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Vieillissement et renouvellement du modèle républicain

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Par   •  12 Octobre 2022  •  Dissertation  •  3 793 Mots (16 Pages)  •  250 Vues

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MASTER II PRIS

UE : VIEILLISSEMENT ET RENOUVELLEMENT

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Vieillissement et renouvellement du modèle d’intégration républicain

2020 -2021

Commanditaire :

NDIAYE Ousmane                                                                GOTTARDI Léo

Docteur en sociologie

Le 4 septembre 2020, le président de la république Emanuel Macron célèbre, à l’occasion d’une cérémonie de naturalisation, le 150eme anniversaire de la proclamation de la troisième république. Ce discours est fortement inscrit dans une volonté manifeste de rassembler les français autours des valeurs « républicaines » dans « une forme de gravité lucide, face aux menaces qui pèsent sur elle »[1]. A vrai dire, le président de la république poursuit une séquence engagée à Mulhouse, le 18 février 2020, dans le monde d’avant. C’est lors de ce premier discours, à la surprise générale, qu’il pose les premières bases de ce qui alors allait devenir un projet de loi :

« Le problème que nous avons, c’est quand au nom d'une religion ou d'une appartenance, on veut se séparer de la République, donc ne plus en respecter les lois et donc qu'on menace la possibilité de vivre ensemble en République à cet égard, qu'on en sort soi-même, mais qu'on menace la possibilité pour les autres de le faire. C'est pourquoi notre ennemi est, à ce titre, le séparatisme c'est-à-dire ce phénomène que nous observons depuis des décennies qui est une volonté de quitter la République, de ne plus en respecter les règles, d'un mouvement de repli qui, en raison de croyances et d'appartenance, vise à sortir du champ républicain et ça ce n'est pas acceptable. Dans la République, on ne peut pas accepter qu'on refuse de serrer la main à une femme parce qu'elle est femme. Dans la République, on ne peut pas accepter que quelqu'un refuse d'être soigné ou éduqué par quelqu'un parce que c'est une femme. Dans la République, on ne peut pas accepter la déscolarisation pour des raisons religieuses ou de croyance. Dans la République, on ne peut pas exiger des certificats de virginité pour se marier. Dans la République, on ne doit jamais accepter que les lois de la religion puissent être supérieures aux lois de la République. C'est aussi simple que ça. »[2] 

Enfin, le 02 octobre 2020, en simultanéité avec le procès des attentats perpétrés contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo en 2015, le président affine sa stratégie et prend une nouvelle fois la parole sur le thème de la lutte contre les séparatismes en annonçant un projet de lois. La séquence se poursuit et le ton est donné.

Alors que la France sort tout juste d’une « guerre » contre un virus et se prépare à affronter une crise économique et sociale inédite, la république française elle-même semble menacée, mais par qui ou par quoi ? Il semble que le modèle républicain soit en difficulté. Alors comme le pose l’évêque Monseigneur Éric de Moulins Beaufort aux sénateurs, « faut-il se méfier des citoyens croyants français ? », assiste t’on a une réelle entreprise séparatiste du religieux (et de quelle religion) sur la république ou à la recharge sémantique d’un terme ancien du vocable politique qui désignait autre fois les territoires souhaitant quitter la république ?  Est-ce le signe du renouveau de l’assimilation à la française disparu il y’a quarante ans au profit de l’intégration ou le signe d’un raidissement de l’idéologie d’un modèle d’intégration qui se voit réinterrogé sous la poussée toujours plus forte des particularismes ?  

C’est dans ce contexte qu’est venue s’ancrer ma réflexion, autours du « vieillissement » et du renouvellement du modèle d’intégration français « républicain » et du débat qui l’anime depuis quarante ans. Pour ce faire, je reviendrais dans un premier temps sur deux approches distinctes de la socialisation et de l’intégration, à savoir celle issus du courant holiste de la sociologie initiée par un des pères fondateurs de la discipline et l’autre par l’école de Chicago et le courant interactionniste. Cette présentation succincte permettra de situer deux approches qui s’affrontent sur les questions d’intégration que sont les modèles assimilationniste (ou intégrationniste) et multiculturaliste. C’est dans cette dialectique que semble se mouvoir le modèle d’intégration « à la française » au gré de l’agenda politique économique et social, oscillant entre la métaphore du creuset et de la mosaïque.

Afin de commencer cette note de synthèse, il est apparu comme nécessaire de réintroduire deux approches de l’intégration qui fondent cette dialectique. La sociologie d’Emile Durkheim définie la socialisation comme le résultat de l’intériorisation de l’ensemble des normes sociales par l’individu. Celle-ci passe par l’éducation qui a pour finalité de développer chez l'enfant « un certain nombre d'états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement destiné. » (Durkheim, 2002). Dans le cadre de cette définition, l’intégration serait alors le résultat du processus de socialisation, l’opération nécessaire pour un individu afin de capitaliser l’ensemble des normes sociales permettant sa participation à la vie sociale. Pour lui cette participation se réalise dans trois sphères : familiale, religieuse et professionnelle. En résumé, l’intégration désigne ici un état du système social et est en lien direct avec l’idée de cohésion, à laquelle l’auteur oppose le concept d’anomie ou de désorganisation sociale. Ce type de socialisation pose les bases du modèle d'intégration « républicaine » fondé sur la solidarité organique qui définit l'individu. C'est de la place qu'il occupe dans la société, de cet enracinement social, que découle la notion de contrat, à savoir selon Ernest RENAN « le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune ».[3]

Dans un renversement de l’analyse holiste de la socialisation et de l’intégration, l’approche interactionniste (G.-H. Mead, 1863-1931), propose de se centrer sur les interactions entre l’individu et son milieu pour nous éloigner du concept de socialisation. La logique ici est celle de l’individu en interaction avec son milieu familial, dans un premier temps, dans lequel, par imitation, il intègre les normes sociales pour venir réinterroger, dans un second temps, les rôles qu’il souhaite interpréter en se confrontant aux règles imposées par la communauté. C’est donc dans ce deuxième mouvement que la question de l’intégration se pose, comme un aller-retour réflexif rythmé par l’interaction de l’acteur et son environnement. Dans cette perspective les individus sont considérés comme « sujet et acteurs » de leur existence. Dès lors, s’éloignant du déterminisme, cette approche permet de « penser les institutions […] en envisageant leur capacité à se transformer, à s’ouvrir à la subjectivité de ceux qui y travaillent ou qui les fréquentent. » (Wieviorka M, 2008)

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