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Cours de philosophie sur la laïcité

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Par   •  18 Mai 2017  •  Cours  •  7 740 Mots (31 Pages)  •  1 195 Vues

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  • Le mythe = une fable, un récit religieux utilisé pour rendre compréhensible tout ce qui concerne l'homme et son environnement
  • l'homme a besoin de comprendre la réalité qui l'entoure, mais aussi lui-même, le mythe répond à ce désir de savoir, se situer, se repérer
  • cette explication ne fonctionne pas car elle n'est pas rationnelle
  • ratio = raison
  • la philosophie naît de ce constat → par définition, la philosophie refuse le mythe
  • les premiers philosophes étaient appelés des sages et avaient en commun le désir de dépasser le mythe et les idées préconçues et la volonté de rechercher des preuves et d'argumenter, d'être rationnels
  • Socrate est considéré comme le père de la philosophie, mais il n'a lui-même rien écrit et n'est donc pas reconnu comme un philosophe à part entière
  • ce sont ses disciples qui ont perpétré sa pensée, exemple : Platon
  • Socrate éduquait de jeunes garçons du milieu aristocratique à la maïeutique et à la dialectique
  • la dialectique = art de la discussion et de l'argumentation
  • la maïeutique = art d' « accoucher les esprits » , selon Socrate il s'agit de faire ressurgir la vérité que chacun porte en lui par le biais de questionnement et de remise en question, en dépassant la doxa
  • doxa = idée préconçue
  • philosophie = réflexion, critique, recherche de la vérité et remise en cause de l'autorité
  • réflexion = retour de la pensée sur elle-même et donc remise en question
  • Socrate : « Connais toi toi-même »
  • Socrate : « Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien »
  • Socrate a été condamné à mort, officiellement parce qu'il critiquait la religion et avait une mauvaise influence sur ses élèves, officieusement parce qu'il remettait en cause le pouvoir en place
  • Extrait du Phédon de Platon : La mort de Socrate. Dans ce texte Platon raconte les dernières heures de Socrate et son empoisonnement à la ciguë, il montre à quel point Socrate est serein et a accepté la mort, en allant jusqu'à ironiser sur sa condamnation devant ses amis en pleurs
  • philosophie = philein (aimer) + sophia (sagesse)
  • la sagesse chez les grecs = connaissances théoriques mais aussi pratiques
  • la philosophie comporte cinq grands domaines : la morale / éthique, la politique, l'esthétique, l'épistémologie (sciences) et la métaphysique (au-delà de ce qui est démontrable)
  • Vladimir Jankélévitch (musicologue et philosophe français du XXe), Entretiens : « La possibilité de la mise en question est la chose la plus précieuse, celle par laquelle l'homme est vraiment digne du nom d'homme. L'homme qui se demande à quoi bon n'est déjà plus un animal ni un esclave. Rien pour lui ne va de soi.
  • Extrait de La République, livre XII de Platon : L'allégorie de la caverne. Il met en scène des hommes enchaînés dans une caverne qui ne voient du monde que des ombres sur le mur. Si on libère l'un d'eux et qu'on l'expose à la lumière du jour il en souffrira terriblement, au point qu'il faudra l'y contraindre pour qu'il finisse par s'accoutumer et par voir la réalité du monde. Il prendra alors conscience de sa situation antérieure et ne voudra plus y retourner, d'ailleurs ses semblables ne l'accepteront pas et iront jusqu'à le tuer. Il représente la difficulté de l'accession au savoir
  • Extrait de The Problems of Philosphy de Bertrand Russell (noble britannique, mathématicien, épistémologue, politicien et moraliste du XXe) : Dans ce texte Russell explique que le philosophe se démarque de l'ignorant par sa capacité à tout remettre en question et à refuser les préjugés, ce qui développe ses connaissances et libère son esprit.
  • Extrait de Lettre à Ménécée d'Epicure (philosophe grec du IVe siècle avant JC) : Dans ce texte Epicure explique qu'il n'y a pas d'âge pour philosopher, que l'on doit privilégier la raison aux plaisirs éphémères pour atteindre la sagesse et donc le bonheur, car la sagesse apporte la sérénité et l'harmonie intérieure et rend supérieur aux autres hommes.
  • Extrait de Par-delà le bien et le mal de Nietzsche (philologue, philosophe et poète allemand du XIXe) : Dans ce texte Nietzsche explique que le commun des hommes pense que le philosophe est soit un érudit, soit un fanatique, soit un opportuniste, or il est au contraire un homme engagé et conscient de ses responsabilités

  • Le sujet est un individu capable de se positionner en tant que moi ou je
  • le sujet est conscient de lui-même et de la réalité qui l'entoure, il a une vie psychique
  • Conscience = cum (avec) + scientia (connaissance, savoir) → la conscience est un savoir, une maîtrise de soi
  • Ce sont les pertes de conscience comme le sommeil qui nous indiquent l'existence de celle-ci
  • la conscience nécessite des repères spatio-temporels
  • Conscience spontanée  conscience réfléchie
  • Conscience spontanée = elle renvoie à la simple présence de l'homme à lui même quand il pense, sent, agit. Elle est liée à l'expérience et à la sensibilité.
  • Conscience réfléchie = elle est différée et a la capacité de faire un retour sur ses pensées ou ses actions et de les analyser, c'est le propre de l'Homme.
  • Extrait de Anthropologie du point de vue pragmatique de Emmanuel Kant (philosophe allemand du XVIIIe siècle) : Le pouvoir de dire Je. Pour Kant l'Homme est supérieur à tous les êtres vivants par sa capacité à penser « Je » qui fait de lui une personne et le distingue de l'animal, par exemple les enfants commencent par parler d'eux-mêmes à la troisième personne avant de prendre conscience d'eux-mêmes et de dire Je.
