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DEDRIER, l'innovation

Cours : DEDRIER, l'innovation. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  15 Décembre 2012  •  Cours  •  632 Mots (3 Pages)  •  639 Vues

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Il convient d'observer un grand changement dans le domaine des inventions: celles-ci se font de plus en plus collectives. Dans le passé, à moins qu'il fût reculé, le nom d'un savant était toujours attaché à l'invention: par exemple, celui de Denis Papin à la machine à vapeur, de Stephenson à la locomotive, de Marconi à la télégraphie sans fil. Les moyens matériels nécessaires à une invention restaient, en effet, à la portée d'un particulier, fût-il moyennement fortuné. Il en fut ainsi jusque dans les premières décennies du XXe siècle; même l'astronautique moderne a été préparée par les expériences d'un Goddard, qui sont encore à la portée d'un écolier ou d'un étudiant.

Mais, au fur et à mesure que la technologie progresse, l'invention exige la mise en ¦uvre de moyens de plus en plus considérables et coûteux. Leeuwenhoek inventa sans se ruiner le microscope optique; mais Knoll et Ruska, qui inventèrent le microscope électronique en 1932, n'y parvinrent qu'à l'aide d'un équipement de haut niveau qui ne pouvait être leur propriété. La tradition consent encore que, dans certains cas, le nom d'un individu qui fait une invention avec le matériel d'une grande firme soit associé à cette invention, celle-ci devenant automatiquement la propriété de la firme. Mais, pour un certain nombre de raisons, essentiellement juridiques et financières, c'est de moins en moins souvent le cas. L'invention tend à être présentée sous le nom de la firme au sein de laquelle elle a été réalisée. Cela s'explique parfois par le fait qu'il n'y a pas un, mais plusieurs inventeurs, qui ont travaillé en équipe, parfois aussi par le fait que, même due à un seul individu, l'invention a été l'aboutissement de recherches déterminées, financées par la firme et que celle-ci s'en considère comme la propriétaire légitime. Il devient de plus en plus difficile de rééditer des exploits tels que celui d'un Wheatstone, qui inventa la stéréoscopie, ou d'un Sainte-Claire Deville, qui inventa un procédé d'extraction de l'aluminium.

On peut ainsi prévoir qu'au XXIe siècle la majorité des inventions sera la propriété de grandes firmes disposant de moyens de recherche considérables. Autrement dit, que l'invention passera presque intégralement sous le contrôle de secteurs économiques clos, multinationales ou organismes d'Etat.

Notre premier ouvrage offrait au lecteur un sujet de réflexion particulier: l'ancienneté de certaines inventions tenues pour «modernes», comme le cardan ou la machine à vapeur. Le présent ouvrage devrait en offrir un autre: celui de Ia technicité croissante des inventions, qui leur prête un caractère quasi invisible.

Ainsi, à l'exception du remplacement des moteurs à hélice par des turboréacteurs, il n'y a apparemment pas de différence essentielle entre un Potez des lignes aériennes de 1939 et un Boeing 747 ou un Airbus des mêmes lignes en 1980. Pourtant, les deux derniers appareils diffèrent considérablement du premier: les automatismes s'y sont multipliés, dont un système d'équilibrage, automatique lui aussi, qui rend l'avion beaucoup plus stable. On ne peut pas dire que les automatismes aient été «inventés» au XXe siècle;

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