des didactiques différentes pour les filles et les garçons ? Devrait-on mettre en place une pédagogie diversité sur les individus membres de groupes sociaux différents, ethniques, religieux et sexuels ?

Quels apports, une lecture sexuée

...