  • Test du miroir : On colle une gomette sur le front d'un enfant sans qu'il s'en aperçoive, puis on le met devant un miroir. L'enfant qui a conscience de lui-même va toucher la gomette, l'enfant qui n'a pas conscience de lui-même va simplement toucher le miroir.
  • La conscience suppose une mise à distance, un recul
  • Extrait de Esthétique de Hegel (philosophe allemand du XIXe) : Pour Hegel l'homme existe à la fois pour l'extérieur et pour lui-même, il acquiert la conscience de deux manières, par la réflexion et en agissant sur ce qui l'entoure. Il a besoin de modifier les choses extérieures pour prendre conscience de lui-même.
  • Extrait du Discours de la Méthode de René Descartes (mathématicien, physicien et philosophe français du XVIIe) : Dans ce texte Descartes explique que dans sa recherche d'une vérité indiscutable il doit mettre en œuvre le doute méthodique pour rejeter tous les préjugés, et donc tout considérer comme faux, et que la seule information qui semble indiscutable  est que si il doute c'est qu'il pense et que la pensée suppose un sujet qui existe→ Cogito ergo sum = Je pense donc je suis
  • Extrait de Pensées de Blaise Pascal (mathématicien, physicien, théologien, inventeur et moraliste français du XVIIe) : Dans ce texte Pascal explique que la conscience permet à l'Homme de prendre du recul sur ses faiblesses et donc de les surmonter, et que c'est ce qui fait sa supériorité. Il le compare à un roseau pensant (cf La Fontaine)
  • Nos états physiques et psychiques varient tout au long de la vie, la conscience synthétise ces différents états et en déduit une unité malgré les changements
  • Kant, Critique de la raison Pure : « Ce n'est qu'à condition de pouvoir lier dans une conscience une diversité de représentations données qu'il m'est possible de me représenter l'identité de ma conscience »
  • la conscience est intentionnalité, c'est à dire qu'elle s'oriente, se projette vers ce qui l'entoure, elle a besoin d'un cadre spatio-temporel, d'un corps et des autres
  • Baruch Spinoza (philosophe néerlandais du XVIIe siècle), L'Ethique : « Les hommes se croient libres par la seule raison qu'ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés. »
  • Karl Marx (historien, journaliste, philosophe, économiste, sociologue allemand du XIXe siècle), Critique de l’Économie Politique : « Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. »
  • Nietzsche, Gai Savoir : « Nul n'est plus que soi-même étranger à soi-même »
  • Rabelais : « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme »
  • Rousseau : « La conscience est la voix de l'âme, les passions sont la voix du corps »
  • Henri Bergson : « La conscience est un trait d'union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre le passé et l'avenir »
  • Henri Bergson : « Conscience signifie d'abord mémoire »
  • Inconscient (adjectif) : qui n'est pas conscient, absence de réflexion ou de jugement critique, automatisme
  • Inconscient (nom) : Ensemble de phénomènes psychiques inaccessibles à la conscience mais qui influent largement sur elle. 
  • Gottfried Leibniz (philosophe, scientifique, mathématicien, logicien, diplomate, juriste, bibliothécaire et philologue allemand du XVIIe siècle) est le premier à avoir démontré l'insuffisance de la conception de la conscience de Descartes (cogito), il dissocie pensée et conscience par l'exemple des « petites perceptions », que nous ne remarquons pas par habitude ou par distraction, et qu'il oppose aux « aperceptions » (perceptions réfléchies)
  • Leibniz : Exemple du bruit des vagues : le sujet ne perçoit pas chaque goutte d'eau mais le tout que forme la vague
  • La perception correspond, pour un sujet, au fait de saisir par l'esprit la réalité à travers les informations que lui donnent les sens.
  • Extrait de l’Énergie Spirituelle de Bergson : La nuit de l'inconscient. Dans ce texte il distingue deux types de souvenirs, ceux qui sont utiles immédiatement à l'action présente (mémoire habitude), et ceux qui, pourtant conservés intactes, sont inutiles et donc inconscients, et se manifestent durant le sommeil (mémoire pure)
  • Nietzsche, Par-delà le bien et le mal : « Une pensée ne vient que quand elle veut, et non pas quand c'est moi qui veux « 
  • Nietzsche, Le Gai Savoir : « Longtemps on a considéré la pensée consciente comme la pensée par excellence : maintenant seulement nous commençons à entrevoir la vérité, c'est-à-dire que la plus grande partie de notre activité intellectuelle s'effectue d'une façon inconsciente »
  • La vision freudienne de l'inconscient n'inclut pas seulement les choses auxquelles nous ne pensons pas mais également les pensées que nous refoulons
  • Freud (médecin psychiatre autrichien du XXe siècle) élabore la psychanalyse à travers l'étude des malades souffrant d'hystérie
  • Freud, Métapsychologie : « L'hypothèse de l'inconscient est nécessaire [...], parce que les données de la conscience sont extrêmement lacunaires. »  
  • Hystérie = Maladie mentale qui manifeste un conflit intérieur et s'exprime par des troubles psychosomatiques → manifestation physiques sans lésions organiques (paralysies, cécité, douleurs), c'est une névrose
  • Névrose = trouble psychique où les obligations morales (surmoi) prennent le dessus sur les pulsions (ça), qui se manifeste par des troubles du comportement que le malade ne peut dominer, peut être traité par la psychanalyse
  • Psychose = trouble psychique où les pulsions (ça) prennent le dessus sur les obligations morales (surmoi), qui se manifeste par une altération du contact avec la réalité, un comportement délirant et une transformation de la personnalité, ne peut pas être traité par la psychanalyse car le psychotique ignore qu'il est malade
