Le blé de Tunisie
Étude de cas : Le blé de Tunisie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar zarrouk • 22 Octobre 2016 • Étude de cas • 7 716 Mots (31 Pages) • 1 317 Vues
Introduction Générale
Parmi les céréales, cultivées en Tunisie, le blé est l’une des principales ressources agricoles, contribuant largement à la sécurité alimentaire du pays. Le blé dur (Triticum turgidum L. ssp. durum (Desf.) Husn.) est considéré comme une culture stratégique qui tient une place importante dans la production céréalière et dans l’économie tunisienne.
Dès la civilisation punique (carthaginoise), la Tunisie fut le grenier à blé de Rome. En effet, le blé dur constitue probablement avec l'olivier l’une des cultures les plus anciennes de la Tunisie. Déjà au temps des amazighs le plat traditionnel était le couscous. Par ailleurs, les agriculteurs tunisiens ont procédé depuis longtemps à une sélection de leurs variétés locales.
Avant la colonisation française, le blé dur était consommé sous forme de semoule par les tunisiens. Cette plante constituait, de ce fait, l’aliment de base de nos ancêtres. De nos jours, la céréaliculture est l’une des composantes fondamentales de la sécurité alimentaire du citoyen. En Tunisie, l’autosuffisance en céréales, surtout en blé dur, s’inscrit dans les premiers plans de son programme de sécurité alimentaire et consacre une grande partie de ses terres agricoles à ce type de culture (20% des terres agricoles). Néanmoins, cette production reste tributaire des conditions climatiques irrégulières. L’importance du blé dur en Tunisie peut être également jugée par l’étendue des emblavures destinées à cette culture comparativement aux autres céréales.
Malgré une invasion des produits du blé tendre, le blé dur continue à jouer un rôle alimentaire important : couscous, borghol, pâtes alimentaires et pain. Un tunisien consomme en moyenne plus de 120 kg/an de produits à base de blé dur.
Malgré sa privilégiée dans l’agriculture tunisienne, ce secteur est fortement importateur et sa production est encore faible. Ceci est dû principalement aux changements climatiques qui ont émané durant ces dernières années ont augmenté le niveau des contraintes biotiques et abiotiques sur les plantes.
La céréaliculture étant surtout pluviale, elle reste très sujette aux aléas climatiques. Ceci explique les fluctuations interannuelles des emblavures, des rendements et des productions. Toutefois, malgré ces fluctuations, le blé dur bénéficie d’une supériorité des quantités produites par rapport aux autres céréales. L’écart significatif des superficies entre le blé dur et les autres espèces est observable quelle que soit l’année. Le blé dur est cultivé avec une répartition inégale du Nord jusqu’au Sud du pays. Sur le plan économique, le blé dur constitue un produit stratégique qui parvient à assurer un certain équilibre à la balance commerciale. En général, la production varie entre 5 millions de quintaux et 29 millions de quintaux toutes céréales confondues. Durant la campagne 2009-2010, la production céréalière a atteint 10,79 millions de quintaux avec 6,7 millions de quintaux pour le blé dur, soit 62% de la production céréalière totale. Cependant, les besoins de la consommation nationale s'élèvent à 25 millions de quintaux de céréales y compris l'alimentation du bétail. Il importe de souligner que dans le contexte des changements climatiques, le potentiel de rendement ainsi que la qualité des semences produites peuvent être sérieusement affectés.
Ce stage a été effectué au sein du Centre Régional des Recherche en Grandes Cultures à Beja (CRRGCB) qui a été crée par décret n° 2010-1416 du 7 juin 2010. Le domaine d'intervention territoriale du centre comprend les gouvernorats de Béja, Bizerte et Jendouba. Le centre est chargé d'effectuer tous les travaux de recherche et des expérimentations en grandes cultures à l’échelle nationale.
Le présent travail vise essentiellement l’évaluation des potentialités génétiques de rendement chez sept variétés améliorées de blé dur (Triticum turgidum ssp. Durum L.). L’essai a été conduit à l’unité d’expérimentation agricole « Oued Beja » du Centre Régional des Recherche en Grandes Cultures à Beja durant la campagne agricole 2013-2014.
Première partie : Présentation générale du blé dur
- Origine et évolution :
L’histoire de l’homme et celle des plantes cultivées constituent un ensemble d'interactions continues dans le temps et l’espace (Bonjean et Picard, 1990). Au Néolithique, le passage des premiers groupements humains de l’état de chasseurs-cueilleurs d'une civilisation de nomades à celle d'agriculteurs sédentarisés est le résultat de la domestication progressive de graminées cultivées dont la plus ancienne semble être le blé dur (Feillet, 2000).
Le blé est l'une des premières espèces cueillies et cultivées par l'homme au Moyen-Orient, il y a environ 10.000 à 15.000 ans avant J.C (Hervé, 1979). Des restes de blés, diploïdes et tétraploïdes, ont été découverts sur des sites archéologiques au Moyen-Orient d’après Harlan (1975) et on croit que le blé dur provient des territoires de la Turquie, de la Syrie, de l'Iraq et de l'Iran selon Feldman (2001).
Les études sur l'évolution du blé sont les plus poussées parmi celles réalisées sur les espèces végétales cultivées. Toutes les espèces de blé spontanées et cultivées appartiennent au genre Triticum dont les quelques 27 espèces sont distribuées sur un vaste territoire du globe.
Les analyses cytogénétiques, réalisées au début du 20ème siècle, ont démontré que les espèces de Triticum formaient une série polyploïde avec une base chromosomique de sept. La plus grande partie des espèces spontanées sont diploïdes (2n=2x=14), mais plusieurs espèces sont aussi tétraploïdes (2n=4x=28).
Les blés sauvages tétraploïdes sont largement répandus au Moyen-Orient, où les humains ont commencé à les récolter dans la nature (Bozzini, 1988). Comparativement aux blés diploïdes, leurs grands épis et leurs gros grains les rendaient beaucoup plus intéressants pour la domestication. Par la suite, l'utilisation des formes domestiquées et leur culture s'est propagée à diverses autres régions, avec une dominance accrue de l'espèce tétraploïde cultivée Triticum turgidum ssp. dicoccum dans les vallées et régions de l'ouest de la mer Méditerranée.
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