Kant métaphysique

A ces attitudes Kant oppose la sienne qu’il juge être une voie encore inexplorée et qui est pourtant la seule réponse possible à cette situation. Cette voie s’est imposée à lui dans ce siècle mature où l’on n’est plus dupe des prétentions infondées des dogmatiques et où la raison nous demande de remettre à plat toute l’entreprise métaphysique. Kant propose ainsi de faire précéder toute réflexion métaphysique d’une critique de la raison pure, c'est-à-dire d’une critique non pas des différents ouvrages et systèmes métaphysiques mais d’une critique de la faculté même de connaitre dans son usage pur, c'est-à-dire quand celle-ci s’applique en dehors du cadre de l’expérience. Cette critique doit établir la portée à l’intérieur de laquelle les principes de la raison peuvent être appliqués de manière légitime. La philosophie a donc d’abord une destination négative : celle de dissiper toute prétention illégitime du type même de métaphysique que pratiquait les dogmatiques. Mais cette critique de la raison pure n’est que le préalable nécessaire à un système de la raison pure (Métaphysique de la nature) qui doit recenser tous les principes sur lesquels peut s’appuyer la raison pour construire toute connaissance pure (c'est-à-dire hors de tout rapport à l’expérience). Cette recension est possible (l’existence de la logique en est une preuve) est peut être parfaitement achevée en tant que la métaphysique ainsi conçue est une analyse interne de la raison pure et a donc une étendue finie et déterminée, ainsi qu'une unité parfaitement organique. Kant promet de publier bientôt une telle métaphysique qui sera plus courte que la Critique qui aura préparé le terrain.

Kant soumet sa Critique de la raison pure au jugement du lecteur mais l’avertit de ne pas s’arrêter à certaines difficultés qui ne remettent pas en question la justesse même de son analyse. La difficulté de sa Critique de la raison pure se trouve selon lui dans sa "déduction des concepts purs de l’entendement". Celle-ci est subdivisée en une partie objective (analyse de la valeur objective de tous les concepts que la raison peut connaitre a priori) et une partie subjective (recherche d’une explication « causale » au fait que la connaissance est possible) Il prévient que la partie objective est la plus importante et que ce qu’il a trouvé à son sujet est indépendant des considérations qu’il fait dans la partie subjective. Enfin, Kant termine en donnant les critères qu’il s’est imposé lors de l’écriture de la Critique de la Raison Pure pour atteindre clarté et certitude. Pour lui la certitude qu’il a recherché dans cette critique est entièrement anhypothétique. Puisqu’on se situe dans un domaine interne à la raison elle-même, il est normal qu’on n’y trouve que des vérités les plus certaines sur lesquelles repose toute autre connaissance. L’unité même de la raison est garante de l’unité organique qui subsiste entre les différentes vérités pures qui constituent l’entreprise critique. Quant à la clarté, Kant prétend avoir atteint une grande clarté logique (articulation des concepts). Quant à la clarté intuitive, qui aurait demandé de multiplier les exemples concrets, Kant n’a pas voulu s’en préoccuper pour ne pas avoir à trop grossir l’étendue de la Critique, ce qui risquerait

...