  • Une jeune fille, Anna O, souffre de cécité à la suite de la mort de son père. Freud la met sous hypnose et elle raconte une scène avec son père mourant, pendant laquelle elle retient fortement ses larmes en contractant les paupières. Lorsqu'elle sort de l'hypnose elle est guérie
  • Les souvenirs traumatisants ont été refoulés dans l'inconscient, mais par pour autant neutralisés et prennent alors une forme somatique
  • Dès que ce qui est inconscient redevient conscient l'état mental s'améliore → Pour guérir il faut faire ressurgir le souvenir traumatisant et le dédramatiser
  • Freud remplace l'hypnose par la psychanalyse ou talking cure car il pense que ce n'est pas un moyen sûr
  • La psychanalyse est un travail d'investigation consistant à retrouver le souvenir inconscient par le langage en franchissant la censure qui se situe entre le conscient et l'inconscient
  • Ce sont les résistance qui marquent l'existence d'un refoulement (= mécanisme de défense consistant à reléguer dans l'inconscient un sentiment qui entre en conflit avec la conscience) et permettent de localiser cette censure
  • Le cas Élisabeth : une jeune trentenaire souffre de violentes douleurs aux jambes inexpliquées. Elle raconte qu'elle s'est sentie seule et a envié la situation de sa sœur, mariée et heureuse. Elle est amoureuse de son beau-frère, et lorsqu'elle a apprit la mort de sa sœur elle a pensé « maintenant il est libre et il peut m'épouser ». Cette pensée révoltante et immorale a été refoulée dans l'inconscient et est  à l'origine de ses troubles, la prise de conscience de cette pensée la bouleverse mais la guérit
  • Freud représente d'abord la structure du psychisme comme une maison à trois étages : le conscient (= ce qui permet l'adaptation du sujet au réel), le préconscient (= ce dont nous n'avons momentanément pas conscience) et l'inconscient (= plus grande partie de l'appareil psychique, ensemble des désirs refoulés par la censure)
  • Il propose ensuite une nouvelle vision de la division de l'appareil psychique → Extrait des Nouvelles Conférences de Psychanalyse de Freud : Le ça, le moi et le surmoi. Les exigences du ça ( = pulsions régies par le principe de plaisir, situé dans l'inconscient), du surmoi (= instance morale qui regroupe les normes sociales et familiales intériorisées par le sujet, également inconsciente) et de la réalité extérieure sont gérées par la plus petite partie de l'appareil psychique, le moi (=médiateur), de cette instance dépend l'équilibre psychique du sujet
  • Freud énonce ce qu'il appelle le Complexe d’œdipe = L'enfant peut avoir des désirs sexuels incestueux envers le parent de sexe opposé et des désirs de meurtre du parent du même sexe. C'est un passage obligé de la petite enfance (3-5 ans), il est refoulé par l'enfant et est à l'origine de ses tendances sexuelles futures.
  • Lapsus linguaë (oral) et lapsus calami (écrit) = erreur involontaire qui nous fait exprimer un mot pour un autre et traduit notre pensée inconsciente
  • Acte manqué = conduite ou action involontaire qui traduit un sentiment ou une préoccupation inconsciente
  • Pour Freud le rêve est la manifestation de souvenirs refoulés dans l'inconscient qui y apparaissent d'une manière détournée, symbolique tandis que la censure est affaiblie par le sommeil, il faut donc les interpréter (contenu manifeste ≠ contenu latent). Le rêve a lieu durant la phase de sommeil paradoxal (cycle du sommeil = 1H30).
  • Mécanisme de sublimation = Le sujet exprime positivement ses pulsions par l'art pour empêcher qu'elles soient à l'origine de troubles (catharsis)
  • Freud : "Les œuvres d’art [sont] les satisfactions imaginaires de désirs inconscients, tout comme les rêves." 
  • Lacan (psychiatre et psychanalyste français du XXe), Écrits : « L'inconscient est ce chapitre de mon histoire qui est marqué par un blanc ou occupé par un mensonge : c'est le chapitre censuré. Mais la vérité peut être retrouvée. »  
  • La psychanalyse et la théorie de l'inconscient sont vivement critiquées
  • Selon Freud, au cours de son Histoire l'Homme sera confronté à trois grandes remises en question, des « blessures narcissiques » : La démonstration par Copernic que la Terre n'est pas le centre de l'Univers, la théorie de l'évolution de Darwin, et la découverte de l'inconscient
  • Extrait de Conjonctures et Réfutations de Karl Popper (philosophe autrichien épistémologue du XXe siècle) : Le concept d'inconscient n'a pas de valeur scientifique car il n'est pas théoriquement réfutable et fonctionne donc à la manière d'un mythe
  • Pour Alain (philosophe, journaliste, essayiste et professeur français du XIXe) il est absurde d'affirmer l'existence de pensées auxquelles on ne pense pas, car toute pensée requiert un sujet qui la pense, de plus l'inconscient dédouane le sujet de toute responsabilité ce qui est inacceptable
  • Alain, Éléments de philosophie : « La plus grave de ces erreurs est de croire que l'inconscient est un autre Moi ; un Moi qui a ses préjugés, ses passions et ses ruses ; une sorte de mauvais ange, diabolique conseiller. »
  • Alain, Éléments de Philosophie : « L'inconscient est une méprise sur le Moi, c'est une idolâtrie du corps »
  • Pour Sartre (écrivin et philosophe français du XXe), l'Homme est « condamné à être libre » , il associe l'hypothèse de l'inconscient à de la « mauvaise foi »
  • Autrui = Alter ego, Autre moi / Autre que moi, c'est un être différent de moi mais conscient comme moi
  • Altérité = le caractère de ce qui est autre ≠ identité = soi-même. Est altruiste celui qui fait passer ses devoirs envers autrui avant la satisfaction de ses intérêts propres
