Synthèse Sur La Sociologie De La Famille

Maurice Godelier, grand anthropologue français et spécialiste des sociétés d’Océanie. Outre son intérêt pour l’Océanie, ses domaines de recherche sont l’anthropologie économique, les relations politiques et religieuses, la sexualité, les rapports de parenté et la famille. Ces dernières recherches ont porté sur l'inceste et les systèmes de parenté et l'ont conduit à remettre en question de nombreuses certitudes anthropologiques et sociales. Maurice Godelier va alors entre autre contester vigoureusement le fait que la famille est au fondement de la société, pour lui, ce sont des liens politico-religieux qui font l’unité totale des sociétés. Le texte que nous allons ici étudier est « Qu’est-ce qui fait famille ? », tiré d’une conférence à la maison de la Mutualité, à Paris, le 18 Juin 2005. Nous allons alors nous demander « Qu’est ce qui fait famille ? », autrement dit, qu’appelle t’on « famille » dans les sociétés européennes de l’Europe de l’Ouest ainsi que dans l’Euro-Amérique aujourd’hui ? Et donc quelles métamorphoses de la parenté ont eu lieu dans le monde contemporain ? Qu’est ce qui a provoqué ces transformations ?

On assiste au courant du XIXème nous dit Maurice Godelier, a une multitude de mutations dans les sociétés européennes, permettant par la même occasion de faire évoluer notre façon de voir et de définir la famille.

Tout d’abord, on constate la multiplication des unions libres, on ne ressent plus forcément le besoin de se marier. Aujourd’hui, lorsqu’un enfant nait hors mariage il possède les mêmes protections sociales et étatiques que les autres, on ne parle plus non plus « d’enfant bâtard », tous les enfants sont égaux. L’enfant qui autrefois n’était là que pour ajouter sa force de travail à celle du père, ou alors tout simplement pour assurer la transmission du patrimoine, devient pour nos sociétés à partir du XIXème au centre du désir et des préoccupations de la population en âge de procréer, on se trouve dans un contexte social et culturel où l’enfant est valorisé. Un couple n’est alors plus considéré comme une famille, c’est-à-dire, on peut parler de famille seulement si le couple a un enfant. Par le même temps, le mariage arrive de plus en plus tardivement car les croyances ont évolué et que la société européenne se détache de plus en plus des idéologies religieuses telle que : « pas de sexe avant le mariage et pas de sexe hors du mariage ».

Une autre évolution majeure est le divorce par consentement mutuel depuis 1975. Ce qui a engendré l’augmentation des remariages et surtout la création de familles « recomposées ». On ne parle alors plus « d’autorité paternelle » mais « d’autorité parentale » car la mère et le père possèdent tous deux l’autorité sur l’enfant, donc plus seulement le père, et même après le divorce l’autorité est encore partagée, le rôle de la mère devient plus important. La femme est remise en valeur, que ça soit dans son rôle de mère, mais aussi en tant que femme car avec l’autorisation de l’avortement elle reprend le contrôle de son corps. Ces évolutions amènent à une extension de la « parenté sociale », avec la multiplication des familles recomposées, la parenté non-biologique s’étend. C’est-à-dire que l’on attend d’un homme qui épouse en deuxième noces une femme qui a déjà des enfants, qu’il se comporte comme un « père » vis-à-vis de « ses » enfants, et réciproquement pour la femme remariée. Bref, en Occident une tension de plus en plus grande se développe entre parenté biologique, affirmée et confirmée par des tests ADN, et une parenté sociale affirmée et confirmée par des attitudes et des règles de conduite et de responsabilité. Aujourd’hui, les deux axes qui composent les rapports de parenté sont l’axe de la filiation et l’axe de l’alliance. En revanche, l’axe de l’alliance

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