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Conclusions archéologiques sur la nature des transactions humaines dans les sociétés qui nous entourent ou directement devant nous

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Par   •  15 Mars 2014  •  Dissertation  •  6 510 Mots (27 Pages)  •  964 Vues

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INTRODUCTION

DU DON, ET EN PARTICULIER

DE L'OBLIGATION

A RENDRE LES PRÉSENTS

Épigraphe

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Voici quelques strophes de l'Havamál, l'un des vieux poèmes de l'Edda scandinave . Elles peuvent servir d'épigraphe à ce travail, tant elles mettent directement le lecteur dans l'atmosphère d'idées et de faits où va se mouvoir notre démonstration .

39 Je n'ai jamais trouvé d'homme si généreux

et si large à nourrir ses hôtes

que « recevoir ne fût pas reçu »,

ni d'homme si... (l'adjectif manque)

de son bien

que recevoir en retour lui fût désagréable .

41 Avec des armes et des vêtements

les amis doivent se faire plaisir;

chacun le sait de par lui-même (par ses propres expériences)

Ceux qui se rendent mutuellement les cadeaux

sont le plus longtemps amis,

si les choses réussissent à prendre bonne tournure.

112 On doit être un ami

pour son ami

et rendre cadeau pour cadeau

on doit avoir

rire pour rire

et dol pour mensonge.

44 Tu le sais, si tu as un ami

en qui tu as confiance

et si tu veux obtenir un bon résultat,

il faut mêler ton âme à la sienne

et échanger les cadeaux

et lui rendre souvent visite.

lit, Mais si tu en as un autre

de qui tu te défies

et si tu veux arriver à un bon résultat,

il faut lui dire de belles paroles

mais avoir des pensées fausses

et rendre dol pour mensonge.

46 Il en est ainsi de celui

en qui tu n'as pas confiance

et dont tu suspectes les sentiments,

il faut lui sourire

mais parler contre cœur

les cadeaux rendus doivent être semblables aux cadeaux reçus.

48 Les hommes généreux et valeureux

ont la meilleure vie ;

ils n'ont point de crainte.

Mais un poltron a peur de tout;

l'avare a toujours peur des cadeaux.

M. Cahen nous signale aussi la strophe 145:

145 Il vaut mieux ne pas prier (demander)

que de sacrifier trop (aux dieux):

Un cadeau donné attend toujours un cadeau en retour.

Il vaut mieux ne pas apporter d'offrande

que d'en dépenser trop.

Programme

On voit le sujet. Dans la civilisation scandinave et dans bon nombre d'autres, les échan¬ges et les contrats se font sous la forme de cadeaux, en théorie volontaires, en réalité obliga¬toi¬rement faits et rendus.

Ce travail est un fragment d'études plus vastes. Depuis des années, notre attention se porte à la fois sur le régime du droit contractuel et sur le système des prestations écono¬miques entre les diverses sections ou sous-groupes dont se composent les sociétés dites primitives et aussi celles que nous pourrions dire archaïques. Il y a là tout un énorme ensemble de faits. Et ils sont eux-mêmes très complexes. Tout s'y mêle, tout ce qui constitue la vie proprement sociale des sociétés qui ont précédé les nôtres - jusqu'à celles de la proto¬histoire. - Dans ces phénomènes sociaux « totaux », comme nous proposons de les appeler, s'expri¬ment à la fois et d'un coup toutes sortes d'institutions : religieuses, juridiques et morales - et celles-ci politiques et familiales en même temps ; économiques - et celles-ci supposent des formes particulières de la production et de la consommation, ou plutôt de la prestation et de la distribution ; sans compter les phénomènes esthétiques auxquels aboutis¬sent ces faits et les phénomènes morphologiques que manifestent ces institutions.

De tous ces thèmes très complexes et de cette multiplicité de choses sociales en mouve¬ment, nous voulons ici ne considérer qu'un des traits, profond mais isolé : le caractère volontaire, pour ainsi dire, apparemment libre et gratuit, et cependant contraint et intéressé de ces prestations. Elles ont revêtu presque toujours la forme du présent, du cadeau offert généreu¬sement même quand, dans ce geste qui accompagne la transaction, il n'y a que fiction, formalisme et mensonge social, et quand il y a, au fond, obligation et intérêt écono¬mique. Même, quoique nous indiquerons avec précision tous les divers principes qui ont donné cet aspect à une forme nécessaire de l'échange - c'est-à-dire, de la division du travail social elle-même - de tous ces principes, nous n'en étudions à fond qu'un. Quelle est la règle de droit et d'intérêt qui, dans les sociétés de type arriéré ou archaïque, fait que le présent reçu est obligatoire¬ment rendu ? Quelle force y a-t-il dans la chose qu'on donne qui fait que le donataire la rend ? Voilà le problème auquel nous nous attachons plus spécialement tout en indiquant les autres. Nous espérons donner, par un assez grand nombre de faits, une réponse à cette ques¬tion

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