  • Le raisonnement par analogie est une réponse au problème de la connaissance d'autrui
  • Analogos = en rapport avec
  • Si tel comportement a pour moi tel sens alors j'en déduis que ce comportement a le même sens chez autrui
  • Nicolas Malebranche (philosophe cartésien, prêtre et théologien français du XVIIe), La recherche de la Vérité : « Autrui est invisible en lui-même »
  • David Hume (philosophe, économiste et historien écossais du XVIIIe), Traité de la nature humaine : « Les sentiments d'autrui ne peuvent jamais nous affecter qu'en devenant nôtres en quelque mesure »
  • Sympathie = partager les sentiments, étymologiquement « sentir/ressentir avec »
  • Aristote (philosophe grec antique, disciple de Socrate), Ethique à Nicomaque : « L'homme de bien est avec son ami dans une relation semblable à celle qu'il entretient avec lui-même car l'ami est un autre soi-même »
  • Descartes propose une philosophie centrée sur l'ego, le moi = egologie, l'autre n'a pas sa place dans le cogito et ne peut être connu que par analogie car le cogito est la seule certitude et l'autre n'est que supposé
  • Pour Descartes il est impossible de connaître les pensées d'autrui par son apparence extérieure mais on peut y arriver par le discours = la faculté que l'on a en commun avec autrui de communiquer une idée par la parole
  • Descartes, Méditations Métaphysiques : « Je suis une chose qui pense, les choses que je sens et que j'imagine ne sont peut-être rien du tout hors de moi et en elles-mêmes »
  • Pour Freud l'homme n'a la certitude que de ses propres états psychiques, la conscience de l'autre repose sur une hypothèse dont la certitude est moindre que celle de notre propre consciences
  • Ce raisonnement par analogie met le moi au centre et considère qu'on ne peut connaître autrui qu'en le comparant à soi-même
  • Solipsisme = solus (=seul) + ipse (=soi-même)
  • Platon (philosophe grec antique disciple de Socrate), Dialogue de Théètète : « Le jugement, je l'appelle une énonciation de paroles qui à la vérité ne s'adressent pas à autrui, qui ne se fait pas non plus au moyen de la voix, mais silencieusement et en se parlant à soi-même »
  • La connaissance d'autrui rencontre deux limites, une de fait (pratique) et une de droit (morale)
  • Maurice Merleau-Ponty (philosophe français du XXe) rejette la conception de l'egologie car il pense qu'il ne faut pas voir autrui comme second mais comme premier et que je suis dépendant de l'autre pour prendre conscience de moi et de ce qui me caractérise
  • Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception : « Dans l'expérience du dialogue, il se constitue entre autrui et moi un terrain commun, ma pensée et la sienne en font qu'un seul tissus, nous coexistons à travers un même monde »
  • Pour Socrate la réflexion philosophique ne peut se faire que par le dialogue et l'échange avec autrui → dialectique
  • Autrui apparaît également comme la condition de la conscience de soi
  • Extrait de Vendredi ou Les limbes du Pacifique de Michel Tournier (écrivain français du XXe) : La solitude, une nuit insondable. La solitude et donc l'absence d'autrui entraînent une déshumanisation progressive, la perte du langage et des repères spatio-temporels et des hallucinations, autrui a donc un rôle de repère et permet de prendre conscience de soi et de se situer.
  • Gilles Deleuze (professeur et philosophe français du XXe), Logique du Sens : « Autrui comme structure, c'est l'expression d'un monde possible »
  • Extrait du Léviathan de Thomas Hobbes (philosophe anglais du XVIIe) : L'homme est un loup pour l'homme (homo homini lupus). Les hommes ont besoin d'être soumis à une autorité car en l'absence de cette dernière ils sont tous en guerre les uns contre les autres, et attaquent pour trois raisons : le gain, la défiance et la fierté
  • Pour Georg Hegel (philosophe allemand du XIXe), chaque être humain a besoin d'être reconnu par autrui et toutes les situations de conflit sont dues au sentiment de manque de reconnaissance → La dialectique du maître et de l'esclave : L'esclave rend dépendant son maître en travaillant à sa place, il prend alors le pouvoir sur le maître qui devient esclave et les rôles s'inversent, ainsi de suite
  • Hegel, Phénoménologie de l'esprit, : « Le comportement de deux consciences de soi est déterminé de telle sorte qu'elles se prouvent elles-mêmes et l'une à l'autre au moyen de la lutte pour la vie et la mort »
  • Chaque individu se reconnaît dans l'image qu'il renvoie à autrui
  • Extrait de L'Être et le Néant de J-P Sartre (écrivain et philosophe français du XXe siècle, existentialiste) : « La honte dans sa structure première est honte devant quelqu'un. » Si je suis seul et que je fais un geste déplacé je ne le juge pas, je le vis simplement, mais si quelqu'un m'a vu alors j'ai honte. « Je reconnais que je suis comme autrui me voit »
  • J-P Sartre, Huis Clos : « L'Enfer, c'est les autres »
  • Karl Marx, Introduction générale à la critique de l'économie politique : "L’homme […] est non seulement un animal social, mais un animal qui ne peut s’individualiser que dans la société."
  • Autrui est également un problème moral : C'est une personne, on doit le voir comme une fin, et jamais comme un moyen (≠ Machiavel « La fin justifie les moyens »)
  • Rousseau (écrivain, philosophe et musicien suisse du XVIIIe) considère que l'homme est naturellement bon et que la méchanceté décrite par Hobbes n'est que le fruit de la vie sociale, il prend l'exemple de la pitié qui est selon lui naturelle puisque les animaux l'éprouvent
  • Pour Aristote l'amitié est le type les plus élevé du rapport à autrui, elle correspond à une bienveillance réciproque et ne peut concerner que les êtres humains.
