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La religieuse - Diderot

Fiche : La religieuse - Diderot. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  21 Novembre 2022  •  Fiche  •  2 273 Mots (10 Pages)  •  479 Vues

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VERT Yonnie

1G12

30/03/2020

Commentaire de Français : Individu, morale, société

LA RELIGIEUSE, DIDEROT,1796

        Denis Diderot est un philosophe et écrivain révolutionnaire du XVIIIème siècle, plus précisément du siècle des Lumières. Il a écrit avec d’Alembert, l’ouvrage le plus marquant de son siècle, qui compilait toutes les connaissances existantes de l’époque, l’Encyclopédie.

En 1796, il écrit la Religieuse, certainement un roman à son image, à savoir révolutionnaire. On présume qu’ici, il fait la critique de l’Eglise. On assiste dans ce passage, à la cérémonie où le personnage principal, Suzanne, née d’un adultère commis par sa mère, doit présenter ses voeux, à savoir faire la promesse de consacrer sa vie à Dieu avant d’aller au couvent. Ses parents décident de l’éloigner de force afin de camoufler la faute commise plus jeune par sa génitrice et de l’éloigner du futur mari de sa soeur qui est attiré par celle-ci.

Nous pouvons alors nous demander comment ce texte dénonce l’immoralité qui demeure dans le couvent, établissement religieux où Suzanne doit se rendre, souvent infligé comme punition dans la société de l’époque.

Dans un premier temps nous verrons l’obligation que Suzanne a depuis sa naissance, à obéir à une volonté qui n’est pas la sienne et contre laquelle elle a dû mal à lutter, de par sa puissance. Dans un deuxième temps, nous observerons l’hypocrisie des différents acteurs religieux. Pour enfin montrer le réel désaccord que la jeune fille éprouve et qu’elle exprime tout aussi bien secrètement qu’au grand jour finalement.

        Pour commencer, nous allons évoquer l’obligation que Suzanne a à suivre les désirs de ses parents, ici à intégrer le couvent et se plonger dans la religion contre son gré. Tout d’abord, on comprend par ce texte écrit sous la forme mémoire, au passé, par une narratrice autobiographique, à savoir Suzanne, que c’est une histoire familiale qui remonte à longtemps, plus précisément à sa naissance et qu’elle reste assez privée de par ce secret qu’est cet enfant illégitime. Ce récit attise la compassion et la pitié de par cette atmosphère tendue, on parle donc d’un registre pathétique. La cérémonie se déroule dans un lieu clos : une église, et à l’occasion d’un jour de fête, mais les personnes hormis celles des parents et de la religion sont obligées de « s’inviter » : « il y avait de jeunes personnes montées sur des chaises, et attachées aux barreaux de la grille ». La 1ère phrase qui introduit le récit est brève, elle exprime la froideur ressentie. Cela nous explique que la cérémonie avait été « disposé[e] dès la veille » ; en vérité au-delà de cette cérémonie, la vie de Suzanne, elle, avait été planifiée depuis un certain temps, et tout était prévu à l’initiative de ses parents.

        L’évènement avait un caractère assez plaisant, d’apparence du moins. En effet, sonner les cloches caractérisait dans la religion chrétienne, une étape importante, la majeure partie du temps même festive, offrir sa vie à Dieu en faisant partie. Mais dans ce contexte précis, ce n’était pas avec joie ni bienveillance que la cérémonie se déroulait. Elle raconta que pour l’occasion, « on vint [la] parer » et que ce jour était « un jour de toilette », malgré que pour elle, cela ne suscite pas une prétention particulière ni quelconque effort de sa part parce que ce n’était pas une véritable célébration. Elle désigne le prêtre comme « celui qui présidait à [sa] profession », on pourrait penser qu’elle a déjà admis le fait de devenir religieuse, à cause de l’importante diction de son avenir par ses parents. Elle possède un « penchant [qui ne l’]entraînerait point ailleurs », on comprend par cette antiphrase qu’elle ne peut pas lutter, que c’est son destin.

        La protagoniste est souvent appareillée à un sacrifice. Elle se présume plus d’une fois comme une victime, « une jeune innocente ». Quand arriva le moment d’entrer dans les lieux, elle fut tétanisée et « ne [se] trouv[a] plus de jambes », pour autant ses « deux compagnes [la] prirent sous les bras » et elle eut « la tête renversée sur une d’elles » tout en se « traîn[ant] ». En effet, on pourrait ici la comparer à un animal que l’on porte pour aller le sacrifier devant Dieu. Elle est obligée, au point d’être portée. Puis, plus loin dans la cérémonie, « celles qui [l’]accompagnaient répondirent pour [elle] oui », elle est utilisée comme une marionnette. Finalement, lorsqu’elle tenta de se sauver de par ses aveux, elle comprit que quoi qu’elle fasse, elle se trouvait dans une impasse, elle vivait définitivement sous la volonté, la manipulation et l’emprise de ses parents, jusqu’à « [être conduite] dans une cellule] » et « [enfermer] sous la clef », cela témoigne dans une allégorie de son manque de liberté, elle est comme dans une prison parce qu’elle a donné son avis.

Ainsi, Suzanne est condamnée à vivre sous l’autorité de ses géniteurs, elle n’a pas d’autres choix et ne peut se révolter mais les divers acteurs face à elle ne la soutiennent pas non plus, en effet ceux-ci sont particulièrement hypocrites.

Par ailleurs, une hypocrisie particulière règne dans la bourgeoisie, et notamment dans la religion. D’une part, l’Eglise est relativement omniprésente, le champ lexical le démontre : « cloches, cérémonies, solennel, sainte-messe, vicaire, religieuse, sœur, vœu, chasteté, Dieu, prêtre ». Lors de la cérémonie, le vicaire évoque « [son] bonheur… tous les beaux sentiments », tandis qu’il sait pertinemment que ce ne sont que des mots et pas à la réalité, il ne fait en effet que les « supposer », puisque cet enfant n’a jamais été désirée et a toujours été en retrait contrairement à ses sœurs, le vilain petit canard, il est conscient que son discours n’est que le résultat d’un pur mensonge mais pour le serment de la religion, il fait mine de l’ignorer et le nie. On peut également voir la complicité du prêtre lorsqu’il fait répéter à la jeune fille sa désapprobation, comme s’il ne pouvait pas accepter une telle réponse. Il y a également les sœurs, qui sont initialement le symbole de la réflexion, de l’amour, de l’intelligence, et qui en vérité, sont cruelles et ne font preuve d’aucune solidarité ni compassion envers Suzanne. Il y a ici une allégorie : elles ferment les yeux sur la situation en « laiss[ant] tomber le voile de la grille ». Elles sont pleines de reproches et sont liées à une multitude de pratiques contraire à la conformité de la religion. On peut alors conclure sur l’apparence de l’Eglise qui est, vraisemblablement trompeuse.

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