  • Kant, Métaphysique des meurs : « L'humanité est elle-même une dignité »
  • J-P Sartre, L'Être et le Néant : « Autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi-même, il n'est pas seulement celui avec lequel je suis en conflit mais aussi celui qui me libère, qui me fait prendre conscience de moi et de mes limites »
  • Le mot désir vient du latin desiderare = regretter l'absence de qqchose. Racine du mot : sidus = astre, étoile, renvoie à la contemplation d'une chose très éloignée, inaccessible
  • le désir est donc étymologiquement quelque chose que l'on peut pas satisfaire
  • Définition : tendance psycho-physique qui nous pousse à rechercher une chose qui doit nous apporter une satisfaction
  • Leibniz, Nouveaux essais sur l'entendement humain : « L'inquiétude qu'un homme ressent en lui-même par l'absence d'une chose qui lui donnerait du plaisir si elle était présente, c'est ce qu'on nomme désir »
  • désir ≠ besoin
  • Hybris = passion démesurée et destructrice
  • Dans Le Baquet (Dialogue de Gorgias), Platon utilise l'image du tonneau des Danaïdes pour montrer qu'une vie de plaisirs ne peut pas permettre d'accéder au bonheur, car cumuler les plaisirs ne fera que faire naître de nouveaux désirs toujours plus insatiables
  • Puisque le désir renaît perpétuellement il n'est jamais satisfait
  • Extrait du Banquet de Platon : Le mythe D'Aristophane. A l'origine les hommes étaient des androgynes et possédaient quatre bras, quatre jambes et deux têtes, mais ils tentèrent d'attaquer les dieux qui pour les punir les coupèrent en deux. Depuis ce jour chaque moitié recherche l'autre pour reconstituer l'unité perdue. Ce mythe illustre l'idée que tout désir serait une poursuite désespérée d'un idéal, et qu'il fait partie de l'origine et de l'essence des êtres humains.
  • Schopenhauer (philosophe allemand du XIXe), Le Monde Comme Volonté et Comme Représentation : « Le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir. Comme une aumône qu'on jette à un mendiant, elle lui sauve la vie aujourd'hui pour prolonger sa misère jusqu'à demain. »
  • Schopenhauer, Le Monde Comme Volonté et Comme Représentation : « La vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui »
  • Dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Rousseau décrit un état de nature fictif dans lequel les hommes vivent en parfaite harmonie sans se soucier d'autrui et n'ont d'autre préoccupation que la satisfaction de leurs besoins naturels, et considère que c'est la société qui crée l'escalade des désirs et donc l'insatisfaction
  • Pour les Épicuriens, le souverain bien = le bonheur consiste en une absence de troubles dans le corps et dans l'âme (ataraxie), il faut donc se préoccuper uniquement des désirs essentiels pour ne pas ressentir de frustration
  • Dans la Lettre à Ménécée, Épicure distingue trois types de plaisirs : les désirs naturels et nécessaires (= besoins, limités et faciles à satisfaire, exemple : eau et nourriture), les désirs vains (qui sont non nécessaires mais ne sont pas mauvais, exemple : la bonne nourriture) et les désirs non naturels et non nécessaires (qui ne sont que des artifices et causent la souffrance et la dépendance, exemple : la gloire, la richesse),
  • Épicure Lettre à Ménécée : « Il ne faut pas gâter les choses présentes par le désir des absentes »
  • Cependant la philosophie épicurienne n'exclue pas le plaisir, qui peut être cinétique (= plaisir qui remédie à un manque et marque l'état de satiété d'un être comblé) ou catastématique (= plaisir au repos qui ne perturbe pas l'être qui l'éprouve)
  • Pour les stoïciens tels que Sénèque ou Épictète, nous n'avons aucun pouvoir sur le cours des choses, seul notre ressenti dépend de nous et nous devons donc apprendre à accepter les choses que nous ne pouvons pas changer. Nous devons donc ne désirer que ce qui dépend de nous.
  • Épictète, Manuel : « Ce n'est pas par la satisfaction  des désirs que s'obtient la liberté, mais par la destruction des désirs »
  • Le stoïcisme préconise de privilégier la vertu plutôt que les plaisirs de façon à rendre son bonheur indépendant du monde extérieur
  • Descartes, Discours de la Méthode : « Ma troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune et à changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde ; et généralement, de m'accoutumer à croire qu'il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir, que nos pensées »
  • La difficulté de concilier bonheur et désir vient du fait que le bonheur est défini comme un état stable tandis que la mécanique des désirs est en permanente évolution
  • La Bible considère le désir comme quelque chose d'extérieur et de néfaste à l'homme, des tentations qui viennent du Diable, mais on peut aussi le voir comme une force propre à l'homme qui lui donne la force de persévérer
  • Spinoza, Éthique : « Le désir est l'essence même de l'homme en tant qu'effort pour persévérer dans son être »
  • Le conatus de Spinoza = l'effort par lequel toute chose tend à persévérer dans son être
  • Spinoza, Éthique : « Nous ne désirons aucune chose parce que nous la jugeons bonne ; mais au contraire nous jugeons qu'une chose est bonne parce que […] nous la désirons »
  • Hédonisme = doctrine qui fait de la recherche du plaisir et de son intensité le fondement de la morale et le but de vie. Le plaisir est considéré comme le bien le plus important de l'existence humaine.
  • Chamfort (poète, journaliste et moraliste français XVIIIe), Maximes et pensées, caractères et anecdotes : « Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi, ni à personne, voilà je crois, toute la morale »
  • Selon Bergson la joie se distingue du désir car elle n'est pas vaine et dure dans le temps, elle est créatrice et sa force participe à un processus d'affirmation et de construction de soi-même
  • Bergson, L’Énergie Spirituelle : « La joie annonce toujours que la vie a réussi, qu'elle a gagné du terrain, qu'elle a remporté une victoire : toute grande joie a un accent triomphal »
  • Pour Rousseau la satisfaction réside davantage dans la capacité de l'homme à imaginer l'objet de son désir que dans l'obtention de celui, qui sera toujours une déception
  • Rousseau, La Nouvelle Héloïse : « Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! »
  • Rousseau, La Nouvelle Héloïse : « On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère, et l'on est heureux qu'avant d'être heureux. »
  • Françoise Dolto indique qu'il ne faut pas satisfaire tous les désirs des enfants car souvent ces caprices cachent un manque affectif, sans quoi l'enfant deviendra un enfant-roi qui n'a aucune limite et ne connaîtra que la déception
  • Louis Lavelle (philosophe et mathématicien français du XXe), Du Temps et de l’Éternité : « Le regret […] est l'inverse du désir, un désir qui a seulement changé de sens »
  • Pascal, Pensées : « Tout le malheur de l'homme vient d'une seule chose qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre »
  • Pour Hegel c'est la médiation de l'autre qui transforme le besoin en désir, le désir relève de la culture
  • La passion donne au désir le caractère de la nécessité du besoin, elle s'oppose à la volonté rationnelle.
  • Pascal, Pensées : « Lutte intestine entre passion et raison »
  • Pour Kant la passion est une maladie incurable qui s'enracine dans une justification raisonnée et se satisfait de sa situation de dépendance
  • Rousseau, La Nouvelle Héloïse : « Il n'y a que les âmes de feu qui sachent combattre et vaincre, tous les grands efforts, toutes les actions sublimes sont leur ouvrage »
  • Pour la psychanalyse l'origine de la passion est inconsciente, exemple de Dom Juan qui recherche l'amour maternel à travers les femmes qu'il séduit
  • On peut lutter contre les passions par la catharsis
  • Rousseau, La Nouvelle Héloïse : « La tragédie purge et tempère les passions […] Elle leur ôte ce qu'elles ont d'exclusif et de vicieux et les ramène à un état de modération conforme à la raison. »
  • Pour Hegel la passion n'est pas quelque chose de négatif ou de condamnable mais permet à l'homme de canaliser son énergie est ses capacités pour se réaliser et donner à son intérêt particulier une portée universelle qui profite à l'humanité entière
  • Au sens large l'existence désigne tout objet dont on peut constater la réalité
  • Le rapport de l'Homme à l'existence est spécifique car l'Homme a conscience du temps → L'existence humaine se caractérise par sa finitude
  • L'existence de l'Homme se déroule dans l'instant présent mais entretient un rapport constant au temps par la remémoration du passé et l'anticipation du futur
  • Il existe plusieurs manières de se représenter le temps qui passe : le temps de la nature (passage des saisons, horloge biologique), le temps objectif (conventions = celui des horloges, agendas) et le temps psychologique (tel qu'il est vécu par une conscience, celui de l'attente, de l'ennui ou du souvenir)
  • Pour Aristote dans La Physique, le temps n'a qu'une réalité indécise, il est divisé entre le passé, qui n'est plus, et le futur, qui n'est pas encore, par le présent, qui n'est qu'une limite, se réduit à un instant, l'instant présent. Selon lui le monde est « en devenir », il change perpétuellement, et le temps est ce qui est mesurable entre deux instants donnés.
  • Aristote considère le temps par analogie avec le mouvement, avec un point de départ et un point d'arrivée
  • Saint Augustin, Les Confessions : « Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus. »
  • Les trois temps dont use le langage courant n'existent pas, la saisie de la nature du temps constitue une aporie =  question qui plonge le lecteur ou l'auditeur dans le doute tout en le poussant à trancher entre deux affirmations. Pour la résoudre il faut alors voir le temps non comme une réalité objective mais comme un produit de l'esprit humain
  • Saint Augustin (Augustin d'Hippone, philosophe et théologien chrétien algérien du IVe siècle), Les Confessions : « Ce n'est pas user de termes propres que de dire : il y a trois temps, le passé, le présent et l'avenir. […] Car ces trois sortes de temps existent dans notre esprit et je ne les vois pas ailleurs. Le présent du passé, c'est la mémoire ; le présent du présent, c'est l'intuition directe ; le présent de l'avenir, c'est l'attente. »
  • Temps objectif ≠ temps subjectif
  • Dans son Essai sur les Données Immédiates de la Conscience, Bergson souligne que seul le temps subjectif, qu'il nomme durée, existe puisqu'il est ressenti par une conscience, tandis que le temps objectif de la science ne correspond qu'à une mesure précise de l'espace.
  • On a tendance à considérer le temps comme un mouvement → Héraclite : « On ne se baigne jamais dans le même fleuve. »
  • Le temps, contrairement à l'espace, est irréversible, et la mort apparaît donc à la fois comme terme et comme but de l'existence
  • Lavelle, Du Temps et de l’Éternité : « L'irréversibilité constitue pourtant le caractère le plus essentiel du temps, le plus émouvant, et celui qui donne à notre vie tant de gravité et ce fond tragique dont la découverte fait naître en nous une angoisse que l'on considère comme révélatrice de l'existence elle-même. »
  • Ce thème est représenté en art par les vanités, qui suivent l'adage Memento mori (Souviens-toi que tu vas mourir) et ont pour but de rappeler aux Hommes leur inévitable mort et la vanité de leurs activités terrestres
  • Épicure est un philosophe matérialiste et atomiste et pour lui la mort ne correspond qu'à la dispersion des atomes qui composent un être, ainsi il n'y a pas de vie après celle-ci.
  • Selon Épicure dans sa Lettre à Ménécée, la mort n'est rien pour nous, car si je suis vivant je ne connais pas la mort, et si je suis mort alors je ne suis plus, donc je ne connais pas non plus la mort.
  • Épicure, Lettre à Ménécée : « La mort, n'est rien pour nous : tant que nous existons nous-mêmes, la mort n'est pas ; quand la mort existe, nous ne sommes plus. »
  • Michel de Montaigne (philosophe et moraliste français du XVIe siècle), Les Essais : « La mort ne nous concerne ni morts ni vifs, ni vifs parce qu'à ce moment elle n'existe pas, ni morts parce qu'à cet instant nous ne sommes plus. »
  • Pour Heidegger (philosophe allemand du XXe) l'Homme est livré à lui-même dans le monde face à la perspective d'une mort inévitable, l'absurdité apparente de son existence le conduit à l'angoisse, qu'il doit surmonter en se rappelant que la mort est ordinaire et ne doit pas nous empêcher de vivre.
  • Heidegger, L'Être et le Temps : « L'Homme est un être pour la mort. »
  • Heidegger, L'Être et le Temps : « Dès qu'un homme est né il est assez vieux pour mourir. »
  • Jean Cocteau (poète, graphiste, dessinateur, dramaturge et cinéaste français du XXe) : « Chaque jour j'observe la mort à l’œuvre dans le miroir. »
  • Hume, Traité de la Nature Humaine : « Les Hommes se préoccupent partout à l'idée de ce qui pourrait arriver après leur mort, pourvu que cela concerne ce monde. »
  • Pour Pascal l'Homme pratique le divertissement (divertere = se détourner de qqchose) dans chacune de ses activités telles que le jeu, le travail ou même la philosophie dans le but d'échapper à l'ennui qui entraînerait une remise en question et les ferait prendre conscience de leur état de mortels dont la vie n'a aucun sens.
  • Le futur est une dimension temporelle essentielle car c'est par la projection vers l'avenir que l'Homme arrive à donner un sens à son existence
  • Pour Sartre, « l'existence [= les actes concrets que l'on accomplit au cours de sa vie] précède l'essence [= la naissance, la nature humaine] », l'Homme doit s'inventer sans quoi il n'est que projet, par conséquent chacun de ses actes donne un sens à son existence.
  • Sartre, L'Existentialisme est un Humanisme : « L'Homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait. »
  • Ainsi selon Sartre chacun de nos actes a un sens et nous en sommes donc responsables, « L'Homme est condamné à être libre » et prétendre le contraire n'est que le reflet de la mauvaise foi générée par l'angoisse.
  • Dans la morale des religions monothéistes le bonheur ne peut se trouver qu'après la mort, c'est le paradis, et il faut accepter de souffrir sur Terre pour y parvenir, ainsi c'est la perspective d'un avenir meilleur qui donne un sens à la vie.
  • Le bonheur peut aussi se trouver dans le passé par l'intermédiaire du souvenir, ainsi il ne nous serait possible d'apprécier le bonheur qu'un fois qu'il est derrière nous et embellit par la nostalgie
  • Alfred de Musset (poète et dramaturge français du XIXe) : « Un souvenir heureux est peut-être sur Terre plus vrai que le bonheur »
  • Machiavel (philosophe italien du XVe), Le Prince : « Les Hommes louent le passé et blâment le présent, et souvent sans raison. »
  • Nietzsche, Considérations Inactuelles : « Toute action exige l'oubli. »
  • Selon Bergson, il y a trois comportements face au souvenir : l'impulsif, qui n'en tient pas compte et agit sans réfléchir, le rêveur, qui s'y complaît, et enfin l'homme de bon sens qui utilise les souvenirs par rapport à la situation présente.
  • Cependant placer le bonheur dans le passé ou dans le futur ne semble pas satisfaisant puisque le rechercher hors du présent risque d'empêcher qu'on le saisisse quand il se présente à nous
  • Nietzsche utilise le mythe de l'éternel retour → « Mène ta vie de telle sorte que tu puisses souhaiter qu'elle se répète éternellement. »
  • Pascal, Pensées : « Le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais. »
  • Perception = Saisie par l'esprit de la réalité extérieure par l'intermédiaire des sens
  • La perception constitue le premier rapport qu’entretient l'Homme au monde extérieur, elle précède toute forme de connaissance
  • Percipere = prendre ensemble → recueillir les données du monde extérieur par le biais des informations transmises par les organes sensoriels
  • Sensation = impression brute reçue par l'un des cinq sens, information sensorielle transmise au cerveau par les nerfs → sujet passif
  • Perception = Interprétation des données sensorielles pour en déduire un objet, une cause, nécessite un individu conscient → sujet actif
  • Sensation ≠ Perception → J'ai la sensation d'une odeur ou d'une couleur, mais je perçois un objet doté de qualités sensibles
  • Puisque la perception implique une forme de jugement elle ne peut pas être objective. Exemple : La sensation de chaud et de froid varie d'un individu à l'autre
  • Dans Chose et Espace, Edmund Husserl (philosophe autrichien du XXe siècle) distingue l'objet perçu, en lien direct avec la réalité et actuellement présent, de l'objet imaginé, qui est rendu présent pour la conscience par la biais du souvenir
  • Husserl, Chose et Espace : « Toute conscience est conscience de quelque chose »
  • Merleau-Ponty, Phénoménologie de la Perception : « Il ne faut donc pas se demander si nous percevons vraiment un monde, il faut dire au contraire : le monde est celui que nous percevons »
  • Pour les empiristes tels que John Locke, l'inné n'existe pas et les connaissances ne peuvent s'acquérir que par l'expérience qui est entièrement faite d'une accumulation de sensations. Comme certaines de ces sensations sont toujours liées je finis par les associer et en déduire un objet
  • Cependant nous ne pouvons pas réduire l'objet aux sensations qu'il me procure. Exemple de Descartes : Un morceau de cire qui vient d'être tiré de la ruche est froid, dur, odorant, et possède une forme déterminée, mais si on le fait fondre ces caractéristiques changent, pourtant « La même cire demeure ». → L'essence doit donc être distinguée de l'apparence
  • Universel : Ce qui concerne tous les membres d'un ensemble sans tolérer d'exception
  • La perception ne peut pas être considérée comme de la connaissance puisque qu'elle diffère d'un individu à l'autre et n'est donc pas universelle
  • Aristote souligne cette différence entre connaissance et perception, et ajoute que la perception ne repose sur aucune démonstration
  • Aristote, Seconds Analytiques : « La perception porte nécessairement sur une réalité singulière, tandis que la science consiste dans le fait de connaître l'universel »
  • Les sens peuvent nous tromper, exemple : mirages, illusions d'optique
  • La perception est ce qui permet aux être vivants de s'orienter dans le monde, et donc d'assurer leur survie → Rôle pratique
  • Pour Platon dans La République, si l'Homme veut accéder à la vérité il doit parvenir à se libérer des illusions produites par ses sens et saisir la réalité à l'aide de sa raison → Allégorie de la caverne
  • Le premier pas vers la connaissance véritable repose sur les rejet des apparences et de ce que nous apprennent les sens → la perception est alors considérée comme un obstacle à franchir
  • Si la perception nous fournit des informations qui ne sont pas fiables alors on peut remettre en question l'existence même du monde extérieur
  • Selon George Berkeley (philosophe et évêque irlandais du XVIIIe siècle) et sa philosophie de l'immatérialisme, le monde extérieur n'existe pas indépendamment de nos perceptions
  • Berkeley, Principes de la Connaissance Humaine : « Exister c'est être perçu. »
  • Puisqu'elle implique une activité du sujet, la perception est le fruit d'un apprentissage. C'est ce qu'Alain illustre par l'exemple de la perception d'un dé : Alors que nous n'en voyons que trois faces nous savons l'identifier comme un dé et en percevons donc six faces, tandis que quelqu'un qui n'a jamais vu de dé devra en examiner toutes les faces avant de concevoir l'idée d'un cube à six faces.
  • Alain, Éléments de Philosophie : « La perception est déjà une fonction de l'entendement. »
  • Descartes, Méditations Métaphysiques : « Si par hasard je regarde d'une fenêtre des hommes qui passent dans la rue, je ne manque pas de dire que je vois des hommes. Et cependant que vois-je de cette fenêtre, sinon des chapeaux et des manteaux, qui peuvent couvrir des spectres ou des hommes feints qui ne se remuent que par ressorts ? »
  • L'entendement est la faculté d'entendre, c'est à dire de comprendre et de connaître à l'aide de la raison
  • Toute perception est toujours un acte de l'entendement, par conséquent ses erreurs ne sont pas dues à nos sens mais bien à l'interprétation que l'on en fait
  • Kant, Critique de la Raison Pure : « Si l'on peut dire que les sens ne trompent pas, ce n'est point parce qu'ils jugent toujours juste, mais bien parce qu'ils ne jugent point du tout. »
  • Pour Bergson dans Le Rire, notre perception des choses est détournée dans un but pratique et nous ne voyons que ce qui peut nous être utile. Ainsi, dans l'art, la perception n'est pas rattachée au besoin et nous offre donc une vision plus directe de la réalité, puisque non influencée par un but pratique
  • Bergson, Le Rire : « L'art n'est sûrement qu'une vision plus directe de la réalité. Mais cette pureté de perception implique une rupture avec la convention utile, un désintéressement inné et spécialement localisé du sens ou de la conscience. »
  • Hume, Traité de la Nature Humaine : "Je ne puis jamais arriver à me saisir moi-même sans une perception, et jamais je ne puis observer autre chose que la perception." 
  • Malebranche, De la Recherche de la Vérité : "Je dois distinguer l’idée de ma main de la perception que j’en ai ; les idées des objets sont donc préalables aux perceptions que nous en avons." 
  • Extrait du Traité des Sensations de Condillac (Étienne Bonnot de Condillac, abbé, philosophe, écrivain, académicien et économiste français du XVIIIe siècle) : D'un aveugle-né à qui les cataractes ont été abaissées. Un aveugle de naissance subit une opération qui lui rend la vue. Quand il commence à voir il est incapable de percevoir la profondeur des choses et les objets lui paraissent collés à son œil, il ne distingue ni la forme, ni la grandeur, et ne fait pas de différence entre les objets, de plus il ne voit des tableaux que des plans colorés et comprend pas ce qu'ils représentent. Petit à petit, il apprend à analyser ses sensations et donc à percevoir ce qu'il voit.
  • Cette expérience n'est pas sans rappeler le développement des perceptions chez l'enfant en bas âge, qui apprend  à en déjouer les illusions
  • Dans La Psychologie de l'Intelligence, Jean Piaget (psychologue suisse du XXe siècle) met en évidence les erreurs de perceptions chez l'enfant
  • Pendant la première année de sa vie, un bébé ne saisit pas la permanence de l'objet, c'est à dire que si on enlève un objet de sa vue en le plaçant par exemple sous un coussin il en déduit que celui-ci a disparu
  • Pour un enfant d'environ 4-5 ans, « longueur égale nombre », ainsi si l'on présente à un enfant deux alignements de même longueur de six jetons chacun il reconnaît qu'il y a le même nombre de jetons dans chaque alignement, cependant si l'on écarte les jetons de l'une des colonnes l'enfant déduit qu'il y a plus de jetons là où c'est plus long
  • L'enfant jusqu'à 6-7 ans n'arrive pas à ranger les objets par catégorie, c'est le traitement qualitatif du réel, par exemple si on lui donne un bouquet de dix marguerites et deux roses et qu'on lui demande « y a-t-il plus de marguerites ou de fleurs ? » il se trompe et répond « Plus de marguerites »
  • Le problème de Molyneux : Si un aveugle de naissance pouvait voir pour la première fois un cube et une sphère qu'il avait apprit au préalable à distinguer par le toucher pourrait-il les reconnaître avec pour seul sens la vue ? Bien que l'expérience ait été faite en 1730 avec un aveugle qui n'a pas pu les distinguer, ce problème a continué de faire débat jusqu'en 2003 où le chercheur du MIT Pawan Sinha l'a de nouveau démontré.

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